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Georges Balandier, Anthropologiques

Publié le 27/03/2011

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Parties du programme abordées: - Le XXe siècle. — La jeunesse. Conseils pratiques : Le texte est difficile à résumer à cause du vocabulaire utilisé; le plan, en revanche, est assez net (les premiers paragraphes concernent l'évolution de la société; le suivant évoque ses effets sur la jeunesse ; le dernier constitue une explication d'un certain type de comportement). La discussion fait appel à une comparaison entre l'époque actuelle et 1974. La jeunesse, plus qu'une classe d'âge, est-elle une véritable classe sociale à part ? Difficulté du sujet: *** Les sociétés dites avancées, organisées à grande échelle, ouvertes à l'urbanisation rapide et au changement constant, sont en crise de continuité. Des milieux sociaux et des espaces culturels nouveaux s'y forment, les individus s'y trouvent de moins en moins liés les uns aux autres par des rapports estimés plus «naturels« que contraignants, et les anciens cadres de la socialisation — famille, école, communauté ou environnement proche — perdent leur efficacité.

Tout se brouille. Les coupures d'âge se fixent dans la confusion. Les jeunes avancent le moment de leur maturité ou «majorité«, les aînés tentent de prolonger leur jeunesse, un quatrième âge s'ajoute au troisième, les législations fixent dans l'incohérence l'âge d'accès aux responsabilités sociales (mariage, service national, droits civiques, permis de conduire les engins à moteurs, accès à certaines catégories de spectacles, etc.). Durant le même temps, les processus de formation et les activités qui marquaient les phases du cycle de la vie individuelle se télescopent; la durée de l'éducation et de l'apprentissage est prolongée ; la formation permanente tend à scolariser les professions ; et l'acquisition de la maturité sociale paraît de plus en plus contestable dans des sociétés qui deviennent de plus en plus complexes. Enfin, le progrès continuel de l'espérance de vie fait que des générations plus nombreuses coexistent et se trouvent en compétition pour l'emploi et les positions responsables. Ce recouvrement rend incertain le partage des générations, et les jeunes vivent leur condition dans une insécurité croissante. La jeunesse est maintenant, comme la vieillesse au terme du cycle, une catégorie imprécise. Des définitions concurrentes paraissent selon les circonstances, les événements et les calculs. Les unes sont de caractère économique; elles sont relatives au marché de l'emploi, à sa nature, son ouverture, et aux procès d'accès à la vie de travail ; elles concernent aussi l'exploitation d'une demande de biens et services qui est spécifique et crée un marché «jeune«, générateur de profits croissants. Les autres sont de nature plus sociologique. Tout en montrant les différences selon les classes et les milieux sociaux, elles inventorient les caractéristiques communes. Les jeunes, détachés des groupes d'appartenance jusqu'alors estimés naturels, cherchent à vivre leur situation collectivement: dans des cadres sociaux qui leur sont propres (depuis les bandes, les rassemblements jusqu'aux mouvements, clubs et associations), et en des lieux où ils se retrouvent et dont l'espace urbain favorise la multiplication. Ainsi, une société jeune se dessine-t-elle dans le tissu de la société globale. Elle s'y renforce et s'y autonomise au point de paraître «séparée«; elle reconstitue inconsciemment les coupures et classes d'âge étudiées par les anthropologues, mais avec cette différence capitale qu'elles résultent de l'initiative des nouvelles générations et non d'un système social assurant progressivement l'intégration des personnes. Dans ce mouvement de différenciation continue de deux sociétés: la jeune etl'«adulte«, la première tend rapidement à l'isolement, à la non-communication et à l'opposition permanente. Comme le constate B. Wilson, la «guerre des générations« s'est profondément modifiée: «Elle est devenue une guerre sur la place publique, dans laquelle des réactions importantes de la génération plus jeune s'identifient elles-mêmes à quelque chose qui serait dressé contre le reste de la société. « Ce qui explique que la jeunesse soit fréquemment évaluée à partir de ses refus, et des affrontements qu'ils engendrent. Ceux-ci se situent au long d'un continuum^ qui va de l'intégration active à la revendication, à la contestation et au «retraitisme«. Le premier mode d'action conduit moins à récuser qu'à vouloir imposer sa propre vision, le second revêt une signification plus politique et tend à une prise de pouvoir, le troisième se caractérise par un «radicalisme« global - le rejet du système social et de la culture qui lui est liée —, le dernier achemine vers la création d'une anti-société et d'une contre-culture totalement dissociées de la société globale. Dans tous les cas, les jeunes se reconnaissent et se lient à la faveur d'une relation tensionnelle au «monde adulte«; leurs positions et leurs entreprises ont acquis progressivement une signification politique : d'abord révélateurs d'une société qui se défait, ils deviennent les artisans de plus en plus organisés d'une société qui cherche à naître. Georges Balandier, Anthropologiques, 1974.

(1) Continuum: mot latin qui signifie «le continu«.

 

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