Devoir de Philosophie

est dans une vicissitude perpétuelle ; si la nature est encore à l'ouvrage ; malgré la chaîne qui lie les phénomènes, il n'y a point de philosophie 209.

Publié le 29/06/2013

Extrait du document

philosophie
est dans une vicissitude perpétuelle ; si la nature est encore à l'ouvrage ; malgré la chaîne qui lie les phénomènes, il n'y a point de philosophie 209. Toute notre science naturelle devient aussi transitoire que les mots. Ce que nous prenons pour l'histoire de la Nature, n'est que l'histoire très incomplète d'un instant. Je demande donc si les métaux ont toujours été et seront toujours tels qu'ils sont ; si les plantes ont toujours été et seront toujours telles qu'elles sont ; si les animaux ont toujours été et seront toujours tels qu'ils sont, etc. ? Après avoir médité profondément sur certains phénomènes, un doute qu'on vous pardonnerait peut-être, ô Sceptiques, ce n'est pas que le Monde ait été créé, mais qu'il soit tel qu'il a été et qu'il sera. 2. De même que dans les règnes animal et végétal, un individu commence, pour ainsi dire, s'accroît, dure, dépérit et passe ; n'en serait-il pas de même des Espèces entières ? Si la Foi ne nous apprenait que les animaux sont sortis des mains du Créateur tels que nous les voyons 210 ; et s'il était permis d'avoir la moindre incertitude sur leur commencement et sur leur fin, le Philosophe abandonné à ses conjectures ne pourrait-il pas soupçonner que l'Animalité avait de toute éternité ses éléments particuliers, épars et confondus dans la masse de la matière ; qu'il est arrivé à ces éléments de se réunir, parce qu'il était possible que cela se fit ; que l'embryon formé de ces éléments a passé par une infinité d'organisations, et de développements ; qu'il a eu par succession, du mouvement, de la sensation, des idées, de la pensée, de la réflexion, de la conscience, des sentiments, des passions, des signes, des gestes, des sons, des sons articulés, une langue, des lois, des sciences, et des arts ; qu'il s'est écoulé des millions d'années entre chacun de ces développements ; qu'il a peut-être encore d'autres développements à subir, et d'autres accroissements à prendre, qui nous sont inconnus ; qu'il a eu ou qu'il aura un état stationnaire ; qu'il s'éloigne, ou qu'il s'éloignera de cet état par un dépérissement éternel, pendant lequel ses facultés sortiront de lui comme elles y étaient entrées ; qu'il disparaîtra pour jamais de la Nature, ou plutôt qu'il continuera d'y exister, mais sous une forme et avec des facultés tout autres que celles qu'on lui remarque dans cet instant de la durée ? La Religion nous épargne bien des écarts et bien des travaux. Si elle ne nous eût point éclairés sur l'origine du Monde et sur le système universel des êtres, combien d'hypothèses différentes que nous aurions été tentés de prendre pour le secret de la Nature ? Ces hypothèses étant toutes également fausses, nous auraient paru toutes à peu près également vraisemblables. La question, Pourquoi il existe quelque chose, est la plus embarrassante que la Philosophie pût se proposer, et il n'y a que la Révélation qui y réponde. 3. Si l'on jette les yeux sur les animaux et sur la terre brute qu'ils foulent aux pieds ; sur les molécules organiques et sur le fluide dans lequel elles se meuvent ; sur les insectes microscopiques, et sur la matière qui les produit et qui les environne ; il est évident que la matière en général est divisée en matière morte et en matière vivante 21. Mais comment se peut-il faire que la matière ne soit pas une, ou toute vivante, ou toute morte ? La matière vivante est-elle toujours vivante ? Et la matière morte est-elle toujours et réellement morte ? La matière vivante ne meurt-elle point ? La matière morte ne commence-t-elle jamais à vivre ? 4. Y a-t-il quelque autre différence assignable entre la matière morte et la matière vivante, que l'organisation, et que la spontanéité réelle ou apparente du mouvement ? 5. Ce qu'on appelle matière vivante, ne serait-ce pas seulement une matière qui se meut par elle-même ? Et ce qu'on appelle une matière morte, ne serait-ce pas une matière mobile par une autre matière ? 6. Si la matière vivante est une matière qui se meut par elle-même, comment peut-elle cesser de se mouvoir sans mourir ? 7. S'il y a une matière vivante et une matière morte par elles-mêmes, ces deux principes suffisent-ils pour la production générale de toutes les formes et de tous les phénomènes ? 8. En Géométrie, une quantité réelle jointe à une quantité imaginaire donne un tout imaginaire ; dans la Nature, si une molécule de matière vivante s'applique à une molécule de matière morte, le tout sera-t-il vivant, ou sera-t-il mort ? 9. Si l'agrégat peut être ou vivant ou mort, quand et pourquoi sera-t-il vivant ? quand et pourquoi sera-t-il mort ? 10. Mort ou vivant, il existe sous une forme. Sous quelque forme qu'il existe, quel en est le principe ? 11 Les Moules sont-ils principes des formes 212 ? Qu'est-ce qu'un moule ? Est-ce un Être réel et préexistant ? ou n'est-ce que les limites intelligibles de l'énergie d'une molécule vivante unie à de la matière morte ou vivante ; limites déterminées par le rapport de l'énergie en tous sens, aux résistances en tous sens ? Si c'est un Être réel et préexistant, comment s'est-il formé ?
philosophie

« état par un dépérissement éternel, pendant lequel ses facultés sortiront de lui comme elles y étaient entrées ; qu'il disparaîtra pour jamais de la Nature, ou plutôt qu'il continuera d'y exister, mais sous une forme et avec des facultés tout autres que celles qu'on lui remarque dans cet instant de la durée ? La Religion nous épargne bien des écarts et bien des travaux.

Si elle ne nous eût point éclairés sur l'origine du Monde et sur le système universel des êtres, combien d'hypo- thèses différentes que nous aurions été tentés de prendre pour le secret de la Nature ? Ces hypothèses étant toutes également fausses, nous auraient paru toutes à peu près également vraisemblables.

La ques- tion, Pourquoi il existe quelque chose, est la plus embar- rassante que la Philosophie pût se proposer, et il n'y a que la Révélation qui y réponde.

3.

Si l'on jette les yeux sur les animaux et sur la terre brute qu'ils foulent aux pieds ; sur les molécules orga- niques et sur le fluide dans lequel elles se meuvent ; sur les insectes microscopiques, et sur la matière qui les produit et qui les environne ; il est évident que la matière en général est divisée en matière morte et en matière vivante 21 .

Mais comment se peut-il faire que la matière ne soit pas une, ou toute vivante, ou toute morte ? La matière vivante est-elle toujours vivante ? Et la matière morte est-elle toujours et réellement morte ? La matière vivante ne meurt-elle point ? La matière morte ne commence-t-elle jamais à vivre ? 4.

Y a-t-il quelque autre différence assignable entre la matière morte et la matière vivante, que l'organisation, et que la spontanéité réelle ou apparente du mou- vement ? 5.

Ce qu'on appelle matière vivante, ne serait-ce pas seulement une matière qui se meut par elle-même ? Et. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles