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En vous appuyant sur tels auteurs que vous voudrez, vous commenterez ce jugement de Brunetière : « La grande originalité, ce n'est pas de tirer quelque chose de sa propre substance, mais bien de mettre aux choses communes sa marque individuelle. »

Publié le 14/03/2011

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Le jugement de Brunetière est tout à fait justifié si on l'applique à la littérature classique. Les classiques étaient tout à fait indifférents à la nouveauté du sujet; peu leur importe que le sujet d'Andromaque ou celui d'Iphigénie ait été déjà traité deux ou dix fois par des auteurs anciens ou modernes. La Fontaine n'a pas imaginé le sujet de dix de ses Fables. Même quand on invente le fond d'une œuvre, ce fond est fait de choses communes : le sujet de la Princesse de Clèves n'est que l'histoire banale d'une femme honnête, mariée sans amour, et qui se prend à aimer un autre homme que son mari. Par contre, les romantiques cherchent la nouveauté en tout; il leur faut des situations et des caractères exceptionnels. Brunetière, il est vrai, peut prétendre que, ou bien sous ces situations et ces états d'âme romantiques on retrouve l'éternelle humanité, ou bien que l'originalité dégénère en étrangeté et en absurdité. Déjà cependant il faudrait donner à l'expression «choses communes « un sens plus large. Le mal de René est pathétique parce qu'on y retrouve l'éternelle inquiétude humaine, mais celle-là seulement qui tourmente des âmes d'exception. Et le jugement de Brunetière devient tout à fait discutable quand on veut comprendre certaines formes d'art, par exemple la poésie de Baudelaire, de Verlaine, des symbolistes. Il est bien certain que ces poètes ont tiré leur inspiration de « leur propre substance « et ne se sont pas contentés de mettre leur marque individuelle à des choses communes. Mais, Brunetière n'aimait pas et comprenait mal ou pas du tout le romantisme, Baudelaire, Verlaine ou les symbolistes.

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