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Han d'Islande --Cela est vrai, repartit le guichetier.

Publié le 12/04/2014

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Han d'Islande --Cela est vrai, repartit le guichetier. --Et d'où vient le vent? --De l'est, je crois. --C'est bon, reprit le brigand. --Où veux-tu donc en venir, camarade? demanda le guichetier. --À rien, répondit le brigand. --Adieu, camarade, à demain de bonne heure. --Oui, à demain, répéta le brigand. Et le bruit de la lourde porte, qui se refermait, empêcha le bourreau et son compagnon d'entendre le ricanement sauvage et goguenard, qui accompagnait ces paroles. L Espérais-tu finir par un autre trépas? ALEX. SOUMET. Jetons maintenant un regard dans l'autre cachot de la prison militaire adossée à la caserne des arquebusiers, qui renferme notre ancienne connaissance Turiaf Musdoemon. On s'est peut-être étonné d'entendre ce Musdoemon, si profondément rusé, si profondément lâche, livrer avec tant de bonne foi le secret de son crime au tribunal qui l'a condamné, et cacher avec tant de générosité la part qu'y a prise son ingrat patron, le chancelier d'Ahlefeld. Qu'on se rassure cependant; Musdoemon n'était point converti. Cette généreuse bonne foi était peut-être la plus grande preuve d'adresse qu'il eût jamais donnée. Quand il avait vu toute son infernale intrigue si inopinément dévoilée et si invinciblement démontrée, il avait été un instant étourdi et épouvanté. Cette première impression passée, l'extrême justesse de son esprit lui fit sentir que, dans l'impuissance de perdre désormais ses victimes désignées, il ne devait plus songer qu'à se sauver. Deux partis à prendre se présentèrent à lui: se décharger de tout sur le comte d'Ahlefeld, qui l'abandonnait si lâchement, ou prendre sur lui tout le crime qu'il avait partagé avec le comte. Un esprit vulgaire se fût jeté sur le premier, Musdoemon choisit le second. Le chancelier était chancelier, d'ailleurs rien ne le compromettait directement dans ces papiers qui accablaient son secrétaire intime; puis il avait échangé quelques regards d'intelligence avec Musdoemon; il n'en fallut pas davantage pour déterminer celui-ci à se laisser condamner, certain que le comte d'Ahlefeld faciliterait son évasion, moins encore par reconnaissance pour le service passé que par besoin de ses services futurs. Il se promenait donc dans sa prison, qu'éclairait à peine une lampe sépulcrale, ne doutant pas que la porte ne lui en fût ouverte dans la nuit. Il examinait la forme de ce vieux cachot de pierre, bâti par d'anciens rois dont l'histoire sait, à peine les noms, s'étonnant seulement qu'il eût un plancher de bois, sur lequel ses pas retentissaient profondément comme s'il eût couvert quelque cavité souterraine. Il remarquait un gros anneau de fer scellé dans la clef de la voûte en ogive, et auquel pendait un lambeau de vieille corde rompue. Et le temps s'écoulait, et il écoutait avec impatience l'horloge du donjon sonner lentement les heures, en traînant ses tintements lugubres dans le silence de la nuit. Enfin, un mouvement de pas se fit entendre en dehors du L 242 Han d'Islande cachot; son coeur battit d'espérance. L'énorme serrure cria, les cadenas s'agitèrent, les chaînes tombèrent; et, quand la porte s'ouvrit, son front rayonna de joie. C'était le personnage en habits d'écarlate que nous venons de voir dans le cachot de Han. Il portait sous son bras un rouleau de corde de chanvre, et était accompagné de quatre hallebardiers vêtus de noir et armés d'épées et de pertuisanes. Musdoemon était encore en robe et en perruque de magistrat. Ce costume parut faire effet sur l'homme rouge. Il le salua comme accoutumé à le respecter. --Seigneur, demanda-t-il au prisonnier avec quelque hésitation, est-ce à votre courtoisie que nous avons affaire? --Oui, oui, répondit en hâte Musdoemon confirmé dans son espoir d'évasion par ce début poli, et ne remarquant point la couleur sanglante des vêtements de celui qui lui parlait. --Vous vous nommez, dit l'homme, les yeux fixés sur un parchemin qu'il avait déployé, Turiaf Musdoemon. --Précisément. Vous venez, mes amis, de la part du grand-chancelier? --Oui, votre courtoisie. --N'oubliez pas, quand vous aurez terminé votre mission, d'exprimer à sa grâce toute ma reconnaissance. L'homme aux habits rouges leva sur lui un regard étonné. --Votre.... reconnaissance!.... --Oui, sans doute, mes amis; car il me sera probablement impossible de la lui témoigner moi-même tout de suite. --Probablement, répondit l'homme avec une expression ironique. --Et vous sentez, poursuivit Musdoemon, que je ne dois pas me montrer ingrat pour un pareil service. --Par la croix du bon larron, s'écria l'autre en riant lourdement, on dirait, à vous entendre, que le chancelier fait pour votre courtoisie tout autre chose. --Sans doute, il ne me rend encore en ce moment qu'une justice rigoureuse! --Rigoureuse, soit!--mais enfin vous convenez que c'est justice. C'est le premier aveu de ce genre que j'entends depuis vingt-six ans que j'exerce. Allons, seigneur, le temps se passe en paroles; êtes-vous prêt? --Je le suis, dit Musdoemon joyeux, faisant un pas vers la porte. --Attendez, attendez un moment, cria l'homme rouge, se baissant pour déposer à terre son rouleau de corde. Musdoemon s'arrêta. --Pourquoi donc toute cette corde? L 243

« cachot; son coeur battit d'espérance.

L'énorme serrure cria, les cadenas s'agitèrent, les chaînes tombèrent; et, quand la porte s'ouvrit, son front rayonna de joie. C'était le personnage en habits d'écarlate que nous venons de voir dans le cachot de Han.

Il portait sous son bras un rouleau de corde de chanvre, et était accompagné de quatre hallebardiers vêtus de noir et armés d'épées et de pertuisanes. Musdoemon était encore en robe et en perruque de magistrat.

Ce costume parut faire effet sur l'homme rouge. Il le salua comme accoutumé à le respecter. —Seigneur, demanda-t-il au prisonnier avec quelque hésitation, est-ce à votre courtoisie que nous avons affaire? —Oui, oui, répondit en hâte Musdoemon confirmé dans son espoir d'évasion par ce début poli, et ne remarquant point la couleur sanglante des vêtements de celui qui lui parlait. —Vous vous nommez, dit l'homme, les yeux fixés sur un parchemin qu'il avait déployé, Turiaf Musdoemon. —Précisément.

Vous venez, mes amis, de la part du grand-chancelier? —Oui, votre courtoisie. —N'oubliez pas, quand vous aurez terminé votre mission, d'exprimer à sa grâce toute ma reconnaissance. L'homme aux habits rouges leva sur lui un regard étonné. —Votre....

reconnaissance!.... —Oui, sans doute, mes amis; car il me sera probablement impossible de la lui témoigner moi-même tout de suite. —Probablement, répondit l'homme avec une expression ironique. —Et vous sentez, poursuivit Musdoemon, que je ne dois pas me montrer ingrat pour un pareil service. —Par la croix du bon larron, s'écria l'autre en riant lourdement, on dirait, à vous entendre, que le chancelier fait pour votre courtoisie tout autre chose. —Sans doute, il ne me rend encore en ce moment qu'une justice rigoureuse! —Rigoureuse, soit!—mais enfin vous convenez que c'est justice.

C'est le premier aveu de ce genre que j'entends depuis vingt-six ans que j'exerce.

Allons, seigneur, le temps se passe en paroles; êtes-vous prêt? —Je le suis, dit Musdoemon joyeux, faisant un pas vers la porte. —Attendez, attendez un moment, cria l'homme rouge, se baissant pour déposer à terre son rouleau de corde. Musdoemon s'arrêta. —Pourquoi donc toute cette corde? Han d'Islande L 243. »

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