enjoué.
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
les
deux.
Ils se trompaient, cependant.Unefoisensavie leléthargique jeunehomme n’étaitpas
endormi.
Ilétait éveillé, bienéveillé, etilavait toutremarqué.
Le souper sepassa sansquepersonne fîtaucun effortpourrendre laconversation générale.La
vieille ladyétait allée secoucher ; IsabellaWardlesedévouait exclusivement àM. Trundle ; les
attentions desatante étaient réservées pourM. Tupman, etles pensées d’Emilyparaissaient
occupées dequelque objetlointain ; peut-être étaient-elles errantesautourdeM. Snodgrass.
Onze heures, minuit,uneheure avaient sonnésuccessivement, etles gentlemen n’étaientpas
revenus deMuggleton.
Laconsternation étaitpeinte surtous lesvisages.
Avaient-ils été
attaqués etvolés ? Fallait-il envoyer deshommes etdes lanternes surtous leschemins qu’ils
avaient puprendre ? Fallait-il…Écoutez…Lesvoilà ! –Qui peut lesavoir tantattardés ? –Une
voix étrangère ? àqui peut-elle appartenir ? Toutlemonde seprécipita danslacuisine oùles
truands étaientdébarqués, etl’on reconnut aupremier coupd’œil levéritable étatdeschoses.
M. Pickwick, avecsesmains danssespoches etson chapeau complètement enfoncésurunœil,
était appuyé contrelebuffet, et,balançant satête dedroite àgauche, produisait uneconstante
succession desourires, lesplus doux, lesplus bienveillants dumonde, maissansaucune cause
ou prétexte appréciable.
Levieux M. Wardle, dontlevisage étaitprodigieusement enflammé,
serrait lesmains d’unvisiteur étranger enbégayant desprotestations d’amitiééternelle.
M. Winkle, sesoutenant àla boîte d’une horloge àpoids, appelait, d’unevoixfaible, les
vengeances duciel surtout membre delafamille quiluiconseillerait d’allersecoucher.
Enfin
M. Snodgrass s’étaitaffaissé surune chaise, etchaque traitdeson visage expressif portait
l’empreinte delamisère laplus abjecte etlaplus profonde quesepuisse figurer l’esprit
humain.
« Est-il arrivéquelque chose ?demandèrent lestrois dames.
– Rien dutout, répondit M. Pickwick.
Nous…sommes… tous…enbon état… Ditesdonc…
Wardle… noussommes… tous…enbon état… N’est-ce pas ?
– Un peu, répliqua lejoyeux hôte.Meschéries… voicimonami,M. Jingle… l’amide
M. Pickwick… M. Jingle…venu…pourunepetite visite…
– Monsieur, demandaEmilyavecanxiété, est-ilarrivé quelque choseàM. Snodgrass ?
– Rien dutout, madame, répliqual’étranger.
DînerdeClub, –joyeuse compagnie, –chansons
admirables, –vieux porto, –vin deBordeaux, –bon, –très-bon.
–C’est levin, madame, levin.
– Ce n’est paslevin, bégaya M. Snodgrass d’untongrave.
C’estlesaumon.
(Remarquez qu’en
pareille circonstance cen’est jamais levin.)
– Ne feraient-ils pasmieux d’aller secoucher, madame ? demandaEmma.Deuxdesgens
pourraient portercesmessieurs dansleurchambre.
– Je n’irai pasmecoucher ! s’écriaM. Winkle avecfermeté.
– Aucun homme vivantneme portera ! ditintrépidement M. Pickwick ;etilcontinua desourire
comme auparavant.
– Hourra ! balbutiafaiblement M. Winkle.
– Hourra ! répétaM. Pickwick, etprenant sonchapeau ill’aplatit surlaterre, saisitseslunettes
et les fitvoler àtravers lacuisine ; puis,ayant accompli cetteheureuse plaisanterie, il
recommença àrire comme uninsensé.
– Apportez-nous une…uneautre… bouteille ! criaM. Winkle encommençant surunton très-
élevé etfinissant surunton très-bas.
Maispeuaprès satête tomba sursapoitrine ; ilmurmura
encore soninvincible détermination denepas s’aller coucher, bégayaunregret sanguinaire de
n’avoir pas,dans lamatinée, fait
l’affaire duvieux Tupman ,
puis ils’endormit profondément.
En cet état ilfut transporté danssachambre pardeux jeunes géants, souslasurveillance
immédiate dugros joufflu.
Bientôt aprèsM. Snodgrass confiasapersonne auxsoins protecteurs
du jeune somnambule.
M. Pickwickacceptalebras deM. Tupman etdisparut tranquillement,.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓