En 1095, lors du concile de Clermont, Urbain II lance un appel à la croisade afin de soustraire à la domination musulmane les lieux saints de Palestine. Retranscrit par Foucher de Chartres dans son Histoire du pélerinage des Francs à Jérusalem, l’appel du pape auprès des hommes en armes cherche à projeter les combattants sur des terres lointaines, à éloigner les guerres de l’Occident. En assurant la remise des péchés, il draine à lui des aventuriers, avides d’exploits et de richesses, des marchands cherchant à développer leurs intérêts commerciaux et, également, toute une horde de pauvres, séduits par les promesses de cette nouvelle quête.
L’appel à la croisade d’Urbain II
Il est urgent d’apporter en hâte à vos frères d’Orient l’aide si souvent promise et d’une nécessité si pressante. Les Turcs et les Arabes les ont attaqués et se sont avancés dans le territoire de la Romanie jusqu’à cette partie de la Méditerranée que l’on appelle le Bras de Saint-Georges, et, pénétrant toujours plus avant dans le pays de ces chrétiens, les ont par sept fois vaincus en bataille, en ont tué et fait captifs un grand nombre, ont détruit les églises et dévasté le royaume. Si vous les laissez à présent sans résister, ils vont étendre leur vague plus largement sur beaucoup de fidèles serviteurs de Dieu.
C’est pourquoi je vous prie et exhorte — et non pas moi, mais le Seigneur vous prie et exhorte comme hérauts du Christ —, les pauvres comme les riches, de vous hâter de chasser cette ville engeance des régions habitées par nos frères et d’apporter une aide opportune aux adorateurs du Christ. Je parle à ceux qui sont présents, je le proclamerai aux absents, mais c’est le Christ qui commande. [...]
Si ceux qui iront là-bas perdent leur vie pendant le voyage sur terre ou sur mer ou dans la bataille contre les païens, leurs péchés seront remis en cette heure. [...]
Que ceux qui étaient auparavant habitués à combattre méchamment, en guerre privée, contre les fidèles, se battent contre les infidèles, et mènent à une fin victorieuse la guerre qui aurait dû être commencée depuis longtemps déjà ; que ceux qui ont été autrefois mercenaires pour des gages sordides gagnent à présent les récompenses éternelles ; que ceux qui se sont épuisés au détriment à la fois de leur corps et de leur âme s’efforcent à présent pour une double récompense.
Source : les Croisades, « Appel à la croisade (1095) «, Paris, Seuil/L’Histoire, 1988.
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