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faut dire qu'elle peut être alors magnifique.

Publié le 04/11/2013

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faut dire qu'elle peut être alors magnifique. Elle éclaire ce désert et le domine. Elle connaît ses servitudes et les illustre. Elle mourra en même temps que ce corps. Mais le savoir, voilà sa liberté. *   Nous ne l'ignorons pas, toutes les Eglises sont contre nous. Un coeur si tendu se dérobe à l'éternel et toutes les Eglises, divines ou politiques, prétendent à l'éternel. Le bonheur et le courage, le salaire ou la justice, sont pour elles des fins secondaires. C'est une doctrine qu'elles apportent et il faut y souscrire. Mais je n'ai rien à faire des idées ou de l'éternel. Les vérités qui sont à ma mesure, la main peut les toucher. Je ne puis me séparer d'elles. Voilà pourquoi vous ne pouvez rien fonder sur moi : rien ne dure du conquérant et pas même ses doctrines. Au bout de tout cela, malgré tout, est la mort. Nous le savons. Nous savons aussi qu'elle termine tout. Voilà pourquoi ces cimetières qui couvrent l'Europe et qui obsèdent certains d'entre nous, sont hideux. On n'embellit que ce qu'on aime et la mort nous répugne et nous lasse. Elle aussi est à conquérir. Le dernier Carrara, prisonnier dans Padoue vidée par la peste, assiégée par les Vénitiens, parcourait en hurlant les salles de son palais désert : il appelait le diable et lui demandait la mort. C'était une façon de la surmonter. Et c'est encore une marque de courage propre à l'Occident que d'avoir rendu si affreux les lieux où la mort se croit honorée. Dans l'univers du révolté, la mort exalte l'injustice. Elle est le suprême abus. D'autres, sans transiger non plus, ont choisi l'éternel et dénoncé l'illusion de ce monde. Leurs cimetières sourient au milieu d'un peuple de fleurs et d'oiseaux. Cela convient au conquérant et lui donne l'image claire de ce qu'il a repoussé. Il a choisi au contraire l'entourage de fer noir ou la fosse anonyme. Les meilleurs parmi les hommes de l'éternel se sentent pris quelquefois d'un effroi plein de considération et de pitié devant des esprits qui peuvent vivre avec une pareille image de leur mort. Mais pourtant ces esprits en tirent leur force et leur justification. Notre destin est en face de nous et c'est lui que nous provoquons. Moins par orgueil que par conscience de notre condition sans portée. Nous aussi, nous avons parfois pitié de nous-mêmes. C'est la seule compassion qui nous semble acceptable : un sentiment que peut-être vous ne comprenez guère et qui vous semble peu viril. Pourtant ce sont les plus audacieux d'entre nous qui l'éprouvent. Mais nous appelons virils les lucides et nous ne voulons pas d'une force qui se sépare de la clairvoyance.                   Encore une fois ce ne sont pas des morales que ces images proposent et elles n'engagent pas de ugements : ce sont des dessins. Ils figurent seulement un style de vie. L'amant, le comédien ou 'aventurier jouent l'absurde. Mais aussi bien s'ils le veulent, le chaste, le fonctionnaire ou le président de a république. Il suffit de savoir et de ne rien masquer. Dans les musées italiens, on trouve quelquefois de etits écrans peints que le prêtre tenait devant les visages des condamnés pour leur cacher l'échafaud. Le aut sous toutes ses formes, la précipitation dans le divin ou l'éternel, l'abandon aux illusions du quotidien u de l'idée, tous ces écrans cachent l'absurde. Mais il y a des fonctionnaires sans écran et ce sont eux ont je veux parler. J'ai choisi les plus extrêmes. À ce degré, l'absurde leur donne un pouvoir royal. Il est vrai que ces rinces sont sans royaume. Mais ils ont cet avantage sur d'autres qu'ils savent que toutes les royautés ont illusoires. Ils savent, voilà toute leur grandeur, et c'est en vain qu'on veut parler à leur propos de alheur caché ou des cendres de la désillusion. Etre privé d'espoir, ce n'est pas désespérer. Les flammes e la terre valent bien les parfums célestes. Ni moi ni personne ne pouvons ici les juger. Ils ne cherchent as à être meilleurs, ils tentent d'être conséquents. Si le mot sage s'applique à l'homme qui vit de ce qu'il , sans spéculer sur ce qu'il n'a pas, alors ceux-là sont des sages. L'un d'eux, conquérant, mais parmi 'esprit, Don Juan mais de la connaissance, comédien mais de l'intelligence, le sait mieux que quiconque :  On ne mérite nullement un privilège sur terre et dans le ciel lorsqu'on a mené sa chère petite douceur de outon jusqu'à la perfection : on n'en continue pas moins à être au meilleur cas un cher petit mouton idicule avec des cornes et rien de plus - en admettant même que l'on ne crève pas de vanité et que l'on ne rovoque pas de scandale par ses attitudes de juge. « Il fallait en tout cas restituer au raisonnement absurde des visages plus chaleureux. L'imagination peut n ajouter beaucoup d'autres, rivés au temps et à l'exil, qui savent aussi vivre à la mesure d'un univers ans avenir et sans faiblesse. Ce monde absurde et sans dieu se peuple alors d'hommes qui pensent clair et 'espèrent plus. Et je n'ai pas encore parlé du plus absurde des personnages qui est le créateur.

«                   Encore unefois cene sont pasdes morales quecesimages proposent etelles n'engagent pasde jugements : cesont desdessins.

Ilsfigurent seulement unstyle devie.

L'amant, lecomédien ou l'aventurier jouentl'absurde.

Maisaussi biens'ilsleveulent, lechaste, lefonctionnaire ouleprésident de la république.

Ilsuffit desavoir etde nerien masquer.

Danslesmusées italiens, ontrouve quelquefois de petits écrans peintsqueleprêtre tenaitdevant lesvisages descondamnés pourleurcacher l'échafaud.

Le saut sous toutes sesformes, laprécipitation dansledivin oul'éternel, l'abandon auxillusions duquotidien ou de l'idée, touscesécrans cachent l'absurde.

Maisilyades fonctionnaires sansécran etce sont eux dont jeveux parler. J'ai choisi lesplus extrêmes.

Àce degré, l'absurde leurdonne unpouvoir royal.Ilest vrai queces princes sontsans royaume.

Maisilsont cet avantage surd'autres qu'ilssavent quetoutes lesroyautés sont illusoires.

Ilssavent, voilàtoute leurgrandeur, etc'est envain qu'on veutparler àleur propos de malheur cachéoudes cendres deladésillusion.

Etreprivé d'espoir, cen'est pasdésespérer.

Lesflammes de laterre valent bienlesparfums célestes.

Nimoi nipersonne nepouvons iciles juger.

Ilsnecherchent pas àêtre meilleurs, ilstentent d'êtreconséquents.

Silemot sage s'applique àl'homme quivitdecequ'il a, sans spéculer surcequ'il n'apas, alors ceux-là sontdessages.

L'und'eux, conquérant, maisparmi l'esprit, DonJuan maisdelaconnaissance, comédienmaisdel'intelligence, lesait mieux quequiconque : « On nemérite nullement unprivilège surterre etdans leciel lorsqu'on amené sachère petite douceur de mouton jusqu'à laperfection : onn'en continue pasmoins àêtre aumeilleur casuncher petit mouton ridicule avecdescornes etrien deplus -en admettant mêmequel'on necrève pasdevanité etque l'on ne provoque pasdescandale parsesattitudes dejuge. » Il fallait entout casrestituer auraisonnement absurdedesvisages pluschaleureux.

L'imagination peut en ajouter beaucoup d'autres, rivésautemps etàl'exil, quisavent aussivivreàla mesure d'ununivers sans avenir etsans faiblesse.

Cemonde absurde etsans dieusepeuple alorsd'hommes quipensent clairet n'espèrent plus.Etjen'ai pasencore parléduplus absurde despersonnages quiest lecréateur.. »

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