Devoir de Philosophie

Corneille a dit dans son Premier discours sur le poème dramatique : « Les grands sujets qui remuent fortement les passions et en opposent l'impétuosité aux lois du devoir ou aux tendresses du sang doivent toujours aller au-delà du vraisemblable et ne trouveraient aucune créance parmi les auditeurs s'ils n'étaient soutenus par l'autorité de l'histoire. » Dans quelle mesure cette invraisemblance relative des sujets a-t-elle pu entraîner chez Corneille l'invraisemblance des caractères ?

Publié le 12/03/2011

Extrait du document

corneille

   La question posée nous invite à négliger la question du sujet même, des événements de la tragédie et à nous en tenir à l'étude des caractères.    L'expression dans quelle mesure doit vous incliner à conclure que, dans la discussion, il y aura du pour et du contre, certains caractères ou certaines parties de caractère qui vont au-delà du vraisemblable, d'autres qui sont humains et vivants. Le procédé le plus simple, pour choisir et répartir les exemples, est celui de la revue. Passez en revue les principaux personnages des tragédies de Corneille que vous connaissez. Le Cid : si héroïques que soient Chimène et Rodrigue, ils ne peuvent s'empêcher d'aimer, d'être déchirés de regret (et c'est pour cela que Scudéry, les Sentiments de l'Académie, etc., accusaient la pièce d'immoralité). Jamais ce qu'ils éprouvent et ce qu'ils disent ne va au-delà du vraisemblable le plus humain. Horace : l'inflexibilité, la dureté, la violence du patriotisme du jeune Horace peuvent sembler exceptionnelles, inhumaines; Corneille croyait seulement qu'elle était justifiée par l'histoire (en réalité légendaire) qu'il trouvait dans Tite-Live. Mais le vieil Horace, Curiace, ont des âmes plus complexes et Camille est toute passion. Cinna : Emilie est conventionnelle; elle est pour nous une « furie « qui n'est plus guère « adorable «; Auguste est plus humain, etc.    Vous pouvez vous demander (ce n'est pas une nécessité) dans quelle mesure ces caractères sont la conséquence des sujets ou si les sujets n'ont pas été inventés pour convenir aux caractères. Nous renvoyons au sujet 12 qui discute la question.    Pour ce sujet comme pour d'autres, il sera bon de chercher une explication. La part de convention s'explique par la conception que se font de la tragédie et Corneille et ses contemporains. Mais chez les contemporains, Du Ryer, Scudéry ou même le plus souvent Rotrou, il n'y a que la convention : héros ou énergumènes tout d'une pièce et style déclamatoire. Le génie instinctif de Corneille a été de lui faire concevoir des caractères qui, dans les chefs-d'œuvre, restent le plus souvent complexes et vivants.    Plan. — I. Part de convention dans les caractères. — II. Caractères vivants : A) l'amour (Chimène, Camille, Pauline). — III. Même sujet : B) autres complexités. — IV (facultatif). Rapport de l'action et des caractères. — V- Explication.

Liens utiles