deux accusés et les firent sortir, La Mole par une porte, Coconnas par l'autre.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
XXVII
–La torture dubrodequin
Ce fut seulement lorsqu’onl’eutreconduit danssonnouveau cachotetqu’on eutrefermé laporte derrière lui,
que Coconnas, abandonné àlui-même etcessant d’êtresoutenu parlalutte aveclesjuges etpar sacolère contre
René, commença lasérie deses tristes réflexions.
– Il me semble, sedit-il àlui-même, quecela tourne auplus mal, etqu’il serait temps d’aller unpeu àla
chapelle.
Jeme défie descondamnations àmort ; carincontestablement ons’occupe denous condamner àmort
à cette heure.
Jeme défie surtout descondamnations àmort quiseprononcent danslehuis closd’un château
fort devant desfigures aussilaides quetoutes cesfigures quim’entouraient.
Onveut sérieusement nouscouper
la tête, hum !hum !… Je reviens doncàce que jedisais, ilserait temps d’aller àla chapelle.
Ces mots prononcés àdemi-voix furentsuivisd’unsilence, etce silence futinterrompu parunbruit sourd,
étouffé, lugubre, etqui n’avait riend’humain ; cecri sembla percerlamuraille épaisseetvint vibrer surlefer de
ses barreaux.
Coconnas frissonnamalgrélui :etcependant c’étaitunhomme sibrave quechez luilavaleur ressemblait à
l’instinct desbêtes féroces ; Coconnas demeuraimmobile àl’endroit oùilavait entendu laplainte, doutant
qu’une pareille plaintepûtêtre prononcée parunêtre humain, etlaprenant pourlegémissement duvent dans
les arbres, oupour undeces mille bruits delanuit quisemblent descendre oumonter desdeux mondes
inconnus entrelesquels tournenotremonde ; alorsuneseconde plainte,plusdouloureuse, plusprofonde, plus
poignante encorequelapremière, parvintàCoconnas, etcette fois,nonseulement ildistingua bien
positivement l’expressiondeladouleur danslavoix humaine, maisencore ilcrut reconnaître danscette voix
celle deLa Mole.
À cette voix,lePiémontais oubliaqu’ilétait retenu pardeux portes, partrois grilles etpar une muraille
épaisse dedouze pieds ; ils’élança detout sonpoids contre cettemuraille commepourlarenverser etvoler au
secours delavictime ens’écriant :
– On égorge doncquelqu’un ici ?Mais ilrencontra surson chemin lemur auquel iln’avait paspensé, etil
tomba froissé duchoc contre unbanc depierre surlequel ils’affaissa.
Cefut tout.
– Oh !ils l’ont tué!murmura-t-il ; c’estabominable !Mais c’estqu’on nepeut sedéfendre ici…rien, pas
d’armes.
Ilétendit lesmains autour delui.
– Ah !cet anneau defer, s’écria-t-il, jel’arracherai, etmalheur àqui m’approchera !
Coconnas sereleva, saisitl’anneau defer, etd’une première secoussel’ébranla siviolemment, qu’ilétait
évident qu’avec deuxsecousses pareillesille descellerait.
Mais soudain laporte s’ouvrit etune lumière produite pardeux torches envahit lecachot.
– Venez, monsieur, luidit lamême voixgrasseyante quiluiavait étédéjà siparticulièrement désagréable,et
qui, pour sefaire entendre cettefoistrois étages au-dessous, nelui parut pasavoir acquis lecharme quilui
manquait ; venez,monsieur, lacour vous attend.
– Bon, ditCoconnas lâchantsonanneau, c’estmon arrêt quejevais entendre, n’est-cepas ?
– Oui, monsieur.
– Oh !je respire ; marchons, dit-il.Etilsuivit l’huissier, quimarchait devantluideson pascompassé et
tenant sabaguette noire.Malgré lasatisfaction qu’ilavait témoignée dansunpremier mouvement, Coconnas
jetait, toutenmarchant, unregard inquiet àdroite etàgauche, devantetderrière.
– Oh !oh !murmura-t-il, jen’aperçois pasmon digne geôlier ; j’avouequesaprésence memanque.
On entra danslasalle quevenaient dequitter lesjuges, etoù demeurait seuldebout unhomme queCoconnas
reconnut pourleprocureur général,quiavait plusieurs fois,dans lecours del’interrogatoire, portélaparole, et
toujours avecuneanimosité facileàreconnaître.
En effet, c’était celuiàqui Catherine, tantôtparlettre, tantôt devive voix, avait particulièrement
recommandé leprocès.
Un rideau levélaissait voirlefond decette chambre, etcette chambre, dontlesprofondeurs seperdaient
dans l’obscurité, avaitdanssesparties éclairées unaspect siterrible queCoconnas sentitquelesjambes lui
manquaient ets’écria :
– Oh !mon Dieu !Ce n’était passans cause queCoconnas avaitpoussé cecri deterreur.
Lespectacle étaiten
effet desplus lugubres.
Lasalle, cachée pendant l’interrogatoire parcerideau, quiétait levémaintenant,
apparaissait commelevestibule del’enfer.
Aupremier planonvoyait unchevalet debois garni decordes, de
poulies etd’autres accessoires tortionnaires.
Plusloinflambait unbrasier quireflétait seslueurs rougeâtres sur
tous lesobjets environnants, etqui assombrissait encorelasilhouette deceux quisetrouvaient entreCoconnas.
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