Chapitre XLIV Le moment vient pour Nancy de tenir la promesse qu'elle a faite à Rose Maylie.
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
– Cela
mefait l’effet comme sij’étais pincéparlediable, répliqua Sikes.Iln’y ajamais eud’homme avecunemine comme
la vôtre, saufpeut-être votrepère,etencore jesuppose quesabarbe rousse estgrillée depuis longtemps ; àmoins que
vous neveniez toutdroit dudiable, sansaucune génération intermédiaire, cequi nem’étonnerait paslemoins du
monde. »
Fagin nerépondit rienàce compliment ; maisiltira Sikes parlamanche, etlui montra dudoigt Nancy quiavait profité de
la conversation pourmettre sonchapeau, etqui sedirigeait verslaporte.
« Hola ! Nancy,ditSikes, oùdiable vas-tu sitard ?
– Pas loind’ici.
– Qu’est-ce quec’est quecette réponse là ?ditSikes, oùvas-tu ?
– Pas loind’ici, vousdis-je.
– Et jedemande où ?reprit Sikesavecsagrosse voix ;m’entends-tu ?
– Je nesais où,répondit lajeune fille.
– Eh ! bien,moi,jelesais, ditSikes, plusirrité del’obstination deNancy quedeson projet desortir.
Tune vas nulle part,
assieds-toi.
– Je nesuis pasbien, jevous l’aidéjà dit,répondit lajeune fille.J’aibesoin deprendre l’air.
– Mets latête àla fenêtre etprends l’airàton aise, ditSikes.
– Ce n’est pasassez, repritNancy ; ilfaut quej’aille respirer danslarue.
– Alors tut’en passeras », réponditSikes ;eten même tempsilse leva, ferma laporte àdouble tour,retira laclef dela
serrure, et,enlevant lechapeau deNancy, ille lança auhaut d’une vieille armoire.
« Voilà,ditlebrigand ; maintenant,
tiens-toi tranquille àta place, hein ?
– Ce n’est pasunchapeau quim’empêchera desortir, ditlajeune filleendevenant trèspâle.
Qu’as-tu, Guillaume ? sais-tu
ce que tufais ?
– Si jesais ceque...
Oh !criaSikes ensetournant versFagin, ellen’apas latête àelle, voyez-vous ; autrementelle
n’oserait pasmeparler ainsi.
– Vous meferez prendre unparti extrême, murmura lajeune filleenposant sesdeux mains sursapoitrine commepour
l’empêcher desesoulever violemment ; laissez-moisortir...toutdesuite...
àl’instant même...
– Non ! hurlaSikes.
– Dites-lui deme laisser sortir,Fagin : ilfera bien, danssonintérêt ; m’entendez-vous ? s’écriaNancyenfrappant dupied
sur leplancher.
– T’entendre ! répétaSikesensetournant sursachaise pourlaregarder enface ; sije t’entends encoreuneminute, jete
fais étrangler parlechien ; qu’est-ce quiteprend donc,pendarde !
– Laissez-moi sortir »,ditlajeune filleavec laplus viveinsistance ; puiss’asseyant surleplancher, ellereprit : « Guillaume,
laisse-moi sortir ;tune sais pasceque tufais, tune lesais pas, envérité ; seulement uneheure, voyons !
– Que jesois haché enmille pièces, sicette fillen’apas latête sautée, ditSikes enlaprenant brusquement parlebras.
Allons, debout.
– Non, jusqu’à ceque tume laisses sortir.
– Jamais...
jamais...
– Laisse-moi sortir !criaitlajeune fille. » Sikesattendit unmoment favorable pourluisaisir toutàcoup lesmains, et
l’entraîna luttantetse débattant dansunepetite piècevoisine, oùils’assit surunbanc, etlafit asseoir deforce surune
chaise ; ellecontinua àse débattre etàimplorer lebrigand, jusqu’àcequ’elle eûtentendu sonnerminuit ; alors,épuisée
et àbout deforces, ellecessa d’insister pluslongtemps..
»
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