Contes de la bécasse "Il faut que je les embrasse !
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
"Ils ne veulent pas, Henri, ils ne veulent pas !"
Alors ils firent une dernière tentative.
"Mais, mes amis, songez à l'avenir de votre enfant, à son bonheur, à..."
La paysanne, exaspérée, lui coupa la parole :
"C'est tout vu, c'est tout entendu, c'est tout réfléchi...
Allez-vous-en, et pi, que j' vous revoie point par ici.
C'est-i permis d' vouloir prendre un éfant comme ça !"
Alors, Mme d'Hubières, en sortant, s'avisa qu'ils étaient deux tout petits, et elle demanda à travers ses larmes,
avec une ténacité de femme volontaire et gâtée, qui ne veut jamais attendre :
"Mais l'autre petit n'est pas à vous ?"
Le père Tuvache répondit :
"Non, c'est aux voisins ; vous pouvez y aller, si vous voulez."
Et il rentra dans sa maison, où retentissait la voix indignée de sa femme.
Les Vallin étaient à table, en train de manger avec lenteur des tranches de pain qu'ils frottaient
parcimonieusement avec un peu de beurre piqué au couteau, dans une assiette entre eux deux.
M.
d'Hubières recommença ses propositions, mais avec plus d'insinuations, de précautions oratoires, d'astuce.
Les deux ruraux hochaient la tête en signe de refus ; mais quand ils apprirent qu'ils auraient cent francs par
mois, ils se considérèrent, se consultant de l'oeil, très ébranlés.
Ils gardèrent longtemps le silence, torturés, hésitants.
La femme enfin demanda :
"Qué qu' t'en dis, l'homme ?"
Il prononça d'un ton sentencieux :
"J' dis qu' c'est point méprisable."
Alors Mme d'Hubières, qui tremblait d'angoisse, leur parla de l'avenir du petit, de son bonheur, et de tout
l'argent qu'il pourrait leur donner plus tard.
Le paysan demanda :
"C'te rente de douze cents francs, ce s'ra promis d'vant l' notaire ?"
M.
d'Hubières répondit :
"Mais certainement, dès demain."
La fermière, qui méditait, reprit : Contes de la bécasse
Contes de la bécasse 48.
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