Diogène Laërce et Epicure
Publié le 05/07/2011
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LA CONDUITE DU SAGE (Diogène Laërce, X, 117-121)
Voici ce que Laërce écrit relativement aux choses de la vie et sur la manière de choisir et de refuser certaines conduites. Mais d'abord nous allons donner un aperçu de ce que lui et ses disciples disent du sage : Les blessures causées par les hommes viennent de la haine, de l'envie ou du mépris ; tous maux que le sage domine grâce au raisonnement. Lorsqu'on est parvenu à la pleine sagesse, on ne peut retourner à l'état contraire ; on a même peine à se le représenter. Quand bien même les passions l'assaillent, cela n'entrave point sa sagesse. Certes il n'est pas possible d'arriver à la sagesse à partir de certaines conditions physiques, ni dans tous les peuples . Jusque sous la torture le sage reste dans la félicité ; seul le sage est capable de reconnaissance constante et inlassable, s'il s'appuie sur ses amis, qu'ils soient présents ou absents. Mais s'il souffre dans la torture, il gémit et il hurle. Là où les lois ne le permettent pas, le sage ne prendra point femme (c'est ce que dit Diogène dans Y Abrégé des pensées morales d'Epicure) ; il ne punira pas les domestiques, au contraire l'homme sensé les prend en pitié et sait pardonner à tel d'entre eux. Les épicuriens ne pensent pas que l'homme sage puisse subir la passion de l'amour, ni se soucier de sa sépulture. Et la passion ne vient pas des dieux. Et l'épicurien n'a pas à être un beau parleur. Pour la chair, ils disent que jamais elle ne fait de bien et qu'il faut déjà être content si elle ne fait pas de mal. Toutefois le sage peut éventuellement prendre femme et procréer, comme le dit Epicure dans les Cas incertains et les livres Sur la Nature. Mais il se mariera suivant sa situation et au moment opportun. Mais certains sages seront perplexes. Dans le Banquet Epicure dit que le sage ne saura se garder de l'ivresse . Et il ne fera pas le politicien, comme il est écrit dans le livre I de Des Vies, il ne fera pas le tyran ; ni le cynique ni le clochard. Mais, même privé de la vue, il ira portant en lui la vie même de la vie, comme il dit au livre II de Des Vies. Et le sage peut éprouver du chagrin, comme le dit Diogène dans le cinquième livre des Epilectes. Il pourra ester en justice. Il pourra laisser des écrits, mais non pas faire des harangues. Il prendra soin de son bien et de l'avenir. Il peut s'établir à la campagne. La Fortune, il l'affronte ; ce qui lui est vraiment cher n'est pas objet d'acquisition. Il ne se souciera de la renommée que dans la mesure où cela n'attire pas le mépris. Son plaisir est plus grand que celui des spectateurs au théâtre. Il peut dresser des statues. Si cela l'indiffère, deviens indifférent à cela, toi aussi. Seul le sage sait discuter justement des arts et de la poésie, mais il ne jouera pas lui-même. Le sage n'est pas plus sage qu'un autre sage. Il gagne de l'argent, puisque c'est la sagesse qui le met au niveau du besoin. S'il le faut, il pourra servir un monarque. Il se réjouira si quelqu'un est apte à l'amender. Il aura une école, mais ne drainera pas les foules. Il lira devant le grand nombre, si toutefois on l'en prie. Il enseigne les principes et non le doute. Dans son sommeil il est égal à lui-même. 11 peut perdre la vie pour défendre l'ami. Selon les épicuriens les fautes sont inégales. Pour certains la santé figure parmi les biens, pour les autres c'est indifférent. Le courage n'est pas spontané, il émane de la réflexion sur ce qui convient. L'amitié naît de l'usage. Mais elle doit avoir commencé auparavant, car de fait nous ensemençons la terre. Mais elle s'accomplit par la communauté, chez ceux qui sont comblés de plaisir. La félicité se conçoit sous deux formes : la plus haute qui nous met en rapport avec les dieux — elle ne connaît plus d'accroissement possible — la seconde est faite de l'adjonction et de la suppression de plaisir.
DIFFÉRENCE AVEC LES CYRÉNAIQUES (Diogène Laërce, X, 135-138)
Sa conception du plaisir diffère de celle des Cyrénaïques. Car ces derniers n'admettent pas le plaisir immobile mais uniquement le plaisir en mouvement. Epicure tient qu'il y a des plaisirs de l'âme aussi bien que des plaisirs du corps. Cette idée se trouve développée dans son livre Sur ce qu'il faut choisir et sur ce qu'il faut éviter, dans Du But de la vie, dans le premier livre de Sur la Manière de vivre et dans la lettre adressée aux amis de Mytilène. Et c'est aussi ce que disent Diogène, dans le dix-septième livre de ses Traités choisis et Métrodore dans le Timocrate, lorsqu'ils disent : on peut concevoir le plaisir comme résidant ou dans le mouvement ou dans le repos. Mais Epicure s'exprime ainsi dans Sur ce qu'il faut choisir : la parfaite sérénité de l'âme et l'absence de douleur sont des plaisirs stables, tandis que la joie et la gaieté sont des plaisirs mobiles. Il diffère en outre des Cyrénaïques parce que ces derniers croient que les souffrances du corps sont plus pénibles que celles de l'âme, puisque les criminels ne sont touchés que par le châtiment corporel. Au contraire, Epicure dit que les souffrances de l'âme sont les plus pénibles. Car la chair ne souffre que dans le présent alors que l'âme souffre du passé, du présent et de l'avenir. Partant, les plaisirs de l'âme sont aussi plus grands que ceux du corps. Epicure montre que le plaisir est le but de la vie du fait que les vivants, dès qu'ils sont nés, aiment le plaisir et fuient la douleur et cela par une réaction toute physique, sans intervention du raisonnement. C'est ainsi que par l'effet de la sensibilité nous fuyons la souffrance, comme le fait Héraclès lorsque, dévoré par la tunique, « il pousse des cris déchirants et hurle de douleur ; les rochers tout autour, les promontoires montagneux des Locriens et les hauteurs d'Eubée font entendre un son plaintif «. Donc il faut acquérir les vertus en vue des plaisirs qu'elles dispensent et non pour elles-mêmes, de même que c'est pour la santé qu'on apprécie la médecine. Diogène (de Tarse) dit aussi cela dans le vingtième livre de ses Traités choisis et il dit aussi que l'éducation s'étend sur tout le temps de la vie. En outre Epicure soutient que seule la vertu ne sépare pas du plaisir, alors que tout le reste peut s'en dissocier, comme par exemple la nourriture.
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- « Platon ayant défini l'homme un animal bipède et sans plumes, et l'auditoire ayant approuvé, Diogène apporta dans son école un coq plumé, et dit : "Voilà l'homme selon Platon". » Anecdote rapportée par Diogène Laërce. Commentez cette citation.
- Zénon de Cittium « fouettait un esclave qui avait volé; et comme celui-ci lui dit : "II était dans ma destinée de voler", il répondit : "Et aussi d'être battu." » Anecdote rapportée par Diogène Laërce (Ille s. apr. J.-C.). Commentez cette citation.