D'ailleurs, on le sait, la correspondance ne se faisait qu'en langage chiffré, et par une méthode qui, si elle exigeait le secret, donnait du moins une sécurité absolue.
Publié le 01/11/2013
Extrait du document
«
« Votre
voyage, Mathias ?… demanda-t-il avecl’empressement d’unhomme quiveut être
rassuré toutd’abord.
– Il aréussi, Zathmar, réponditlecomte Sandorf.
Jene pouvais douterdessentiments demes
amis delaTransylvanie, etnous sommes assurésdeleur concours.
– Tu leurascommuniqué cettedépêche quinous estarrivée dePesth, ilya trois jours ? reprit
Étienne Bathory, dontl’intimité aveclecomte Sandorf allaitjusqu’au tutoiement.
– Oui, Étienne, répondit MathiasSandorf, oui,ilssont prévenus.
Euxaussi sontprêts ! Ilsse
lèveront aupremier signal.Endeux heures, nousserons maîtres deBude etde Pesth, enune
demi-journée desprincipaux comitatsendeçà etau-delà delaTheiss, enune journée dela
Transylvanie etdu gouvernement desLimites militaires.
Etalors huitmillions deHongrois
auront reconquis leurindépendance !
– Et ladiète ? demanda Bathory.
– Nos partisans ysont enmajorité, réponditMathiasSandorf.
Ilsformeront aussitôtlenouveau
gouvernement, quiprendra ladirection desaffaires.
Toutirarégulièrement etfacilement,
puisque lescomitats, encequi concerne leuradministration, dépendentàpeine dela
Couronne, etque leurs chefs ontlapolice àeux.
– Mais leconseil delaLieutenance duroyaume quelepalatin préside àBude… repritLadislas
Zathmar.
– Le palatin etleconseil deBude seront aussitôt misdans l’impossibilité d’agir…
– Et dans l’impossibilité decorrespondre aveclachancellerie deHongrie, àVienne ?
– Oui ! toutesnosmesures sontprises pourquelasimultanéité denos mouvements enassure
le succès.
– Le succès ! repritÉtienne Bathory.
– Oui, lesuccès ! répondit lecomte Sandorf.
Dansl’armée, toutcequi estdenotre sang,du
sang hongrois, estànous etpour nous ! Quelestledescendant desanciens Magyars, dontle
cœur nebattrait pasàla vue dudrapeau desRodolphe etdes Corvin ! »
Et Mathias Sandorfprononça cesmots avecl’accent duplus noble patriotisme.
« Mais jusque-là, reprit-il,nenégligeons rienpour écarter toutsoupçon ! Soyonsprudents,
nous n’enserons queplus forts ! –Vous n’avez rienentendu diredesuspect àTrieste ?
– Non, répondit LadislasZathmar.
Ons’ypréoccupe surtoutdestravaux quel’État faitexécuter
à Pola, etpour lesquels laplus grande partiedesouvriers aété embauchée. »
En effet, depuis unequinzaine d’années, legouvernement autrichien,enprévision d’uneperte
possible delaVénétie, –perte quis’est réalisée, –avait eul’idée defonder àPola, àl’extrémité
méridionale delapéninsule istrienne,d’immenses arsenauxetun port deguerre, pour
commander toutcefond del’Adriatique.
Malgrélesprotestations deTrieste, dontceprojet
diminuait l’importance maritime,lestravaux avaientétépoursuivis avecunefiévreuse ardeur.
Mathias Sandorfetses amis pouvaient doncpenser quelesTriestains seraientdisposés àles
suivre, danslecas oùlemouvement séparatistesepropagerait jusqu’àeux.
Quoi qu’ilenfût, lesecret decette conspiration enfaveur del’autonomie hongroiseavaitété
bien gardé.
Rienn’aurait pufaire soupçonner àla police quelesprincipaux conjurésfussent
alors réunis danscette modeste maisondel’avenue d’Acquedotto.
Ainsi donc, pourlaréussite decette entreprise, ilsemblait quetout eûtétéprévu, etqu’il n’y
avait plusqu’à attendre lemoment précispouragir.Lacorrespondance chiffrée,échangée
entre Trieste etles principales villesdelaHongrie etde laTransylvanie, allaitdevenir trèsrare
ou même nulle,àmoins d’événements improbables.Lesoiseaux voyageurs n’auraient plus
aucune dépêche àporter désormais, puisquelesdernières mesuresavaientétéarrêtées.
Aussi,
par excès deprécaution, avait-onprisleparti deleur fermer lerefuge delamaison deLadislas
Zathmar.
Il faut ajouter, d’autrepart,quesil’argent estlenerf delaguerre, ilest aussi celuides.
»
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