Dans toutes les créatures qui ne font pas des autres leurs proies et que de violentes passions n'agitent pas, se manifeste un remarquable désir de compagnie, qui les associe les unes les autres.
Publié le 03/11/2013
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Dans toutes les créatures qui ne font pas des autres leurs proies et que de violentes passions n'agitent pas, se manifeste un remarquable désir de compagnie, qui les associe les unes les autres. Ce désir est encore plus manifeste chez l'homme : celui-ci est la créature de l'univers qui a le désir le plus ardent d'une société, et il y est adapté par les avantages les plus nombreux. Nous ne pouvons former aucun désir qui ne se réfère pas à la société. La parfaite solitude est peut-être la plus grande punition que nous puissions souffrir. Tout plaisir est languissant quand nous en jouissons hors de toute compagnie, et toute peine devient plus cruelle et plus intolérable. Quelles que soient les autres passions qui nous animent, orgueil, ambition, avarice, curiosité, désir de vengeance, ou luxure, le principe de toutes, c'est la sympathie : elles n'auraient aucune force si nous devions faire entièrement abstraction des pensées et des sentiments d'autrui. Faites que tous les pouvoirs et tous les éléments de la nature s'unissent pour servir un seul homme et pour lui obéir ; faites que le soleil se lève et se couche à son commandement ; que la mer et les fleuves coulent à son gré ; que la terre lui fournisse spontanément ce qui peut lui être utile et agréable : il sera toujours misérable tant que vous ne lui aurez pas donné au moins une personne avec qui il puisse partager son bonheur, et de l'estime et de l'amitié de qui il puisse jouir. HUME
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- Chez toutes les créatures qui ne vivent pas comme des prédateurs aux dépens des autres, et que n'agitent pas des passions violentes, se manifeste un remarquable désir de compagnie qui les associe sans qu'elles ne puissent jamais projeter de récolter le moindre avantage de leur union.
- Comment se fait-il que M. Jourdain soit ridicule alors qu’il manifeste un désir si légitime, semble-t-il, de s’instruire et de s’élever au-dessus de sa condition?
- Que pensez-vous de ces lignes de Fénelon (Lettre à l'Académie) : « Il faut séparer d'abord la tragédie d'avec la comédie. L'une représente les grands événements qui excitent les violentes passions ; l'autre se borne à représenter les mœurs des hommes dans une condition privée » ? Ces définitions vous semblent-elles satisfaisantes ? Cette distinction des genres dramatiques est-elle fondée en nature et en raison ? N'y a-t-il pas des genres intermédiaires ou mixtes, également légitimes ?
- Les passions d'aversion sont les plus durables et les plus violentes.
- Les sens, l'imagination et les passions vont toujours de compagnie... Par les passions j'entends le mouvement de l'âme et des esprits causés par les sens et par l'imagination, et qui agit à son tour sur la cause qui les produit: car tout cela n'est qu'une circulation continuelle de sentiments et de mouvements qui s'entretiennent et se reproduisent. Malebranche, Traité morale, I. XIII, 1. Commentez cette citation.