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Helika Comme l'enlèvement était plus facile par le fleuve, un canot serait mis dans le voisinage dans lequel on embarquerait l'enfant pendant qu'une bande ferait en sorte d'attirer les poursuivants vers les bois.

Publié le 11/04/2014

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Helika Comme l'enlèvement était plus facile par le fleuve, un canot serait mis dans le voisinage dans lequel on embarquerait l'enfant pendant qu'une bande ferait en sorte d'attirer les poursuivants vers les bois. Leur intention était de se diriger vers les îles de Kamouraska où ils se tiendraient cachés pendant une quinzaine de jours pour détourner les soupçons, puis ils se rejoindraient à l'Islet aux Massacres. Ils devaient de plus incendier la demeure d'Hélika, saisir la vieille et le chef à qui, d'après les conventions, ils ne feraient aucun mal, les lier fortement tous les deux de manière à les mettre hors d'état de donner l'alarme. Au récit de ce diabolique projet je voyais les yeux de l'indienne briller comme des tisons ardents à l'idée des outrages que sa petite fille pourrait endurer parmi de tels brigands. Pour moi des transports de rage indicible me saisirent, d'un rude coup de poing je fis voler la table en éclata. Ah! oui je sentais bien alors le sang de ma jeunesse se réveiller. Je voulais prendre mon fusil, courir au devant d'eux et les tuer comme de misérables chiens enragés. La vieille mère aussi s'offrait de s'armer d'une carabine et de venir avec moi à leur rencontre. Tous les deux nous étions exaspérés, mais Baptiste plus calme réussit à nous tranquilliser. Je lui demandai l'explication du cri du merle siffleur que nous avions entendu pendant sa sortie de là soirée. Vous en saurez quelque chose demain matin, dit-il, l'invention n'est pas de moi, elle est du gascon et du normand. Soyez sans aucune inquiétude, nous veillons sur vous tous. L'étoile du matin allait, paraître quand Baptiste, après nous avoir serré la main, se glissa sans bruit dans l'ombre comme s'il en eut été le génie. Quelque temps après son départ et avant que le bedeau vint sonner l'angélus, vous eussiez pu voir un homme agenouillé sur les degrés du perron de l'église attendant en grande hâte qu'elle fut ouverte pour y entrer. Cet homme était tout défait. Sa figure était pâle et cadavéreuse. Il regardait de tous côtés d'un oeil inquiet et inquisiteur. Lorsque le curé entra dans la sacristie pour dire la messe, il le supplia de vouloir bien le confesser. C'est qu'en se rendant chez lui le soir, le louche, car c'était lui, avait vu et entendu des choses bien terribles. Dans le sentier qu'il devait parcourir pour gagner son habitation, il passait à travers de grands arbres sombres et poussés entre deux rochers. Tout à coup, une boule de feu vint tomber à ses pieds. Il s'arrêta stupéfait, ses cheveux se dressèrent d'épouvante. A deux pas en face de lui un être étrange, diabolique, ayant des yeux rouges, une bouche ouverte qui laissait apercevoir des dents de la longueur du doigt, était immobile au milieu du chemin. Il avait, en guise de mains des pattes ressemblant à celles d'un ours avec des griffes beaucoup plus longues qui s'étendaient vers lui. Il put voir cette apparition à la lueur que jetait le globe de feu. La tête du monstre était, surmontée de deux cornes énormes. Il entendit en même temps un bruit de chaînes. Il se tourna dans l'intention de rebrousser chemin, mais une seconde boule, de feu tombait en arrière de lui. Un autre diable plus terrible encore, s'il était possible, que le premier, dont la bouche lançait des flammes, lui barrait le passage. Dans sa main, il tenait une fourche énorme tandis qu'au-dessus de sa tête, un troisième globe de feu roulait dans les airs eu sifflant et laissait tomber sur lui une pluie d'étincelles. Le louche, dit le premier diable, dont la voix caverneuse ressemblait à s'y méprendre à celle des enfants des bords de la Garonne, "Cadédious, mon bon, nous venons te chercher au nom de Satan. Tu as fait assez, de mal comme cela, tu nous appartiens corps et âme". L'autre voix en arrière reprenait: "Nous allons t'amener rejoindre Paulo en enfer, depuis une heure nous l'y avons conduit." On entendait une autre voix avec un rire sec qui disait: "Nous allons en faire un fricot avec vous tous." Puis les deux autres diables s'approchaient de lui pendant que la boule de feu venait lui roussir les cheveux. Il allait s'affaisser lorsqu'il eu ressentit la LA CAVERNE DES FÉES 67 Helika chaleur. Se signant à la hâte, il s'élança d'un bond prodigieux en avant d'un des diables qui effrayé sans doute par le signe de croix lui avait, livré passage. Il prit sa course, mais une course plus rapide que celle du meilleur lévrier, malheureusement les diables eux aussi courent fort vite et les boules de feu l'eurent bientôt rejoint, tantôt le précédant et le suivant. Pour les éviter, il faisait des sauts de bélier, poursuivi toujours par le même bruit de chaînes et les mêmes ricanements. Hors d'haleine, sentant ses jambes fléchir sous lui, il arriva enfin à sa cabane; mais à sa grande stupeur, elle était toute réduite en cendres. Il s'arrêta terrifié. Une détonation venant d'en haut lui fit lever les yeux. Il aperçut des globes de feu énormes et de toutes les couleurs qui menaçaient de lui tomber sur la tête. A cette vue, il reprit sa course désespérée poursuivi et toujours par les mêmes fanfares infernales. Enfin à force de se signer et de recommander son âme à Dieu, il put faire disparaître tous les diables. Il gagna le village toujours en courant et alla se réfugier, comme on l'a vu, sur le perron de l'église. Telle fut l'histoire qu'il raconta au bedeau et dont je donne ici le résumé. Celui qui eut visité la caverne des fées le jours précédent aurait été étonné de voir le genre d'occupation auquel trois hommes se livraient. Deux cousaient ensemble des morceaux d'écorce de bouleau percés de trous à l'endroit des yeux, de la bouche et ornés d'un nez énorme. De temps en temps, ils s'ajustaient ces masques sur la figure en riant de bon coeur à l'apparence qu'ils leur donnaient. Bidoune, d'un autre côté, (car le lecteur a sans doute reconnu que la mascarade qui avait causé une si grande terreur au louche, était une pure invention du gascon et de son ami pour débarrasser la paroisse de cet homme traître et méchant) adaptait au bout d'une perche un paquet d'étoupe. Des boules enduites de térébenthine étaient à côté de lui. Tout en travaillant, on se distribuait les rôles. Bidoune devait grimper dans le haut d'un arbre pour lancer à point nommé la seconde boule préalablement enflammée. La première était réservée au gascon qui la pousserait à coups de pieds en avant du louche pendant que Bidonne l'empêchait de retourner en arrière avec la sienne en poussant des rires homériques que le pauvre malheureux prenait pour des ricanements infernaux. Il est inutile de dire que l'étoupe que Bidoune faisait jouer au bout de sa perche et qui laissait tomber des étincelles constituait le globe de feu venant des airs. Une simple figure avait produit la détonation. La cabane avait été incendiée parce que Baptiste dans la recherche de sa poule y avait découvert les armes et les provisions nécessaires à l'enlèvement. Le canot, soigneusement caché dans les branches, les avirons, la hotte et des cordes y avaient été transportés et le tout avait brûlé ensemble. Leur plan avait réussi, jamais la louche ne reparut dans ces endroits. Les trois ombres de la Caverne des fées qui avaient causé tant d'effroi aux braves habitants de Ste. Anne, sont maintenant expliquées. L'HÔPITAL GÉNÉRAL La guerre entre Paulo et mon Adala allait donc se continuer avec plus d'acharnement que jamais. J'avais espéré vainement que la leçon qu'il avait reçue, lors de sa première tentative d'enlèvement, lui aurait profité; mais puisqu'il redoublait de rage, c'était à moi de pourvoir au salut de mon enfant et de la mettre hors des L'HÔPITAL GÉNÉRAL 68

« chaleur.

Se signant à la hâte, il s'élança d'un bond prodigieux en avant d'un des diables qui effrayé sans doute par le signe de croix lui avait, livré passage. Il prit sa course, mais une course plus rapide que celle du meilleur lévrier, malheureusement les diables eux aussi courent fort vite et les boules de feu l'eurent bientôt rejoint, tantôt le précédant et le suivant.

Pour les éviter, il faisait des sauts de bélier, poursuivi toujours par le même bruit de chaînes et les mêmes ricanements. Hors d'haleine, sentant ses jambes fléchir sous lui, il arriva enfin à sa cabane; mais à sa grande stupeur, elle était toute réduite en cendres.

Il s'arrêta terrifié.

Une détonation venant d'en haut lui fit lever les yeux.

Il aperçut des globes de feu énormes et de toutes les couleurs qui menaçaient de lui tomber sur la tête.

A cette vue, il reprit sa course désespérée poursuivi et toujours par les mêmes fanfares infernales. Enfin à force de se signer et de recommander son âme à Dieu, il put faire disparaître tous les diables.

Il gagna le village toujours en courant et alla se réfugier, comme on l'a vu, sur le perron de l'église. Telle fut l'histoire qu'il raconta au bedeau et dont je donne ici le résumé. Celui qui eut visité la caverne des fées le jours précédent aurait été étonné de voir le genre d'occupation auquel trois hommes se livraient. Deux cousaient ensemble des morceaux d'écorce de bouleau percés de trous à l'endroit des yeux, de la bouche et ornés d'un nez énorme.

De temps en temps, ils s'ajustaient ces masques sur la figure en riant de bon coeur à l'apparence qu'ils leur donnaient. Bidoune, d'un autre côté, (car le lecteur a sans doute reconnu que la mascarade qui avait causé une si grande terreur au louche, était une pure invention du gascon et de son ami pour débarrasser la paroisse de cet homme traître et méchant) adaptait au bout d'une perche un paquet d'étoupe.

Des boules enduites de térébenthine étaient à côté de lui. Tout en travaillant, on se distribuait les rôles.

Bidoune devait grimper dans le haut d'un arbre pour lancer à point nommé la seconde boule préalablement enflammée.

La première était réservée au gascon qui la pousserait à coups de pieds en avant du louche pendant que Bidonne l'empêchait de retourner en arrière avec la sienne en poussant des rires homériques que le pauvre malheureux prenait pour des ricanements infernaux. Il est inutile de dire que l'étoupe que Bidoune faisait jouer au bout de sa perche et qui laissait tomber des étincelles constituait le globe de feu venant des airs.

Une simple figure avait produit la détonation. La cabane avait été incendiée parce que Baptiste dans la recherche de sa poule y avait découvert les armes et les provisions nécessaires à l'enlèvement.

Le canot, soigneusement caché dans les branches, les avirons, la hotte et des cordes y avaient été transportés et le tout avait brûlé ensemble. Leur plan avait réussi, jamais la louche ne reparut dans ces endroits. Les trois ombres de la Caverne des fées qui avaient causé tant d'effroi aux braves habitants de Ste.

Anne, sont maintenant expliquées. L'HÔPITAL GÉNÉRAL La guerre entre Paulo et mon Adala allait donc se continuer avec plus d'acharnement que jamais.

J'avais espéré vainement que la leçon qu'il avait reçue, lors de sa première tentative d'enlèvement, lui aurait profité; mais puisqu'il redoublait de rage, c'était à moi de pourvoir au salut de mon enfant et de la mettre hors des Helika L'HÔPITAL GÉNÉRAL 68. »

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