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  DEUXIÈME PARTIE I - Fraternité   En sauvant la vie de Charles, Henri avait fait plus que sauver la vie d'un homme : il avait empêché trois royaumes de changer de souverains.

Publié le 04/11/2013

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  DEUXIÈME PARTIE I - Fraternité   En sauvant la vie de Charles, Henri avait fait plus que sauver la vie d'un homme : il avait empêché trois royaumes de changer de souverains. En effet, Charles IX tué, le duc d'Anjou devenait roi de France, et le duc d'Alençon, selon toute probabilité, devenait roi de Pologne. Quant à la Navarre, comme M. le duc d'Anjou était l'amant de madame de Condé, sa couronne eût probablement payé au mari la complaisance de sa femme. Or, dans tout ce grand bouleversement il n'arrivait rien de bon pour Henri. Il changeait de maître, voilà tout ; et au lieu de Charles IX, qui le tolérait, il voyait monter au trône de France le duc d'Anjou, qui, n'ayant avec sa mère Catherine qu'un coeur et qu'une tête, avait juré sa mort et ne manquerait pas de tenir son serment. Toutes ces idées s'étaient présentées à la fois à son esprit quand le sanglier s'était élancé sur Charles IX, et nous avons vu ce qui était résulté de cette réflexion rapide comme l'éclair, qu'à la vie de Charles IX était attachée a propre vie. Charles IX avait été sauvé par un dévouement dont il était impossible au roi de comprendre le motif. Mais Marguerite avait tout compris, et elle avait admiré ce courage étrange de Henri qui, pareil à l'éclair, ne rillait que dans l'orage. Malheureusement ce n'était pas le tout que d'avoir échappé au règne du duc d'Anjou, il fallait se faire roi soimême. Il fallait disputer la Navarre au duc d'Alençon et au prince de Condé ; il fallait surtout quitter cette cour où l'on ne marchait qu'entre deux précipices, et la quitter protégé par un fils de France. Henri, tout en revenant de Bondy, réfléchit profondément à la situation. En arrivant au Louvre, son plan était fait. Sans se débotter, tel qu'il était, tout poudreux et tout sanglant encore, il se rendit chez le duc d'Alençon, qu'il trouva fort agité en se promenant à grands pas dans sa chambre. En l'apercevant, le prince fit un mouvement. - Oui, lui dit Henri en lui prenant les deux mains, oui, je comprends, mon bon frère, vous m'en voulez de ce que le premier j'ai fait remarquer au roi que votre balle avait frappé la jambe de son cheval, au lieu d'aller frapper le sanglier, comme c'était votre intention. Mais que voulez-vous ? je n'ai pu retenir une exclamation de surprise. D'ailleurs le roi s'en fût toujours aperçu, n'est-ce pas ? - Sans doute, sans doute, murmura d'Alençon. Mais je ne puis cependant attribuer qu'à mauvaise intention cette espèce de dénonciation que vous avez faite, et qui, vous l'avez vu, n'a pas eu un résultat moindre que de faire suspecter à mon frère Charles mes intentions, et de jeter un nuage entre nous. - Nous reviendrons là-dessus tout à l'heure ; et quant à la bonne ou à la mauvaise intention que j'ai à votre égard, je viens exprès auprès de vous pour vous en faire juge. - Bien ! dit d'Alençon avec sa réserve ordinaire ; parlez, Henri, je vous écoute. - Quand j'aurai parlé, François, vous verrez bien quelles sont mes intentions, car la confidence que je viens vous faire exclut toute réserve et toute prudence ; et quand je vous l'aurai faite, d'un seul mot vous pourrez me perdre ! - Qu'est-ce donc ? dit François, qui commençait à se troubler. - Et cependant, continua Henri, j'ai hésité longtemps à vous parler de la chose qui m'amène, surtout après la façon dont vous avez fait la sourde oreille aujourd'hui. - En vérité, dit François en pâlissant, je ne sais pas ce que vous voulez dire, Henri. - Mon frère, vos intérêts me sont trop chers pour que je ne vous avertisse pas que les huguenots ont fait faire auprès de moi des démarches. - Des démarches ! demanda d'Alençon, et quelles démarches ? - L'un d'eux, M. de Mouy de Saint-Phale, le fils du brave de Mouy assassiné par Maurevel, vous savez... - Oui. - Eh bien, il est venu me trouver au risque de sa vie pour me démontrer que j'étais en captivité. - Ah ! vraiment ! et que lui avez-vous répondu ? - Mon frère, vous savez que j'aime tendrement Charles, qui m'a sauvé la vie, et que la reine mère a pour moi remplacé ma mère. J'ai donc refusé toutes les offres qu'il venait me faire. - Et quelles étaient ces offres ? - Les huguenots veulent reconstituer le trône de Navarre, et comme en réalité ce trône m'appartient par héritage, ils me l'offraient. - Oui ; et M. de Mouy, au lieu de l'adhésion qu'il venait solliciter, a reçu votre désistement ?

« I – Fraternité   En sauvant lavie deCharles, Henriavaitfaitplus quesauver lavie d’un homme : ilavait empêché trois royaumes dechanger desouverains. En effet, Charles IXtué, leduc d’Anjou devenait roideFrance, etleduc d’Alençon, selontouteprobabilité, devenait roidePologne.

Quantàla Navarre, commeM. leducd’Anjou étaitl’amant demadame deCondé, sa couronne eûtprobablement payéaumari lacomplaisance desafemme. Or, dans toutcegrand bouleversement iln’arrivait riendebon pour Henri.

Ilchangeait demaître, voilàtout ; et au lieu deCharles IX,qui letolérait, ilvoyait monter autrône deFrance leduc d’Anjou, qui,n’ayant avecsa mère Catherine qu’uncœuretqu’une tête,avait jurésamort etne manquerait pasdetenir sonserment. Toutes cesidées s’étaient présentées àla fois àson esprit quand lesanglier s’étaitélancé surCharles IX,et nous avons vucequi était résulté decette réflexion rapidecomme l’éclair,qu’àlavie deCharles IXétait attachée sa propre vie. Charles IXavait étésauvé parundévouement dontilétait impossible auroi decomprendre lemotif. Mais Marguerite avaittoutcompris, etelle avait admiré cecourage étrangedeHenri qui,pareil àl’éclair, ne brillait quedans l’orage. Malheureusement cen’était pasletout qued’avoir échappé aurègne duduc d’Anjou, ilfallait sefaire roisoi- même.

Ilfallait disputer laNavarre auduc d’Alençon etau prince deCondé ; ilfallait surtout quittercettecour où l’on nemarchait qu’entredeuxprécipices, etlaquitter protégé parunfils deFrance. Henri, toutenrevenant deBondy, réfléchit profondément àla situation.

Enarrivant auLouvre, sonplan était fait.

Sans sedébotter, telqu’il était, toutpoudreux ettout sanglant encore,ilse rendit chezleduc d’Alençon, qu’il trouva fortagité ensepromenant àgrands pasdans sachambre. En l’apercevant, leprince fitun mouvement. – Oui, luidit Henri enlui prenant lesdeux mains, oui,jecomprends, monbonfrère, vousm’en voulez dece que lepremier j’aifait remarquer auroi que votre balleavait frappé lajambe deson cheval, aulieu d’aller frapper lesanglier, commec’étaitvotreintention.

Maisquevoulez-vous ? jen’ai puretenir uneexclamation de surprise.

D’ailleurs leroi s’en fûttoujours aperçu,n’est-ce pas ? – Sans doute, sansdoute, murmura d’Alençon.

Maisjene puis cependant attribuerqu’àmauvaise intention cette espèce dedénonciation quevous avezfaite, etqui, vous l’avez vu,n’apas euun résultat moindre quede faire suspecter àmon frère Charles mesintentions, etde jeter unnuage entrenous. – Nous reviendrons là-dessustoutàl’heure ; etquant àla bonne ouàla mauvaise intentionquej’aiàvotre égard, jeviens exprès auprès devous pour vousenfaire juge. – Bien !dit d’Alençon avecsaréserve ordinaire ; parlez,Henri,jevous écoute. – Quand j’auraiparlé,François, vousverrez bienquelles sontmesintentions, carlaconfidence quejeviens vous faireexclut touteréserve ettoute prudence ; etquand jevous l’aurai faite,d’unseulmotvous pourrez me perdre ! – Qu’est-ce donc ?ditFrançois, quicommençait àse troubler. – Et cependant, continuaHenri,j’aihésité longtemps àvous parler delachose quim’amène, surtoutaprèsla façon dontvousavezfaitlasourde oreilleaujourd’hui. – En vérité, ditFrançois enpâlissant, jene sais pasceque vous voulez dire,Henri. – Mon frère, vosintérêts mesont tropchers pourquejene vous avertisse pasque leshuguenots ontfaitfaire auprès demoi desdémarches. – Des démarches !demanda d’Alençon, etquelles démarches ? – L’un d’eux, M. de Mouy deSaint-Phale, lefils dubrave deMouy assassiné parMaurevel, voussavez… – Oui. – Eh bien, ilest venu metrouver aurisque desavie pour medémontrer quej’étais encaptivité. – Ah !vraiment !et que luiavez-vous répondu ? – Mon frère, voussavez quej’aime tendrement Charles,quim’a sauvé lavie, etque lareine mèreapour moi remplacé mamère.

J’aidonc refusé toutes lesoffres qu’ilvenait mefaire. – Et quelles étaientcesoffres ? – Les huguenots veulentreconstituer letrône deNavarre, etcomme enréalité cetrône m’appartient par héritage, ilsme l’offraient. – Oui ; etM. de Mouy, aulieu del’adhésion qu’ilvenait solliciter, areçu votre désistement ?. »

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