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    Chapitre XLIV   Le moment vient pour Nancy de tenir la promesse qu'elle a faite à Rose Maylie.

Publié le 15/12/2013

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    Chapitre XLIV   Le moment vient pour Nancy de tenir la promesse qu'elle a faite à Rose Maylie. - Elle y manque.   Quelque habituée qu'elle fût à la ruse et à la dissimulation, Nancy ne put cacher entièrement l'effet que produisait sur on esprit la pensée de la démarche qu'elle avait faite. Elle se souvenait que le perfide juif et le brutal Sikes lui avaient onfié des projets qu'ils avaient cachés à tout autre, persuadés qu'elle méritait toute leur confiance et qu'elle était à l'abri e tout soupçon ; sans doute ces projets étaient méprisables, ceux qui les formaient étaient des êtres infâmes, et Nancy n'avait dans le coeur que de la haine contre le juif, qui l'avait entraînée peu à peu dans un abîme sans issue de crimes et e misères ; et pourtant, il y avait des instants où elle se sentait ébranlée dans sa résolution par la crainte que ses évélations ne fissent tomber le juif comme il le méritait dans le précipice qu'il avait si longtemps évité, et qu'elle ne fût la cause de sa perte. Cependant ce n'était là que l'indécision d'un esprit incapable, il est vrai, de se détacher entièrement d'anciens compagnons, d'anciens associés, mais capable pourtant de se fixer attentivement sur un objet, et résolu à ne s'en laisser distraire par aucune considération. Ses craintes pour Sikes auraient été pour elle un motif bien plus puissant de reculer quand il en était temps encore ; mais elle avait stipulé que son secret serait religieusement gardé ; elle n'avait pas dit un mot qui pût permettre de faire découvrir le brigand ; elle avait refusé, pour l'amour de lui, d'accepter un refuge où elle ût été à l'abri du vice et de la misère ; que pouvait-elle faire de plus ? son parti était pris. ien que ses combats intérieurs aboutissent toujours à cette conclusion, ils troublaient son esprit de plus en plus, et ême ils se trahissaient au dehors. En quelques jours elle devint pâle et maigre ; parfois elle semblait étrangère à ce qui e passait autour d'elle, et ne prenait aucune part aux conversations où elle eût été auparavant la plus bruyante. Il lui rrivait de rire sans motif, de s'agiter sans cause apparente ; puis, quelques instants après, elle restait assise, silencieuse t abattue, la tête dans ses mains, et l'effort qu'elle faisait pour sortir de cet état d'abattement, indiquait mieux encore ue tous les autres signes, combien elle était mal à l'aise et combien ses pensées étaient loin des sujets discutés par ceux ui l'entouraient. n était arrivé au dimanche soir, et l'horloge de l'église voisine sonnait l'heure. Sikes et le juif étaient en train de causer, mais ils s'arrêtèrent pour écouter. La jeune fille, accroupie sur une chaise basse, leva la tête et écouta aussi attentivement ; onze heures sonnaient. « Il sera minuit dans une heure, dit Sikes en levant le rideau pour regarder dans la rue ; il fait noir comme dans un four ; voilà une nuit qui serait bonne pour les affaires.  Ah ! répondit le juif ; quel dommage, Guillaume mon ami, que nous n'ayons rien à exécuter pour le moment !  Vous avez raison une fois dans votre vie, dit brusquement Sikes, c'est dommage, car je suis en bonnes dispositions. » e juif soupira et hocha la tête d'un air découragé. « Il faudra réparer le temps perdu, dit Sikes, dès que nous aurons mis en train quelque bonne opération.  Voilà ce qui s'appelle parler, mon cher, répondit le juif, en se hasardant à lui poser la main sur l'épaule ; cela me fait du ien de vous entendre parler ainsi.  Cela vous fait du bien ! s'écria Sikes ; tant mieux, en vérité.  Ha ! ha ! ha ! fit le juif en riant, comme s'il était encouragé par cette concession de Sikes ; je vous reconnais ce soir, uillaume, vous voilà tout à fait dans votre assiette.  Je ne suis pas dans mon assiette quand je sens votre vieille griffe sur mon épaule ; ainsi, à bas les pattes, dit Sikes, en epoussant la main du juif.  Cela vous agace les nerfs, Guillaume, il vous semble qu'on vous pince, n'est-ce pas ? dit le juif, résolu à ne se fâcher de ien. - Cela me fait l'effet comme si j'étais pincé par le diable, répliqua Sikes. Il n'y a jamais eu d'homme avec une mine comme la vôtre, sauf peut-être votre père, et encore je suppose que sa barbe rousse est grillée depuis longtemps ; à moins que vous ne veniez tout droit du diable, sans aucune génération intermédiaire, ce qui ne m'étonnerait pas le moins du monde. » Fagin ne répondit rien à ce compliment ; mais il tira Sikes par la manche, et lui montra du doigt Nancy qui avait profité de la conversation pour mettre son chapeau, et qui se dirigeait vers la porte. « Hola ! Nancy, dit Sikes, où diable vas-tu si tard ? - Pas loin d'ici. - Qu'est-ce que c'est que cette réponse là ? dit Sikes, où vas-tu ? - Pas loin d'ici, vous dis-je.  Et je demande où ? reprit Sikes avec sa grosse voix ; m'entends-tu ?  Je ne sais où, répondit la jeune fille.  Eh ! bien, moi, je le sais, dit Sikes, plus irrité de l'obstination de Nancy que de son projet de sortir. Tu ne vas nulle part, assieds-toi. - Je ne suis pas bien, je vous l'ai déjà dit, répondit la jeune fille. J'ai besoin de prendre l'air. - Mets la tête à la fenêtre et prends l'air à ton aise, dit Sikes. - Ce n'est pas assez, reprit Nancy ; il faut que j'aille respirer dans la rue.  Alors tu t'en passeras », répondit Sikes ; et en même temps il se leva, ferma la porte à double tour, retira la clef de la serrure, et, enlevant le chapeau de Nancy, il le lança au haut d'une vieille armoire. « Voilà, dit le brigand ; maintenant, tiens-toi tranquille à ta place, hein ? - Ce n'est pas un chapeau qui m'empêchera de sortir, dit la jeune fille en devenant très pâle. Qu'as-tu, Guillaume ? sais-tu ce que tu fais ? - Si je sais ce que... Oh ! cria Sikes en se tournant vers Fagin, elle n'a pas la tête à elle, voyez-vous ; autrement elle 'oserait pas me parler ainsi.  Vous me ferez prendre un parti extrême, murmura la jeune fille en posant ses deux mains sur sa poitrine comme pour 'empêcher de se soulever violemment ; laissez-moi sortir... tout de suite... à l'instant même...  Non ! hurla Sikes.  Dites-lui de me laisser sortir, Fagin : il fera bien, dans son intérêt ; m'entendez-vous ? s'écria Nancy en frappant du pied ur le plancher.  T'entendre ! répéta Sikes en se tournant sur sa chaise pour la regarder en face ; si je t'entends encore une minute, je te ais étrangler par le chien ; qu'est-ce qui te prend donc, pendarde !  Laissez-moi sortir », dit la jeune fille avec la plus vive insistance ; puis s'asseyant sur le plancher, elle reprit : « Guillaume, aisse-moi sortir ; tu ne sais pas ce que tu fais, tu ne le sais pas, en vérité ; seulement une heure, voyons !  Que je sois haché en mille pièces, si cette fille n'a pas la tête sautée, dit Sikes en la prenant brusquement par le bras. llons, debout.  Non, jusqu'à ce que tu me laisses sortir.  Jamais... jamais...  Laisse-moi sortir ! criait la jeune fille. » Sikes attendit un moment favorable pour lui saisir tout à coup les mains, et 'entraîna luttant et se débattant dans une petite pièce voisine, où il s'assit sur un banc, et la fit asseoir de force sur une haise ; elle continua à se débattre et à implorer le brigand, jusqu'à ce qu'elle eût entendu sonner minuit ; alors, épuisée t à bout de forces, elle cessa d'insister plus longtemps.

« – Cela mefait l’effet comme sij’étais pincéparlediable, répliqua Sikes.Iln’y ajamais eud’homme avecunemine comme la vôtre, saufpeut-être votrepère,etencore jesuppose quesabarbe rousse estgrillée depuis longtemps ; àmoins que vous neveniez toutdroit dudiable, sansaucune génération intermédiaire, cequi nem’étonnerait paslemoins du monde. » Fagin nerépondit rienàce compliment ; maisiltira Sikes parlamanche, etlui montra dudoigt Nancy quiavait profité de la conversation pourmettre sonchapeau, etqui sedirigeait verslaporte. « Hola ! Nancy,ditSikes, oùdiable vas-tu sitard ? – Pas loind’ici. – Qu’est-ce quec’est quecette réponse là ?ditSikes, oùvas-tu ? – Pas loind’ici, vousdis-je. – Et jedemande où ?reprit Sikesavecsagrosse voix ;m’entends-tu ? – Je nesais où,répondit lajeune fille. – Eh ! bien,moi,jelesais, ditSikes, plusirrité del’obstination deNancy quedeson projet desortir.

Tune vas nulle part, assieds-toi. – Je nesuis pasbien, jevous l’aidéjà dit,répondit lajeune fille.J’aibesoin deprendre l’air. – Mets latête àla fenêtre etprends l’airàton aise, ditSikes. – Ce n’est pasassez, repritNancy ; ilfaut quej’aille respirer danslarue. – Alors tut’en passeras », réponditSikes ;eten même tempsilse leva, ferma laporte àdouble tour,retira laclef dela serrure, et,enlevant lechapeau deNancy, ille lança auhaut d’une vieille armoire.

« Voilà,ditlebrigand ; maintenant, tiens-toi tranquille àta place, hein ? – Ce n’est pasunchapeau quim’empêchera desortir, ditlajeune filleendevenant trèspâle.

Qu’as-tu, Guillaume ? sais-tu ce que tufais ? – Si jesais ceque...

Oh !criaSikes ensetournant versFagin, ellen’apas latête àelle, voyez-vous ; autrementelle n’oserait pasmeparler ainsi. – Vous meferez prendre unparti extrême, murmura lajeune filleenposant sesdeux mains sursapoitrine commepour l’empêcher desesoulever violemment ; laissez-moisortir...toutdesuite...

àl’instant même... – Non ! hurlaSikes. – Dites-lui deme laisser sortir,Fagin : ilfera bien, danssonintérêt ; m’entendez-vous ? s’écriaNancyenfrappant dupied sur leplancher. – T’entendre ! répétaSikesensetournant sursachaise pourlaregarder enface ; sije t’entends encoreuneminute, jete fais étrangler parlechien ; qu’est-ce quiteprend donc,pendarde ! – Laissez-moi sortir »,ditlajeune filleavec laplus viveinsistance ; puiss’asseyant surleplancher, ellereprit : « Guillaume, laisse-moi sortir ;tune sais pasceque tufais, tune lesais pas, envérité ; seulement uneheure, voyons ! – Que jesois haché enmille pièces, sicette fillen’apas latête sautée, ditSikes enlaprenant brusquement parlebras. Allons, debout. – Non, jusqu’à ceque tume laisses sortir. – Jamais...

jamais... – Laisse-moi sortir !criaitlajeune fille. » Sikesattendit unmoment favorable pourluisaisir toutàcoup lesmains, et l’entraîna luttantetse débattant dansunepetite piècevoisine, oùils’assit surunbanc, etlafit asseoir deforce surune chaise ; ellecontinua àse débattre etàimplorer lebrigand, jusqu’àcequ’elle eûtentendu sonnerminuit ; alors,épuisée et àbout deforces, ellecessa d’insister pluslongtemps.. »

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