Chapitre 7 Une baleine d'espèce inconnue Bien que j'eusse été surpris par cette chute inattendue, je n'en conservai pas moins une impression très nette de mes sensations.
Publié le 30/10/2013
Extrait du document
«
été
remarquée, etl’eût-elle été,lafrégate nepouvait revenirsouslevent ànous, étant
démontée deson gouvernail.
Ilne fallait donccompter quesurses embarcations.
Conseil raisonna froidement danscette hypothèse etfit son plan enconséquence.
Étonnante
nature ! Cephlegmatique garçonétaitlàcomme chezlui !
Il fut donc décidé quenotre seulechance desalut étant d’être recueillis parlesembarcations
de l’ Abraham-Lincoln ,
nous devions nousorganiser demanière ales attendre leplus longtemps
possible.
Jerésolus alorsdediviser nosforces afindenepas lesépuiser simultanément, etvoici
ce qui futconvenu :pendant quel’undenous, étendu surledos, setiendrait, immobile, les
bras croisés, lesjambes allongées, l’autrenagerait etlepousserait enavant.
Cerôle de
remorqueur nedevait pasdurer plusdedix minutes, etnous relayant ainsi,nouspouvions
surnager pendantquelques heures,etpeut-être jusqu’auleverdujour.
Faible chance ! maisl’espoir estsifortement enracinéaucœur del’homme ! Puis,nous étions
deux.
Enfinjel’affirme bienquecela paraisse improbable -,si je cherchais àdétruire enmoi
toute illusion, sije voulais «désespérer »,jene lepouvais pas !
La collision delafrégate etdu cétacé s’étaitproduite versonze heures dusoir environ.
Je
comptais doncsurhuit heures denage jusqu’au leverdusoleil.
Opération rigoureusement
praticable, ennous relayant.
Lamer assez belle, nousfatiguait peu.Parfois, jecherchais à
percer duregard cesépaisses ténèbres querompait seulelaphosphorescence provoquéepar
nos mouvements.
Jeregardais cesondes lumineuses quisebrisaient surma main etdont la
nappe miroitante setachait deplaques livides.Oneût ditque nous étions plongés dansunbain
de mercure.
Vers uneheure dumatin, jefus pris d’une extrême fatigue.Mesmembres seraidirent sous
l’étreinte decrampes violentes.
Conseildutmesoutenir, etlesoin denotre conservation
reposa surluiseul.
J’entendis bientôthaleterlepauvre garçon ; sarespiration devintcourte et
pressée.
Jecompris qu’ilnepouvait résisterlongtemps.
« Laisse-moi ! laisse-moi !luidis-je.
— Abandonner monsieur !jamais !répondit-il.
Jecompte bienmenoyer avantlui !»
En cemoment, lalune apparut àtravers lesfranges d’ungrosnuage quelevent entraînait dans
l’est.
Lasurface delamer étincela soussesrayons.
Cettebienfaisante lumièreranimanos
forces.
Matête seredressa.
Mesregards seportèrent àtous lespoints del’horizon.
J’aperçusla
frégate.
Elleétait àcinq mille denous, etne formait plusqu’une massesombre, àpeine
appréciable ! Maisd’embarcations, point !
Je voulus crier.Aquoi bon, àpareille distance ! Meslèvres gonflées nelaissèrent passeraucun
son.
Conseil putarticuler quelques mots,etjel’entendis répéteràplusieurs reprises:
« A nous ! ànous ! »
Nos mouvements uninstant suspendus, nousécoutâmes.
Et,fût-ce undeces bourdonnements
dont lesang oppressé emplitl’oreille, maisilme sembla qu’uncrirépondait aucride Conseil.
« As-tu entendu ? murmurai-je.
— Oui ! oui !»
Et Conseil jetadans l’espace unnouvel appeldésespéré.
Cette fois,pasd’erreur possible ! Unevoixhumaine répondait àla nôtre ! Était-ce lavoix de
quelque infortuné, abandonné aumilieu del’Océan, quelque autrevictime duchoc éprouvé par
le navire ? Ouplutôt uneembarcation delafrégate nenous hélait-elle pasdans l’ombre ?
Conseil fitun suprême effort,et,s’appuyant surmon épaule, tandisquejerésistais dansune
dernière convulsion, ilse dressa àdemi horsdel’eau etretomba épuisé.
« Qu’as-tu vu ?
— J’ai vu… murmura-t-il, j’aivu… mais neparlons pas…gardons toutesnosforces ! … »
Qu’avait-il vu ?Alors, jene sais pourquoi, lapensée dumonstre mevint pour lapremière foisà
l’esprit ! … Maiscette voixcependant ? … Lestemps nesont plusoùles Jonas seréfugient dans.
»
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