Dans l'attachement d'un homme à sa vie, il y a quelque chose de plus fort que toutes les misères du monde.
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
Lemythe deSisyphe.
Essai surl’absurde.
(1942)
Un
raisonnement absurde
LESMURS ABSURDES
Retour àla table desmatièresComme
lesgrandes œuvres, lessentiments profondssignifient toujoursplusqu'ils n'ontconscience de
le dire.
Laconstance d'unmouvement oud'une répulsion dansuneâme seretrouve dansdeshabitudes de
faire oude penser, sepoursuit dansdesconséquences quel'âme elle-même ignore.Lesgrands sentiments
promènent aveceuxleur univers, splendide oumisérable.
Ilséclairent deleur passion unmonde exclusif où
ils retrouvent leurclimat.
Ilyaun univers delajalousie, del'ambition, del'égoïsme oude lagénérosité.
Un univers, c'est-à-dire unemétaphysique etune attitude d'esprit.
Cequi est vrai desentiments déjà
spécialisés lesera plusencore pourdesémotions àleur base aussi indéterminées àla fois aussi confuses
et aussi « certaines », aussilointaines etaussi « présentes » quecelles quenous donne lebeau ouque
suscite, l'absurde.
Le sentiment del'absurdité audétour den'importe quelleruepeut frapper àla face den'importe quel
homme.
Telquel, danssanudité désolante, danssalumière sansrayonnement, ilest insaisissable.
Mais
cette difficulté mêmemérite réflexion.
Ilest probablement vraiqu'un homme nousdemeure àjamais
inconnu etqu'il yatoujours enlui quelque chosed'irréductible quinous échappe.
Mais pratiquement ,
je
connais leshommes etjeles reconnais àleur conduite, àl'ensemble deleurs actes, auxconséquences que
leur passage suscitedanslavie.
Demême touscessentiments irrationnels surlesquels l'analyse nesaurait
avoir deprise, jepuis pratiquement les
définir, pratiquement les
apprécier, àréunir lasomme deleurs
conséquences dansl'ordre del'intelligence, àsaisir etànoter tousleurs visages, àretracer leurunivers.
Il est certain qu'apparemment, pouravoir vucent foislemême acteur, jene l'en connaîtrai
personnellement pasmieux.
Pourtant sije fais lasomme deshéros qu'ilaincarnés etsije dis que jele
connais unpeu plus aucentième personnage recensé,onsent qu'ilyaura làune part devérité.
Carce
paradoxe apparentestaussi unapologue.
Ilaune moralité.
Elleenseigne qu'unhomme sedéfinit aussibien
par sescomédies queparsesélans sincères.
Ilen est ainsi, unton plus bas, dessentiments, inaccessibles
dans lecœur, maispartiellement trahisparlesactes qu'ilsaniment etles attitudes d'espritqu'ils
supposent.
Onsent bienqu'ainsi jedéfinis uneméthode.
Maisonsent aussi quecette méthode est
d'analyse etnon deconnaissance.
Carlesméthodes impliquent desmétaphysiques, ellestrahissent àleur
insu lesconclusions qu'ellesprétendent parfoisnepas encore connaître.
Ainsilesdernières pagesd'un
livre sontdéjà dans lespremières.
Cenœud estinévitable.
Laméthode définieiciconfesse lesentiment
que toute vraieconnaissance, estimpossible.
Seuleslesapparences peuventsedénombrer etleclimat se
faire sentir.
Cet insaisissable sentimentdel'absurdité, peut-êtrealorspourrons-nous l'atteindredanslesmondes
différents maisfraternels, del'intelligence, del'art devivre oude l'art toutcourt.
Leclimat de
l'absurdité estaucommencement.
Lafin, c'est l'univers absurdeetcette attitude d'espritquiéclaire le
monde sousunjour quiluiest propre, pourenfaire resplendir levisage privilégié etimplacable qu'ellesait.
»
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