Claude Michelet Des grives aux loups - Sujet non corrigé
Publié le 21/01/2020
Extrait du document
Claude Michelet
Des grives aux loups
Robert Laffont, Coll. Presse Pocket, 1980
L’histoire se passe en 1902, dans le village de Saint-Libéral, en Corrèze. Le jeune Pierre-Édouard Vlalhe, fils d’agriculteurs, vient de passer les épreuves du Certificat d’Ètudes Primaires. (On passait cet examen à la fin de la scolarité à l'école primaire).
Une heure et demie plus tard, lorsque furent publiés les résultats, c’est d’un pas tremblant et la gorge sèche que Pierre-Édouard s’approcha du tableau d’affichage. Mais il ne savait pas où chercher son nom et c’est le maître qui lui annonça qu’il était reçu premier de la commune et troisième du canton. C’était plus qu’un succès, un triomphe ! Avec lui, mais de justesse, était reçu Edmond Vergne. Quant aux autres, c’était la débâcle...
Dès leur retour au bourg, le maître voulut absolument accompagner son élève jusque chez lui et, en les voyant passer, on ne savait qui, de l’instituteur ou de l’élève, était le plus fier, le plus heureux.
Le grand-père Édouard était seul, assis devant la maison ; depuis l’orage, ses rhumatismes le torturaient. Tout le reste de la famille moissonnait le froment dans la pièce1 des Malides, là-haut sur le plateau.
- Eh bien, voilà ! dit M. Lanzac, Pierre-Édouard est reçu, et bien reçu. Je suis très fier de lui.
Le vieil homme les regarda, puis eut ce geste qui stupéfia son petit-fils car il savait à quel point l’aïeul avait du mal à se tenir debout : il se leva. Il souriait de toutes ses rides et Pierre-Édouard n’en crut pas ses yeux lorsqu’il constata que les paupières du vieillard se frangeaient de larmes. Et son étonnement s’accrut encore lorsqu’il parla, non en patois, qui était pourtant sa langue habituelle, mais en français, ce français dont il n’usait qu’en des circonstances exceptionnelles.
- Non, non, assura-t-il, je ne suis pas gâteux, c’est rien...
Il avala sa salive, ébaucha un sourire :
- Tu comprends, tu es le premier de tous les Vialhe, le premier qui a un diplôme... Moi, je ne sais pas écrire, et à peine lire. Et toi, toi, tu as un diplôme, un vrai diplôme de l’État ! Attends-moi... Il entra en claudiquant dans la maison et ils l’entendirent fourrager dans sa chambre. Il revint, portant trois verres à bout de doigts et une bouteille de ratafia2 sous le bras. Il posa le tout sur le banc, s’assit, plongea la 30 main dans son gousset3 et en sortit un napoléon de vingt francs. Lorsqu’il tendit la pièce à son petit-fils, celui-ci fit non de la tête. Il ne pouvait accepter un cadeau d’une telle importance.
- Si, prends-la, ça me fait tellement plaisir. Elle est pour toi : tu la mérites. Allez, prends-la.
35 Pierre-Edouard avança la main vers la paume calleuse et couturée de rides noirâtres où brillait le napoléon. Quand il toucha la peau, sèche et dure comme du vieux cuir, Edouard Vialhe ferma le poing et serra longuement celui de son petit-fils.
- Le premier de tous les Vialhe... Tu es un homme, maintenant. On 40 va boire à ta santé et à celle de ton maître, et il dînera chez nous ce soir.
On a eu assez de misères ces derniers jours, il faut se fabriquer un peu de bonheur.
1. La pièce : le champ.
2. Ratafia : liqueur alcoolisée.
3. Gousset : poche du gilet.
■ Questions (15 points)
I. UN GRAND-PÈRE
5,5 POINTS
► 1. Pour désigner le grand-père, au début du texte, le narrateur utilise le groupe nominal « le grand-père Édouard » (ligne 10).
a) Relevez, dans la suite du texte, tous les substituts nominaux utilisés pour désigner ce personnage. (1 point)
b) « Il entra en claudiquant dans la maison» (ligne 27). Proposez un synonyme de « en claudiquant ». (0,5point)
c) Sur quel aspect du personnage le narrateur attire-t-il notre attention ? (1 point)
► 2. « Quand il toucha la peau, sèche et dure comme du vieux cuir. » (lignes 36-37)
a) Quelle est la figure de style utilisée ? (0,5 point)
b) Sur quel aspect de la vie du grand-père l’accent est-il mis ? (0,5point)
c) Relevez, dans les lignes 33 à 37, une expression mettant en évidence la même caractéristique du personnage. (0,5 point)
«
ROMAN • SUJET 1
Il entra en claudiquant dans la maison et ils l'entendirent fourrager
dans sa chambre.
Il revint, portant trois verres à bout de doigts et une bou
teille de ratafia 2 sous le bras.
Il posa le tout sur le banc, s'assit, plongea la
30 main dans son gousset3 et en sortit un napoléon de vingt francs.
Lorsqu'il
tendit la pièce à son petit-fils, celui-ci fit non de la tête.
Il ne pouvait
accepter un cadeau d'une telle importance.
-Si, prends-la, ça me fait tellement plaisir.
Elle est pour toi : tu la
mérites.
Allez, prends-la.
35 Pierre-Édouard avança la main vers la paume calleuse et couturée de
rides noirâtres où brillait le napoléon.
Quand il toucha la peau, sèche et
dure comme du vieux cuir, Édouard Vialhe ferma le poing et serra lon
guement celui de son petit-fils.
-Le premier de tous les Vialhe ...
Tu es un homme, maintenant.
On
40 va boire à ta santé et à celle de ton maître, et il dînera chez nous ce soir.
On a eu assez de misères ces derniers jours, il faut se fabriquer un peu de
bonheur.
!.
La pièce : le champ.
2.
Ratafia : liqueur alcoolisée.
3.
Gousset : poche du gilet.
• Questions (15 points)
1.
UN GRAND-PÈRE 5,5 POINTS
~ 1.
Pour désigner le grand-père, au début du texte, le narrateur utilise le
groupe nominal «le grand-père Édouard» (ligne 10).
a) Relevez, dans la suite du texte, tous les substituts nominaux utilisés
pour désigner ce personnage.
(1 point)
b) «Il entra en claudiquant dans la maison» (ligne 27).
Proposez un
synonyme de « en claudiquant ».
(0,5 point)
c) Sur quel aspect du personnage le narrateur attire+il notre attention ?
(1 point)
~ 2.
« Quand il toucha la peau, sèche et dure comme du vieux cuir.
»
(lignes 36-37)
a) Quelle est la figure de style utilisée ? (0,5 point)
b) Sur quel aspect de la vie du grand-père l'accent est-il mis? (0,5 point)
c) Relevez, dans les lignes 33 à 37, une expression mettant en évidence la
même caractéristique du personnage.
(0,5 point)
129.
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