Culture et universalité

Dans un livre déjà cité, les auteurs constatent que « grâce aux moyens techniques et à la rapidité des communications sur la surface du globe, des éléments culturels, apanages de peuples restreints ou peu connus, sont devenus le patrimoine commun de l’humanité. « Ils y voient un phénomène de convergence qui tend à faire des civi­lisations les éléments d*une culture universelle.

« Vue au plan mondial, cette lente diffusion d’une culture nou­velle révèle et annonce un phénomène capital dans l’histoire des civi­lisations : sous nos yeux, se crée un continuum psychologique ana­logue au continuum physique de l’air; concrètement, les hommes du monde entier respirent progressivement une ambiance collective, faite de quelques idées-forces, auxquelles ils participent sans même le savoir ou le vouloir : selon l’expression du P. Teilhard de Chardin« la « noosphère « est constituée. « En dépit de ce qu’il peut y avoir d’artificiel dans les adaptations locales des grandes modes intellec­tuelles de ce temps, leur propagation... d’un bout à l’autre de la pla­nète, prouve que nous sommes bien arrivés, comme le pressentent nos philosophes, à la phase planétaire de l’histoire et que la noosphère est bien désormais un milieu continu. Ce que l’histoire contempo­raine nous apprend de l’homme, c’est que l’humanité est arrivée (ou revenue), après combien de siècles, après combien de millénaires de différenciation, à une conscience collective. « (R. Grousset).

Si l’on ne craignait pas de forcer l’image, on dirait que, jusqu’à présent, les civilisations se sont comportées comme les lois méca­niques, agissant entre elles comme des liquides en fusion ou des solides en réaction mutuelle; aujourd’hui, en raison d’une plus grande unité de ce continuum psychologique, une civilisation unique s’ébauche timidement au sein de laquelle les échanges ressemblent aux transmissions électriques!

(J. Laloup et J. Nélis. Culture et civilisation. Casterman, éditeur).