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de résorption.

Publié le 30/10/2013

Extrait du document

de résorption. Des forces obscures le garrottaient mystérieusement. Une gravitation l'enchaînait. Sa volonté, soutirée, s'en allait de lui. A quoi se retenir? Il était hagard et charmé. Cette fois, il se sentait irrémédiablement insensé. La sombre chute à pic dans le précipice d'éblouissement continuait. La femme dormait. Pour lui, l'état de trouble s'aggravant, ce n'était même plus la lady, la duchesse, la dame; c'était la femme. es déviations sont dans l'homme à l'état latent. Les vices ont dans notre organisme un tracé invisible tout préparé. Même innocents, et en apparence purs, nous avons cela en nous. Être sans tache, ce n'est pas être sans défaut. L'amour st une loi. La volupté est un piège. Il y a l'ivresse, et il y a l'ivrognerie. L'ivresse, c'est de vouloir une femme; l'ivrognerie, c'est de vouloir la femme. Gwynplaine, hors de lui, tremblait. Que faire contre cette rencontre? Pas de flots d'étoffes, pas d'ampleurs soyeuses, pas de toilette prolixe et coquette, pas d'exagération galante cachant et montrant, pas de nuage. La nudité dans sa concision redoutable. Sorte de sommation mystérieuse, effrontément édénique. Tout le côté ténébreux de l'homme mis en demeure. Ève pire que Satan. L'humain et le surhumain amalgamés. Extase inquiétante, aboutissant au triomphe brutal de l'instinct sur le devoir. Le contour souverain de la beauté est impérieux. Quand il sort de l'idéal et quand il daigne être réel, c'est pour l'homme une roximité funeste. ar instants la duchesse se déplaçait mollement sur le lit, et avait les vagues mouvements d'une vapeur dans l'azur, hangeant d'attitude comme la nuée change de forme. Elle ondulait, composant et décomposant des III. EVE 95 'homme Qui Rit ourbes charmantes. Toutes les souplesses de l'eau, la femme les a. Comme l'eau, la duchesse avait on ne sait quoi 'insaisissable. Chose bizarre à dire, elle était là, chair visible, et elle restait chimérique. Palpable, elle semblait lointaine. wynplaine, effaré et pâle, contemplait. Il écoutait ce sein palpiter et croyait entendre une respiration de fantôme. Il était ttiré, il se débattait. Que faire contre elle? que faire contre lui? l s'était attendu à tout, excepté à cela. Un gardien féroce en travers de la porte, quelque furieux monstre geôlier à ombattre, voilà sur quoi il avait compté. Il avait prévu Cerbère; il trouvait Hébé. ne femme nue. Une femme endormie. uel sombre combat! l fermait les paupières. Trop d'aurore dans l'oeil est une souffrance. Mais, à travers ses paupières fermées, tout de suite il a revoyait. Plus ténébreuse, aussi belle. rendre la fuite, ce n'est pas facile. Il avait essayé, et n'avait pu. Il était enraciné comme on est dans le rêve. uand nous voulons rétrograder, la tentation cloue nos pieds au pavé. Avancer reste possible, reculer non. es invisibles bras de la faute sortent de terre et nous tirent dans le glissement. ne banalité acceptée de tout le monde, c'est que l'émotion s'émousse. Rien n'est plus faux. C'est comme si l'on disait ue, sous de l'acide nitrique tombant goutte à goutte, une plaie s'apaise et s'endort, et que l'écartèlement blase Damiens. a vérité est qu'à chaque redoublement, la sensation est plus aiguë. 'étonnement en étonnement, Gwynplaine était arrivé au paroxysme. Ce vase, sa raison, sous cette stupeur nouvelle, ébordait. Il sentait en lui un éveil effrayant. e boussole, il n'en avait plus. Une seule certitude était devant lui, cette femme. On ne sait quel irrémédiable bonheur 'entr'ouvrait, ressemblant à un naufrage. Plus de direction possible. Un courant irrésistible, et l'écueil. L'écueil, ce n'est as le rocher, c'est la sirène. Un aimant est au fond de l'abîme. S'arracher à cette attraction, Gwynplaine le voulait, mais omment faire? Il ne sentait plus de point d'attache. La fluctuation humaine est infinie. Un homme peut être désempar omme un navire. L'ancre, c'est la conscience. Chose lugubre, la conscience peut casser. l n'avait même pas cette ressource:Je suis défiguré et terrible. Elle me repoussera.Cette femme lui avait écrit qu'elle 'aimait. l y a dans les crises un instant de porte-à-faux. Quand nous débordons sur le mal plus que nous ne nous appuyons sur le ien, cette quantité de nous-même qui est en suspens sur la faute finit par l'emporter et nous précipite. Ce moment riste était-il venu pour Gwynplaine? omment échapper? insi c'était elle! la duchesse! cette femme! Il l'avait devant lui, dans cette chambre, dans ce lieu désert, endormie, livrée, eule. Elle était à sa discrétion, et il était en son pouvoir! a duchesse! n a aperçu une étoile au fond des espaces. On l'a admirée. Elle est si loin! que craindre d'une étoile fixe? Un jour,une uit,on la voit se déplacer. On distingue un frisson de lueur autour d'elle. Cet astre, qu'on croyait III. EVE 96 'homme Qui Rit mpassible, remue. Ce n'est pas l'étoile, c'est la comète. C'est l'immense incendiaire du ciel. L'astre marche, grandit, secoue une chevelure de pourpre, devient énorme. C'est de votre côté qu'il se dirige. O terreur, il vient à vous! La comète vous connaît, la comète vous désire, la comète vous veut. Épouvantable approche céleste. Ce qui arrive sur vous, c'est le rop de lumière, qui est l'aveuglement; c'est l'excès de vie, qui est la mort. Cette avance que vous fait le zénith, vous la efusez. Cette offre d'amour du gouffre, vous la rejetez. ous mettez votre main sur vos paupières, vous vous cachez, vous vous dérobez, vous vous croyez sauvé. ous rouvrez les yeux...L'étoile redoutable est là. Elle n'est plus étoile, elle est monde. Monde ignoré. onde de lave et de braise. Dévorant prodige des profondeurs. Elle emplit le ciel. Il n'y a plus qu'elle. 'escarboucle du fond de l'infini, diamant de loin, de près est fournaise. Vous êtes dans sa flamme. t vous sentez commencer votre combustion par une chaleur de paradis. IV. SATAN Tout à coup la dormeuse se réveilla. Elle se dressa sur son séant avec une majesté brusque et harmonieuse; ses cheveux de blonde soie floche se répandirent avec un doux tumulte sur ses reins; sa chemise tombante laissa voir son épaule très bas; elle toucha de sa main délicate son orteil rose, et regarda quelques instants son pied nu, digne d'être adoré par Périclés et copi par Phidias; puis elle s'étira et bâilla comme une tigresse au soleil levant. Il est probable que Gwynplaine respirait, comme lorsqu'on retient son souffle, avec effort. Est-ce qu'il y a là quelqu'un? dit-elle. Elle dit cela tout en bâillant, et c'était plein de grâce. Gwynplaine entendit cette voix qu'il ne connaissait pas. Voix de charmeuse; accent délicieusement hautain; l'intonation de la caresse tempérant l'habitude du commandement. En même temps, se dressant sur ses genoux, il y a une statue antique ainsi agenouillée dans mille plis transparents, elle tira à elle la robe de chambre et se jeta à bas du lit, nue et debout, le temps de voir passer une flèche, et tout de suite enveloppée. En un clin d'oeil la robe de soie la couvrit. Les manches, très longues, lui cachaient les mains. On ne voyait plus que le bout des doigts de ses pieds, blancs avec de petits ongles, comme des pieds d'enfant. Elle s'ôta du dos un flot de cheveux qu'elle rejeta sur sa robe, puis elle courut derrière le lit, au fond de l'alcôve, et appliqua son oreille au miroir peint qui vraisemblablement recouvrait une porte. Elle frappa contre la glace avec le petit coude que fait l'index replié. Y a-t-il quelqu'un? Lord David! est-ce que ce serait déj vous? Quelle heure est-il donc? Est-ce toi, Barkilphedro? Elle se retourna. Mais non. Ce n'est pas de ce côté-ci. Est-ce qu'il y a quelqu'un dans la chambre de bain? Mais répondez donc! Au fait, non, personne ne peut venir par là. Elle alla au rideau de toile d'argent, l'ouvrit du bout de son pied, l'écarta d'un mouvement d'épaule, et entra dans la chambre de marbre. IV. SATAN 297 L'homme Qui Rit Gwynplaine sentit comme un froid d'agonie. Nul abri. Il était trop tard pour fuir. D'ailleurs il n'en avait pas la force. Il eût voulu que le pavé se fendît, et tomber sous terre. Aucun moyen de ne pas être vu. Elle le vit. Elle le regarda, prodigieusement étonnée, mais sans aucun tressaillement, avec une nuance de bonheur et de mépris: Tiens, dit-elle, Gwynplaine! Puis, subitement, d'un bond violent, car cette chatte était une panthère, elle se jeta à son cou. Elle lui pressa la tête entre ses bras nus dont les manches, dans cet emportement, s'étaient relevées. Et tout à coup le repoussant, abattant sur les deux épaules de Gwynplaine ses petites mains comme des serres, elle debout devant lui, lui debout devant elle, elle se mit à le regarder étrangement. Elle regarda, fatale, avec ses yeux d'Aldébaran, rayon visuel mixte, ayant on ne sait quoi de louche et de sidéral. Gwynplaine contemplait cette prunelle bleue et cette prunelle noire, éperdu sous la double fixité de ce regard de ciel et de ce regard d'enfer. Cette femme et cet homme se renvoyaient l'éblouissement sinistre. Ils se fascinaient l'un l'autre, lui par la difformité, elle par la beauté, tous deux par l'horreur. Il se taisait, comme sous un poids impossible à soulever. Elle s'écria: Tu as de l'esprit. Tu es venu. Tu as su que j'avais ét forcée de partir de Londres. Tu m'as suivie. Tu as bien fait. Tu es extraordinaire d'être ici. Une prise de possession réciproque, cela jette une sorte d'éclair. Gwynplaine, confusément averti par une vague crainte sauvage et honnête, recula, mais les ongles roses crispés sur son épaule le tenaient. Quelque chose d'inexorable s'ébauchait. Il était dans l'antre de la femme fauve, homme fauve lui-même. Elle reprit: Anne, cette sotte,tu sais? la reine,elle m'a fait venir Windsor sans savoir pourquoi. Quand je suis arrivée, elle était enfermée avec son idiot de chancelier. Mais comment as-tu fait pour pénétrer jusqu'à moi? Voilà ce que j'appelle être un homme. Des obstacles. Il n'y en a pas. On est appelé, on accourt. Tu t'es renseigné? Mon nom, la duchesse Josiane, je pense que tu le savais. Qui est-ce qui t'a introduit? C'est le mousse sans doute. Il est intelligent. Je lui donnerai cent uinées. Comment t'y es-tu pris? dis-moi cela. Non, ne me le dis pas. Je ne veux pas le savoir. Expliquer rapetisse. Je 'aime mieux surprenant. Tu es assez monstrueux pour être merveilleux. Tu tombes de l'empyrée, voilà, ou tu montes du roisième dessous, travers la trappe de l'Érèbe. ien de plus simple, le plafond s'est écarté ou le plancher s'est ouvert. Une descente par les nuées ou une ascension dans n flamboiement de soufre, c'est ainsi que tu arrives. Tu mérites d'entrer comme les dieux. 'est dit, tu es mon amant. wynplaine, égaré, écoutait, sentant de plus en plus sa pensée osciller. C'était fini. Et impossible de douter. a lettre de la nuit, cette femme la confirmait. Lui, Gwynplaine, amant d'une duchesse, amant aimé! 'immense orgueil aux mille têtes sombres remua dans ce coeur infortuné. a vanité, force énorme en nous, contre nous. a duchesse continua: V. SATAN 98 'homme Qui Rit uisque tu es là, c'est que c'est voulu. Je n'en demande pas davantage. Il y a quelqu'un en haut, ou en bas, qui nous jette 'un à l'autre. Fiançailles du Styx et de l'Aurore. Fiançailles effrénées hors de toutes les lois! Le jour où je t'ai vu, j'ai it:C'est lui. Je le reconnais. C'est le monstre de mes rêves. Il sera à moi.Il faut aider le destin. C'est pourquoi je t'ai écrit. ne question, Gwynplaine? crois-tu à la prédestination? J'y crois, moi, depuis que j'ai lu le Songe de Scipion dans Cicéron. iens, je ne remarquais pas. Un habit de gentilhomme. u t'es habillé en seigneur. Pourquoi pas? Tu es saltimbanque. Raison de plus. Un bateleur vaut un lord. 'ailleurs, qu'est-ce que les lords? des clowns. Tu as une noble taille, tu es très bien fait. C'est inouï que tu sois ici! Quand s-tu arrivé? Depuis combien de temps es-tu là? Est-ce que tu m'as vue nue? je suis belle, n'est-ce pas? J'allais prendre on bain. Oh! je t'aime. Tu as lu ma lettre! L'as-tu lue toi-même? Te l'a-t-on lue? Sais-tu lire? Tu dois être ignorant. Je e fais des questions, mais n'y réponds pas. Je n'aime pas ton son de voix. Il est doux. Un être incomparable comme toi ne evrait pas parler, mais grincer. Tu chantes, c'est harmonieux. Je hais cela. C'est la seule chose en toi qui me déplaise. out le reste est formidable, tout le reste est superbe. Dans l'Inde, tu serais dieu. Est-ce que tu es né avec ce rire pouvantable sur la face? Non, n'est-ce pas? C'est sans doute une mutilation pénale. J'espère bien que tu as commis uelque crime. Viens dans mes bras. lle se laissa tomber sur le canapé et le fit tomber près d'elle. Ils se trouvèrent l'un près de l'autre sans savoir comment. e qu'elle disait passait sur Gwynplaine comme un grand vent. Il percevait à peine le sens de ce tourbillon de mots orcenés. Elle avait l'admiration dans les yeux. Elle parlait en tumulte, frénétiquement, d'une voix éperdue et tendre. Sa arole était une musique, mais Gwynplaine entendait cette musique comme une tempête. lle appuya de nouveau sur lui son regard fixe. e me sens dégradée près de toi, quel bonheur! Être altesse, comme c'est fade! Je suis auguste, rien de plus fatigant. échoir repose. Je suis si saturée de respect que j'ai besoin de mépris. Nous sommes toutes un peu des extravagantes, à ommencer par Vénus, Cléopâtre, mesdames de Chevreuse et de Longueville, et à finir par moi. Je t'afficherai, je le éclare. Voilà une amourette qui fera une contusion à la royale famille Stuart dont je suis. Ah! je respire! J'ai trouvé 'issue. Je suis hors de là majesté. Être déclassée, c'est être délivrée. out rompre, tout braver, tout faire, tout défaire, c'est vivre. Écoute, je t'aime. lle s'interrompit, et eut un effrayant sourire. e t'aime non seulement parce que tu es difforme, mais parce que tu es vil. J'aime le monstre, et j'aime l'histrion. Un mant humilié, bafoué, grotesque, hideux, exposé aux rires sur ce pilori qu'on appelle un théâtre, cela a une saveur xtraordinaire. C'est mordre au fruit de l'abîme. Un amant infamant, c'est exquis. voir sous la dent la pomme, non du paradis, mais de l'enfer, voilà ce qui me tente, j'ai cette faim et cette soif, et je suis ette Ève-là. L'Ève du gouffre. Tu es probablement, sans le savoir, un démon. Je me suis gardée à un masque du songe. Tu s un pantin dont un spectre tient les fils. Tu es la vision du grand rire infernal. Tu es le maître que j'attendais. Il me fallait n amour comme en ont les Médées et les Canidies. 'étais sûre qu'il m'arriverait une de ces immenses aventures de la nuit. Tu es ce que je voulais. Je te dis là un tas de hoses que tu ne dois pas comprendre. Gwynplaine, personne ne m'a possédée, je me donne à toi pure comme la braise rdente. Tu ne me crois évidemment pas, mais si tu savais comme cela m'est égal! es paroles avaient le pêle-mêle de l'éruption. Une piqûre au flanc de l'Etna donnerait l'idée de ce jet de flamme. wynplaine balbutia: adame... V. SATAN 99

« secoue unechevelure depourpre, devienténorme.

C'estdevotre côtéqu'ilsedirige.

Oterreur, ilvient àvous! Lacomète vous connaît, lacomète vousdésire, lacomète vousveut.

Épouvantable approchecéleste.Cequi arrive survous, c'estle trop delumière, quiestl'aveuglement; c'estl'excès devie, quiestlamort.

Cetteavance quevous faitlezénith, vousla refusez.

Cetteoffred'amour dugouffre, vouslarejetez. Vous mettez votremainsurvos paupières, vousvouscachez, vousvousdérobez, vousvouscroyez sauvé. Vous rouvrez lesyeux...L'étoile redoutableestlà.Elle n'est plusétoile, elleestmonde.

Mondeignoré. Monde delave etde braise.

Dévorant prodigedesprofondeurs.

Elleemplit leciel.

Iln'y aplus qu'elle. L'escarboucle dufond del'infini, diamant deloin, deprès estfournaise.

Vousêtesdans saflamme. Et vous sentez commencer votrecombustion parune chaleur deparadis. IV. SATAN Tout àcoup ladormeuse seréveilla.

Ellesedressa surson séant avecunemajesté brusque etharmonieuse; sescheveux de blonde soiefloche serépandirent avecundoux tumulte surses reins; sachemise tombante laissavoirsonépaule très bas; elletoucha desamain délicate sonorteil rose,etregarda quelques instantssonpied nu,digne d'être adorépar Périclés etcopi parPhidias; puiselles'étira etbâilla comme unetigresse ausoleil levant. Il est probable queGwynplaine respirait,commelorsqu'on retientsonsouffle, aveceffort. Est−ce qu'ilya là quelqu'un? dit−elle. Elle ditcela tout enbâillant, etc'était pleindegrâce. Gwynplaine entenditcettevoixqu'il neconnaissait pas.Voix decharmeuse; accentdélicieusement hautain;l'intonation de lacaresse tempérant l'habitudeducommandement. En même temps, sedressant surses genoux, ilya une statue antique ainsiagenouillée dansmille plistransparents, elle tira àelle larobe dechambre etse jeta àbas dulit,nue etdebout, letemps devoir passer uneflèche, ettout desuite enveloppée.

Enun clin d'oeil larobe desoie lacouvrit.

Lesmanches, trèslongues, luicachaient lesmains.

Onnevoyait plus quelebout desdoigts deses pieds, blancs avecdepetits ongles, comme despieds d'enfant. Elle s'ôta dudos unflot decheveux qu'ellerejetasursarobe, puisellecourut derrière lelit, aufond del'alcôve, et appliqua sonoreille aumiroir peintquivraisemblablement recouvraituneporte. Elle frappa contrelaglace aveclepetit coude quefaitl'index replié. Y a−t−il quelqu'un? LordDavid! est−ce queceserait déjvous? Quelle heureest−ildonc? Est−ce toi,Barkilphedro? Elle seretourna. Mais non.Cen'est pasdececôté−ci.

Est−cequ'ilya quelqu'un danslachambre debain? Maisrépondez donc!Aufait, non, personne nepeut venir parlà. Elle allaaurideau detoile d'argent, l'ouvritdubout deson pied, l'écarta d'unmouvement d'épaule,etentra dansla chambre demarbre. IV.

SATAN 297 L'homme QuiRit Gwynplaine sentitcomme unfroid d'agonie.

Nulabri.

Ilétait troptardpour fuir.D'ailleurs iln'en avait paslaforce.

Ileût voulu quelepavé sefendît, ettomber sousterre.

Aucun moyen denepas être vu. Elle levit. Elle leregarda, prodigieusement étonnée,maissansaucun tressaillement, avecunenuance debonheur etde mépris: Tiens, dit−elle, Gwynplaine! Puis, subitement, d'unbond violent, carcette chatte étaitunepanthère, ellesejeta àson cou. Elle luipressa latête entre sesbras nusdont lesmanches, danscetemportement, s'étaientrelevées. Et tout àcoup lerepoussant, abattantsurlesdeux épaules deGwynplaine sespetites mainscomme desserres, elle debout devantlui,luidebout devantelle,ellesemit àle regarder étrangement. Elle regarda, fatale,avecsesyeux d'Aldébaran, rayonvisuelmixte, ayantonnesait quoi delouche etde sidéral. Gwynplaine contemplait cetteprunelle bleueetcette prunelle noire,éperdu sousladouble fixitédeceregard deciel et de ceregard d'enfer.

Cettefemme etcet homme serenvoyaient l'éblouissement sinistre.Ilsse fascinaient l'unl'autre, lui par ladifformité, elleparlabeauté, tousdeux parl'horreur. Il se taisait, comme sousunpoids impossible àsoulever.

Elles'écria: Tu asde l'esprit.

Tuesvenu.

Tuassu que j'avais étforcée departir deLondres.

Tum'as suivie.

Tuasbien fait.Tues extraordinaire d'êtreici. Une prise depossession réciproque, celajette unesorte d'éclair.

Gwynplaine, confusément avertiparune vague crainte sauvage ethonnête, recula,maislesongles rosescrispés surson épaule letenaient.

Quelquechosed'inexorable s'ébauchait.

Ilétait dans l'antre delafemme fauve,homme fauvelui−même. Elle reprit: Anne, cettesotte,tu sais?lareine,elle m'afaitvenir Windsor sanssavoir pourquoi.

Quandjesuis arrivée, elleétait enfermée avecsonidiot dechancelier.

Maiscomment as−tufaitpour pénétrer jusqu'àmoi?Voilà ceque j'appelle êtreun. »

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