de chaise pour aller s'asseoir plus près du docteur, et
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
lequel
ildevait monter ; ilallait êtreabsent, disait-on, pourplusieurs années,àmoins qu’ilnepût obtenir uncongé, ou
que sasanté nel’obligeât derevenir plustôt.Jeme souviens qu’ondécida quel’Inde étaitunpays calomnié, etqu’on
n’avait autrechose àycraindre qu’untigre,par-ci par-là, etune chaleur unpeu excessive aumilieu dujour.
Pour mon
compte, jeregardais M. JackMaldon commeunmoderne Sindbad ; jeme lereprésentai commel’amiintime detous les
rajahs del’Orient, assissousundais, etfumant deshookabs dorés,quiauraient euun quart delieue delong, sion les
avait déroulés.
Mistress Strongchantait trèsagréablement : jelesavais pourl’avoir souvent entendue chanterseule ;maissoit
qu’elle eûthonte dechanter devantlemonde, soitqu’elle nefût pas envoix cesoir-là, elleneput envenir àbout.
Elle
essaya unduo avec soncousin Maldon, maiselleneput articuler lapremière note,etquand ellevoulut ensuite passerà
un solo, savoix, trèspure aucommencement, s’éteignittoutàcoup, etelle enfut sitroublée qu’ellerestadevant son
piano enbaissant latête surlestouches.
Lebon docteur ditqu’elle avaitmalauxnerfs, etilproposa, pourlasoulager,
une partie decartes : ilyétait, jecrois, àpeu près aussi fortqu’à jouer dutrombone.
Maisjeremarquai queleVieux-
Troupier leprît àl’instant mêmepoursonpartenaire, etqu’une foissous sagarde, lapremière instruction qu’ilreçut fut
de luiremettre toutl’argent qu’ilavait danssapoche.
Le jeu futtrès gai,grâce surtout auxinnombrables méprisesquefitledocteur endépit delavigilance despapillons,
très irrités deleur mauvais succès.Mistress Strongavaitrefusé dejouer, endisant qu’elle nesesentait pastrès bien, et
son cousin Maldon s’étaitexcusé, sousprétexte qu’ilavait desmalles àfaire.
Sesmalles furentapparemment bientôt
faites, carilreparut presque aussitôtdanslesalon pourallers’asseoir surlecanapé àcôté desacousine.
Detemps en
temps seulement, elleselevait pourallerregarder lejeu dudocteur, etlui donner unconseil.
Elleétait trèspâle ense
penchant verslui,etilme semblait quesondoigt tremblait enindiquant lescartes ; maisledocteur, heureuxdeses
attentions, nesedoutait pasdeces petits détails.
Le souper nefut pas très gai ; tout lemonde avaitl’airdesentir qu’une séparation decette espèce étaitquelque
chose d’unpeuembarrassant, etl’embarras augmentait àmesure quel’heure dudépart approchait.
M. JackMaldon
faisait toussesefforts poursoutenir laconversation, maisiln’était pasàson aise, etne faisait quegâter tout.LeVieux-
Troupier ajoutaitencoreaumalaise général, àce qu’il mesemblait, enrappelant sanscesse desépisodes rétrospectifs
de lajeunesse deM. Jack Maldon.
Le docteur pourtant convaincu, j’ensuis sûr,qu’il avait, parcette réunion dernière, rendutoutlemonde très
heureux, étaitradieux, etiln’avait paslaplus légère idéequenous nefussions pastous aucomble delajoie.
« Annie, machère, dit-ilenregardant àsa montre, eten remplissant sonverre, voilàl’heure dudépart devotre
cousin Jackquisepasse, etnous nedevons pasleretenir, carletemps etlamarée n’attendent personne.M. Jack
Maldon, vousavezdevant vousunlong voyage, etvous allezenpays étranger ; maisvousn’êtes paslepremier, etvous
ne serez pasledernier jusqu’àlafin des temps.
Lesvents quevous allezaffronter ontconduit desmilliers d’hommes à
la fortune, commeilsen ont ramené heureusement desmilliers dansleurpatrie.
– C’est unechose bienémouvante, ditmistress Markleham, dequelque côtéqu’on envisage laquestion, c’estune
chose bienémouvante, quedevoir unbeau jeune homme qu’onaconnu depuis sonenfance, partirainsipour l’autre
bout dumonde, enlaissant derrière luitous sesamis, sanssavoir cequ’il vatrouver là-bas ;unjeune homme quifait un
pareil sacrifice mériteunappui etune protection constante, continua-t-elle enregardant ledocteur.
– Le temps coulera vitepour vous, monsieur JackMaldon, ditledocteur, ilcoulera vitepour nous tous.
Ilyen a
parmi nousquipeuvent àpeine espérer raisonnablement, danslecours naturel deschoses, d’êtreenvie pour vous
féliciter àvotre retour, maisiln’est pasdéfendu del’espérer pourtant, etc’est ceque jefais.
Jene vous fatiguerai pas
de longs avis.Vous avezdepuis longtemps devantvousunexcellent modèleenvotre cousine Annie.Imitezsesvertus
autant quecela vous serapossible. »
Mistress Markleham s’éventaitenhochant latête.
« Adieu, monsieur Jack,ditledocteur enselevant, surquoi toutlemonde seleva : jevous souhaite unbon voyage,
du succès dansvotre carrière, etun heureux retourdansnotre pays ! »
Tout lemonde butàla santé deM. Jack Maldon ; onéchangea despoignées demains, puisilprit àla hâte congé de
toutes lesdames, etse précipita verslaporte, oùilfut reçu enmontant envoiture paruntonnerre d’applaudissements,
poussés parnos camarades, quis’étaient assemblés surlapelouse danscebut.
Jecourus lesrejoindre pouraugmenter
leur nombre ; etjevis très nettement, aumilieu delapoussière etdu bruit, lafigure deM. Jack Maldon quiétait
appuyé danslavoiture ettenait àla main unruban cerise.
Après deshourras poussés pourledocteur etdes hourras poussés pourlafemme dudocteur, lesélèves se
dispersèrent, etjerentrai danslamaison, oùjetrouvai toutlemonde réuniengroupe autourdelui.
Onydiscutait le
départ deM. Maldon, soncourage, sesémotions ettout cequi s’ensuit.
Aumilieu detoutes cesobservations, mistress.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Docteur Jekyll et Mr Hyde
- GESTES ET OPINIONS DU DOCTEUR FAUSTROLL, PATAPHYSICIEN de JARRY (résumé de l'oeuvre & analyse détaillée)
- Le personnage d'HINKFUSS (le docteur).
- FAUSTROLL (le docteur). Personnage de Alfred Jarry d’Ubu Roi
- DOCTEUR-NOIR (le). Personnage de l’œuvre d’Alfred de Vigny Stello