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FRANÇOIS COPPÉE (1842-1908). Petits bourgeois

Publié le 20/06/2011

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Né à Paris, François Coppée fut successivement employé au ministère de la Guerre, attaché à la Bibliothèque du Sénat et archiviste du Théâtre-Français. Il publia, à vingt-quatre ans, son premier recueil de vers, le Reliquaire (1866), puis les Intimités (1868). — En 1869, il donna le Passant à l'Odéon. A partir de cette date, se succédèrent, d'année en année, les recueils de vers et les pièces de théâtre, Coppée fut élu membre de l'Académie française en 1884.

Petits bourgeois (1872).

Dans cette pièce, d'un style simple, prosaïque, Coppée renouvelle avec un accent plus moderne le genre de poésie inauguré par Sainte-Beuve dans Joseph Delorme et dans Contemplations. On remarquera le réalisme des détails, l'absence des images. Ici, la poésie n'est pas dans la forme; il faut la chercher et la découvrir dans le sentiment.

Je n'ai jamais compris l'ambition. Je pense Que l'homme simple trouve en lui sa récompense, Et le modeste sort dont je suis envieux, Si je travaille bien et si je deviens vieux Sans que mon coeur de luxe ou de gloire s'affame, C'est celui d'un vieil homme avec sa vieille femme, Aujourd'hui bons rentiers, hier petits marchands, Retirés tout au bout du faubourg, près des champs. Oui, cette vie intime est digne du poète. Voyez : le toit aigu porte une girouette, Les roses sentent bon dans leurs carrés de buis, Et l'ornement de fer fait bien sur le vieux puits. Près du seuil, dont les trois degrés forment terrasse, Un paisible chien noir, qui n'est guère de race, Au soleil de midi, dort, couché sur le flanc. Le maître, en vieux chapeau de paille, en habit blanc, Avec un sécateur qui lui sort de la poche, Marche dans le sentier principal et s'approche Quelquefois d'un certain rosier de sa façon Pour le débarrasser d'un gros colimaçon. Sous le bosquet, sa femme est à l'ombre et tricote; Auprès d'elle le chat joue avec la pelote. La treille est faite avec des cercles de tonneaux, Et sur le sable fin sautillent les moineaux. Par la porte, on peut voir, dans la maison commode, Un, vieux salon meublé selon l'ancienne mode, Même quelques détails vaguement aperçus : Une pendule avec Napoléon dessus, Et des têtes de sphinx à tous les bras de chaise. Mais ne souriez pas! Car on doit être à l'aise, Heureux du jour présent et sûr du lendemain, Dans ce logis de sage observé du chemin. Là sont des gens de bien, sans regrets, sans envie, Et qui font comme ont fait leurs pères. Dans leur vie, Tout est patriarcal et traditionnel, Ils mettent de côté la bûche de Noël, Ils songent à l'avance aux lessives futures Et, vers le temps des fruits, ils font des confitures. Ils boivent du cassis, innocente liqueur! Et chez eux tout est vieux, tout, excepté le cœur. Chaque dimanche ils ont leur fille avec leur gendre; Le jardinet s'emplit du rire des enfants, Et, bien que les après-midi soient étouffants, L'on puise et l'on arrose, et la journée est courte. Puis, quand le pâtissier survient avec la tourte, On s'attable au jardin, déjà moins échauffé, Et la lune se lève au moment du café. Quand le petit garçon s'endort, on le secoue, Et tous s'en vont alors, baisés sur chaque joue, Monter dans l'omnibus voisin, contents et las, Et chargés de bouquets énormes de lilas

(Les Humbles, A. Lemerre, éditeur.)

QUESTIONS D'EXAMEN

I. — L'ensemble. — Un tableau de la vie familiale, révélant la calme existence de petits bourgeois, hier marchands, retirés à la campagne, dans la maison de leurs rêves. — Quel est le cadre de ce tableau? (Un jardin, avec maison d'habitation, à l'extrémité du faubourg, près des champs...) ; D'où, et à quelle époque de l'année, le poète a-t-il observé le tableau? (Du chemin, et par une belle journée d'été...); Quels sont les traits saillants du tableau? les personnages et les animaux que le poète a eus sous les yeux? Le tableau se présente-t-il absolument sous le même aspect, le dimanche? 50 Montrez que c'est dans ce tableau, complété, — tableau du dimanche, — qu'apparaît dans toute sa plénitude le bonheur des petits bourgeois.

II. — L'analyse du morceau. — Distinguez les différentes parties du morceau : a) Début : réflexions du poète; b) Tableau de la douce existence des petits rentiers observés l'un des jours ordinaires de la semaine; — c) Leur bonheur et leur sagesse; — d) Complément au tableau précédent : la réunion familiale du dimanche; N'est-ce pas à dessein que le poète a ajouté ce complément de tableau au tableau précédemment présenté? Ce complément vous paraît-il rompre l'unité du morceau?

III. — Le style ; — les expressions. — Faites ressortir les caractères distinctifs du style, dans cette poésie : a) la simplicité, — b) la précision, — c) le prosaïsme de l'expression (exemples. Et l'ornement de fer tait bien sur le vieux puits..., — une pendule avec Napoléon dessus — le pâtissier survient avec la tourte...); Montrez que la poésie, ici, n'est pas dans la forme, qu'il faut la rechercher plutôt dans le sentiment (Coppée est plein de sympathie pour les humbles : épiciers, mécaniciens, servantes et nourrices de la campagne à Paris, petits bourgeois, à l'existence plate, souvent pénible, traversée pourtant par quelques éclairs de joie, — et il a trouvé là un intense foyer de vraie poésie...).

IV. — La grammaire. — Indiquez quelques mots de la même famille que affamé,— aigu, — puits, — bosquet; Trouvez les adjectifs contenus dans le passage commençant par : Voyez : le toit aigu..., jusqu'à : ...couché sur le flanc; indiquez la nature et la fonction de chacun d'eux.

Rédaction. — Tous les membres d'une famille se trouvent réunis, un dimanche, en été, à la campagne. — Faites le tableau de cette réunion familiale.

« (Les Humbles, A.

Lemerre, éditeur.) QUESTIONS D'EXAMEN I.

— L'ensemble.

— Un tableau de la vie familiale, révélant la calme existence de petits bourgeois, hier marchands,retirés à la campagne, dans la maison de leurs rêves.

— Quel est le cadre de ce tableau? (Un jardin, avec maisond'habitation, à l'extrémité du faubourg, près des champs...) ; D'où, et à quelle époque de l'année, le poète a-t-ilobservé le tableau? (Du chemin, et par une belle journée d'été...); Quels sont les traits saillants du tableau? lespersonnages et les animaux que le poète a eus sous les yeux? Le tableau se présente-t-il absolument sous le mêmeaspect, le dimanche? 50 Montrez que c'est dans ce tableau, complété, — tableau du dimanche, — qu'apparaît danstoute sa plénitude le bonheur des petits bourgeois. II.

— L'analyse du morceau.

— Distinguez les différentes parties du morceau : a) Début : réflexions du poète; b)Tableau de la douceexistence des petits rentiers observés l'un des jours ordinaires de la semaine; — c) Leur bonheur et leur sagesse; —d) Complément au tableau précédent : la réunion familiale du dimanche; N'est-ce pas à dessein que le poète aajouté ce complément de tableau au tableau précédemment présenté? Ce complément vous paraît-il rompre l'unitédu morceau? III.

— Le style ; — les expressions.

— Faites ressortir les caractères distinctifs du style, dans cette poésie : a) lasimplicité, — b) la précision, — c) le prosaïsme de l'expression (exemples.

Et l'ornement de fer tait bien sur le vieuxpuits..., — une pendule avec Napoléon dessus — le pâtissier survient avec la tourte...); Montrez que la poésie, ici,n'est pas dans la forme, qu'il faut la rechercher plutôt dans le sentiment (Coppée est plein de sympathie pour leshumbles : épiciers, mécaniciens, servantes et nourrices de la campagne à Paris, petits bourgeois, à l'existenceplate, souvent pénible, traversée pourtant par quelques éclairs de joie, — et il a trouvé là un intense foyer de vraiepoésie...). IV.

— La grammaire.

— Indiquez quelques mots de la même famille que affamé,— aigu, — puits, — bosquet; Trouvezles adjectifs contenus dans le passage commençant par : Voyez : le toit aigu..., jusqu'à : ...couché sur le flanc;indiquez la nature et la fonction de chacun d'eux. Rédaction.

— Tous les membres d'une famille se trouvent réunis, un dimanche, en été, à la campagne.

— Faites letableau de cette réunion familiale.. »

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