Contes de la bécasse Ils défilaient interminablement, tous pareils, avec ce mouvement de pantins qui leur est particulier.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
La neige tombait maintenant jour et nuit, ensevelissant la plaine et les bois sous un linceul de mousse glacée.
Les loups venaient hurler jusqu'à nos portes.
La pensée de cette femme perdue me hantait ; et je fis plusieurs démarches auprès de l'autorité prussienne,
afin d'obtenir des renseignements.
Je faillis être fusillé.
Le printemps revint.
L'armée d'occupation s'éloigna.
La maison de ma voisine restait fermée ; l'herbe drue
poussait dans les allées.
La vieille bonne était morte pendant l'hiver.
Personne ne s'occupait plus de cette aventure ; moi seul y
songeais sans cesse.
Qu'avaient-ils fait de cette femme ? s'était-elle enfuie à travers les bois ! L'avait-on recueillie quelque part,
et gardée dans un hôpital sans pouvoir obtenir d'elle aucun renseignement.
Rien ne venait alléger mes doutes ;
mais, peu à peu, le temps apaisa le souci de mon coeur.
Or, à l'automne suivant, les bécasses passèrent en masse ; et, comme ma goutte me laissait un peu de répit, je
me traînai jusqu'à la forêt.
J'avais déjà tué quatre ou cinq oiseaux à long bec, quand j'en abattis un qui
disparut dans un fossé plein de branches.
Je fus obligé d'y descendre pour y ramasser ma bête.
Je la trouvai
tombée auprès d'une tête de mort.
Et brusquement le souvenir de la folle m'arriva dans la poitrine comme un
coup de poing.
Bien d'autres avaient expiré dans ces bois peut-être en cette année sinistre ; mais je ne sais
pourquoi, j'étais sûr, sûr, vous dis-je, que je rencontrais la tête de cette misérable maniaque.
Et soudain je compris, je devinai tout.
Ils l'avaient abandonnée sur ce matelas, dans la forêt froide et déserte,
et, fidèle à son idée fixe, elle s'était laissée mourir sous l'épais et léger duvet des neiges et sans remuer le bras
ou la jambe.
Puis les loups l'avaient dévorée.
Et les oiseaux avaient fait leur nid avec la laine de son lit déchiré.
J'ai gardé ce triste ossement.
Et je fais des voeux pour que nos fils ne voient plus jamais de guerre.
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PIERROT
A Henri Roujon.
Madame Lefèvre était une dame de campagne, une veuve, une de ces demi-paysannes à rubans et à chapeaux
falbalas, de ces personnes qui parlent avec des cuirs, prennent en public des airs grandioses, et cachent une
âme de brute prétentieuse sous des dehors comiques et chamarrés, comme elles dissimulent leurs grosses
mains rouges sous des gants de soie écrue.
Elle avait pour servante une brave campagnarde toute simple, nommée Rose.
Les deux femmes habitaient une petite maison à volets verts, le long d'une route, en Normandie, au centre du
pays de Caux.
Comme elles possédaient, devant l'habitation, un étroit jardin, elles cultivaient quelques légumes.
Contes de la bécasse
Contes de la bécasse 12.
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