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  Chapitre XXXIV Un enfant demandera : « Pourquoi y a-t-il un monde ?

Publié le 30/10/2013

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  Chapitre XXXIV Un enfant demandera : « Pourquoi y a-t-il un monde ? « Un adulte se demandera : « Quelle direction prendra le monde ? Quelle sera sa fin et - pendant que nous y sommes - pourquoi y a-t-il un monde ? « Il y a un conflit qui depuis toujours nous effraie et nous inspire, un seul. Nous vivons un feuilleton où chaque numéro ressemble au précèdent et où la réponse est toujours : « la suite au prochain numéro «. Les humains sont pris, dans leurs vies, leurs pensées, leurs appétits et leurs ambitions, leur avarice et leur cruauté, mais aussi dans leur bonté et leur générosité, au filet du bien et du mal. C'est leur histoire, la nôtre, et elle se répète dans tous les domaines des sens ou de l'intelligence. La vertu et le vice ont été la trame et la chaîne de notre première conscience, et ils formeront le matériau de notre dernière conscience, et cela malgré les changements que nous pourrons faire subir à la terre, à ses rivières et à ses montagnes, à son économie et à ses moeurs. Après qu'il se sera débarrassé des poussières et des copeaux de sa vie, l'homme devra toujours affronter cette question, dure et sans ambiguïté : « Etait-ce bien ou mal ? Ai-je agi bien ou mal ? « Hérodote raconte comment Crésus, le roi le plus riche et le plus privilégié de son époque, posa à Solon l'Athénien une question majeure. Il ne l'aurait pas posée s'il n'avait pas eu de doute : « Qui, demanda-t-il, est l'homme le plus heureux de la terre ? « Il devait être affamé de certitude. Solon lui cita les noms de trois hommes qui avaient été heureux dans le passé. Et sans doute Crésus ne l'écouta pas, car le seul nom qu'il brûlait d'entendre était le sien. Aussi, quand Solon ne le mentionna pas, Crésus fut contraint de demander : « Ne me considères-tu pas parmi les heureux ? « Solon répondit sans hésitation : « Pour dire d'un homme qu'il fut heureux, attendez qu'il ait tourné sa dernière page. « Et cette réponse hanta Crésus quand il perdit bonheur, richesse et royaume. Et lorsqu'il monta sur le bûcher, il évoqua le nom de Solon et souhaita ne pas lui avoir posé la question. À notre époque, lorsqu'un homme meurt, s'il a possédé la fortune, l'influence, le pouvoir et tous les attributs qui éveillent l'envie, et que les vivants font l'inventaire de sa vie, la question est toujours là : « A-t-il fait le bien ou le mal ? « Ce qui consiste à poser d'une autre façon la question de Crésus. La jalousie n'est plus, et la commune mesure est la suivante : « Fut-il aimé ou haï ? Sa mort est-elle une perte ou engendre-t-elle la joie ? « Je me rappelle clairement la mort de trois hommes. Le premier était l'homme le plus riche de son siècle. Il avait taillé son chemin jusqu'à la fortune en déchirant les âmes et les corps, mais il avait passé de nombreuses années à essayer de racheter l'amour qu'il avait trahi. Il avait ainsi rendu de grands services à l'humanité, et peut-être avait-il largement fait pencher la balance du bon côté. J'étais en mer lorsqu'il mourut. La nouvelle fut affichée sur le tableau de service, et accueillie avec plaisir. Nombreux furent ceux qui dirent : « Dieu merci, ce salaud-là est mort. « Le second, malin comme le diable, ignorant la dignité humaine et connaissant trop bien les faiblesses et les laideurs de l'homme, utilisa toute sa science pour pervertir, acheter, corrompre, menacer et séduire, jusqu'à ce qu'il eût atteint le pouvoir, dissimulant ses vrais mobiles sous les traits de la vertu. Je me suis demandé s'il savait qu'aucun cadeau ne rachète jamais l'amour d'un homme dont on a blessé l'amour-propre. Le corrompu ne peut que haïr son corrupteur. Lorsqu'il mourut, la nation tout entière fit son éloge, mais en même temps soupira d'aise. Le troisième commit peut-être de nombreuses erreurs, mais sa vie fut vouée à servir l'homme, à lui rendre courage, dignité et bonté, à une époque où l'homme avait peur, et où des forces mauvaises se déchaînaient dans le monde pour utiliser les terreurs de l'homme. Cet homme était haï par une minorité. Lorsqu'il mourut, le peuple éclata en larmes dans les rues et il lança ce cri : « Qu'allons-nous faire maintenant ? Comment pouvons-nous vivre sans lui ? « Sous sa carapace de lâcheté, l'homme aspire à la bonté et veut être aimé. S'il prend le chemin du vice, c'est qu'il a cru prendre un raccourci qui le mènerait à l'amour. Lorsqu'un homme arrive au moment suprême, peu importe son talent, son pouvoir ou son génie, s'il meurt haï, sa vie est une faillite et sa mort une froide horreur. Il me semble que vous ou moi, au moment de choisir entre deux voies, devons toujours penser à notre fin et vivre pour que notre mort ne fasse plaisir à personne. Nous n'avons qu'une histoire. Tous les romans, tous les poèmes, sont bâtis sur la lutte incessante que se livrent en nous-mêmes le bien et le mal. Le mal doit être constamment ressuscité, alors que le bien, alors que la vertu sont immortels. Le vice offre toujours un visage frais et jeune, alors que la vertu est plus vénérable que tout au monde.

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Cethomme étaithaïpar une minorité.

Lorsqu’ilmourut,lepeuple éclataen larmes danslesrues etillança cecri : « Qu’allons-nous fairemaintenant ? Comment pouvons-nous vivresanslui ? » Sous sacarapace delâcheté, l’homme aspireàla bonté etveut êtreaimé.

S’ilprend le chemin duvice, c’estqu’ilacru prendre unraccourci quilemènerait àl’amour. Lorsqu’un hommearriveaumoment suprême, peuimporte sontalent, sonpouvoir ou son génie, s’ilmeurt haï,savie estune faillite etsa mort unefroide horreur.

Ilme semble quevous oumoi, aumoment dechoisir entredeuxvoies, devons toujours penser à notre finetvivre pourquenotre mortnefasse plaisir àpersonne. Nous n’avons qu’unehistoire.

Touslesromans, touslespoèmes, sontbâtis surlalutte incessante queselivrent ennous-mêmes lebien etlemal.

Lemal doit êtreconstamment ressuscité, alorsquelebien, alorsquelavertu sontimmortels.

Levice offre toujours un visage fraisetjeune, alorsquelavertu estplus vénérable quetout aumonde.. »

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