En réponse à l’avancée des idées protestantes véhiculées par la Réforme, l’Église catholique romaine entreprend une réorganisation de ses institutions et un réexamen des questions de dogme, pratiques religieuses et vie ecclésiastique, par le biais d’une Contre-Réforme. Lors de la troisième session du concile œcuménique de Trente, qui se déroule de 1562 à 1563, de nouvelles règles, plus strictes, sont définies pour les représentations picturales des thèmes religieux. L’Église redéfinit alors le rôle de l’image, support de dévotion mais également outil d’enseignement. Sévère sur certains points comme la nudité ou l’introduction de dieux païens, la Contre-Réforme encourage néanmoins la création par une revalorisation du statut des images et la sollicitation des artistes à déployer leur imagination. L’art baroque se saisira sans retenue de ces nouveaux préceptes.
Concile de Trente. « Décret sur l’invocation, la vénération et les reliques des saints, et sur les images saintes «.
Le Saint Concile enjoint à tous les évêques que, selon l’usage de l’Église catholique et apostolique, reçu dès les premiers temps de la religion chrétienne, et selon le sentiment unanime des saints Pères et les décrets des saints conciles, ils instruisent diligemment leurs fidèles particulièrement sur l’intercession des saints, la prière qu’on leur adresse, les honneurs rendus aux reliques et le légitime usage des images. Qu’ils leur apprennent que les saints qui règnent avec le Christ offrent à Dieu leurs prières pour les hommes ; qu’il est bon et utile de les invoquer humblement et, pour obtenir des bienfaits de Dieu par son Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, qui seul est notre Rédempteur et Sauveur, de recourir à leurs prières, à leur aide et à leur assistance. Ceux qui nient qu’on doive invoquer les saints qui jouissent dans le ciel de la félicité éternelle ; ou qui affirment que ceux-ci ne prient pas pour les hommes ; ou que les demandes qu’on leur adresse de prier pour chacun de nous sont de l’idolâtrie ; ou que c’est chose contraire à la parole de Dieu et opposée à l’honneur de Jésus-Christ, seul médiateur entre Dieu et les hommes ; ou que c’est sottise de supplier vocalement ou mentalement ceux qui règnent dans les cieux, tous ceux-là ont des pensées impies. [...]
[...] Si des abus s’étaient glissés dans ces saintes et salutaires pratiques, le saint concile désire très vivement les voir totalement abolies. Il ne faut exposer aucune image porteuse d’une fausse doctrine, qui donne aux gens simples l’occasion d’une erreur dangereuse. Si quelquefois on représente en images les histoires que raconte la sainte Écriture, ce qui peut être utile pour une masse peu instruite, on enseignera au peuple qu’elles ne représentent pas pour autant la divinité, comme si on pouvait la percevoir des yeux du corps ou l’exprimer par des couleurs et des formes. Toute superstition devra être absente de l’invocation des saints, toute recherche d’un gain malhonnête devra être éliminée, enfin toute indécence évitée. Ainsi les images n’auront ni à être peintes ni à être ornées d’une beauté profane provocante. Les fidèles, quand ils célébreront les saints et visiteront les reliques, n’en feront pas abusivement des occasions de gloutonnerie ou d’ivresse, comme si les jours de fêtes où l’on honore les saints devaient être passés dans la débauche et les débordements. Enfin les évêques devront veiller à ces choses avec grande diligence et grand soin pour que rien de désordonné, rien qui ait l’air intempestif et tumultueux, rien de déshonnête ne se produise, puisque c’est la sainteté qui convient à la maison de Dieu (Ps 93, 5).
Pour que ces prescriptions soient très fidèlement observées, le saint concile décide qu’il n’est permis à personne de placer ou faire placer en aucun lieu ou église une image inhabituelle, si elle n’a été approuvée par l’évêque. On ne reconnaîtra pas de nouveaux miracles, on ne recevra pas de nouvelles reliques sans l’examen et l’approbation de l’évêque. S’il apprend que ce genre de choses se produit, il fera, après avoir pris conseil de théologiens et d’autres hommes pieux, ce qu’il jugera conforme à la piété et à la vérité. [...]
Source : Lichtenstein (Jacqueline) (sous la dir. de), la Peinture, Paris, Larousse-Bordas, coll. « Textes essentiels «, 1997.
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