Discours sur la première décade de Tite-Live VII COMBIEN LES ACCUSATIONS SONT NÉCESSAIRES DANS
Publié le 01/10/2013
Extrait du document


«
Machiavel
mant.
Cette proposition, parvenue à la connaissance du peuple,
excita une indignation
si générale, qu'au sortir du sénat Corio
lan
eût été mis en pièces si les tribuns ne l'avaient cité devant
eux
pour présenter sa défense.
C'est à l'occasion de cet événement que nous observons
combien il est utile, important, dans une république, d'avoir des
institutions qui fournissent à
la masse des citoyeps des moyens
d'exhaler leur aversion contre
un autre citoyen.
A défaut de ces
moyens autorisés par la loi, on en emploie d'illégaux, qui, sans
contredit, produisent des effets bien plus funestes.
Que dans ces occasions un individu , soit lésé, qu'on
commette même à son égard une injustice, l'Etat n'éprouve que
peu
ou point de désordre.
En effet, cette injustice n'est le fait
ni
d'une violence privée ni d'une intervention étrangère, deux
causes puissantes de
la ruine de la liberté, mais uniquement de
la force publique et des lois, contenues dans des bornes qu'elles
ne dépassent pas au point de renverser la république.
Et pour fortifier cette vérité par un exemple, je me contente
rai de celui de Coriolan : que l'on réfléchisse aux maux qui
pouvaient résulter
pour la république romaine s'il eût été mas
sacré dans une émeute
populaire; l'attentat commis contre lui
eût été une violence de particuliers à particuliers ; cette espèce
de violence
produit la peur ; la peur cherche des moyens de
défense, appelle
les partisans ; des partisans paissent les factions
dans une ville, et des factions
la ruine de l'Etat.
Nous avons vu de nos jours la révolution causée à Florence par
l'impuissance
où se trouvait la multitude de recevoir une satisfac
tion légale contre
un citoyen, Francesco Valori 8
• Son audace, ses
emportements, le firent soupçonner de vues ambitieuses qui le
portaient à s'élever au-dessus du rang de simple citoyen dans une
ville
où il avait déjà le crédit et l'autorité d'un prince.
La répu
blique n'avait
le moyen de résister à son parti qu'en lui opposant
un parti contraire.
La connaissance qu'il avait de cette impuis
sance faisait qu'il ne redoutait plus rien, excepté quelque sédition,
en prévision de laquelle
il se mit à recruter des partisans.
Ses
adversaires, faute de moyens légaux pour s'y opposer, firent de
206.
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