Chapitre 7 Complications Il y avait quatorze ans déjà, Silas Toronthal avait quitté Trieste pour venir s'établir à Raguse, en ce magnifique hôtel du Stradone.
Publié le 01/11/2013
Extrait du document
«
chercha
etacquit unhôtel dansleplus aristocratique quartierdelaville.
Ileut ungrand trainde
maison, avecunpersonnel dedomestiques quifutentièrement renouveléàRaguse.
Ilreçut, il
fut reçu.
Puisqu’on nesavait riendeson passé, n’était-il pasundeces privilégiés quis’appellent
les heureux decemonde ?
Silas Toronthal, ilest vrai, n’était pointaccessible auremords.
N’eûtétélacrainte quelesecret
de son abominable délationfûtdévoilé unjour, riennesemblait devoirapporter untrouble
dans sonexistence.
Toutefois, enface delui, comme unreproche muet,maisvivant, ilyavait Mme Toronthal.
La malheureuse femme,probeetdroite, connaissait cetodieux complot, quiavait envoyé trois
patriotes àla mort.
Unmot échappé àson mari, aumoment oùses affaires périclitaient, un
espoir imprudemment formuléqu’uneportion delafortune ducomte Mathias Sandorflui
permettrait deserelever, dessignatures qu’ilavait dûdemander àMme Toronthal, avaient
entraîné l’aveudeson intervention danscette découverte delaconspiration deTrieste.
Une insurmontable répulsionpourl’homme àqui elle était liée,telfut lesentiment qu’éprouva
Mme Toronthal, –sentiment d’autantplusvifqu’elle étaitd’origine hongroise.
Mais,onl’adit,
c’était unefemme sansénergie morale.
Abattue parcecoup, elleneput s’en relever.
Depuis
cette époque, autantqu’illuifut possible, àTrieste d’abord, àRaguse ensuite, ellevécut à
l’écart, dumoins danslamesure queluiimposait sasituation.
Sansdoute, elleparaissait aux
réceptions del’hôtel duStradone, ille fallait, etson mari l’yeût obligée ; mais,sonrôle de
femme dumonde terminé, ellesereléguait aufond deson appartement.
Là,seconsacrant tout
entière àl’éducation desafille, surlaquelle s’étaient reportées sesseules affections, elle
s’essayait àoublier.
Oublier, quandl’homme, compromis danscette affaire, vivaitsouslemême
toit qu’elle !
Or, ilarriva, précisément que,deux ansaprès leurinstallation àRaguse, cetétat dechoses vint
encore secompliquer.
Sicette complication créaunnouveau sujetd’ennui pourlebanquier,
Mme Toronthal ytrouva unnouveau sujetdedouleur.
Mme Bathory, sonfilsetBorik, euxaussi, avaient quittéTrieste pours’établir àRaguse oùilleur
restait encore quelques parents.Laveuve d’Étienne Bathoryneconnaissait pointSilas
Toronthal ; elleignorait mêmequ’ileûtjamais existéunrapport quelconque entrelebanquier
et lecomte Mathias Sandorf.
Quantàse douter quecethomme eûttrempé dansl’acte criminel
qui avait coûté lavie aux trois nobles hongrois, comment l’aurait-elle appris,puisque sonmari
n’avait puluirévéler, avantdemourir, lenom desmisérables quilesavaient vendusàla police
autrichienne.
Cependant siMme Bathory neconnaissait paslebanquier deTrieste, celui-cilaconnaissait.
De
se trouver danslamême ville,delarencontrer quelquefois surson passage, pauvre,travaillant
pour élever sonjeune enfant, celanelaissait pasdeluiêtre plusquedésagréable.
Certes,si
Mme Bathory eûtdéjà demeuré àRaguse, aumoment oùilsongeait às’y fixer, peut-être
aurait-il renoncé àce projet.
Mais,lorsque laveuve vintoccuper cettemodeste maisondela
rue Marinella, sonhôtel étaitdéjàacheté, soninstallation faite,sasituation acceptée et
reconnue.
Ilne put sedécider àchanger unetroisième foisderésidence.
« On s’habitue àtout ! » sedit-il.
Et ilrésolut defermer lesyeux devant cetémoignage permanentdesatrahison.
Lorsque SilasToronthal fermaitlesyeux, ilparaît quecela suffisait pourqu’ilnevîtrien enlui-
même.
Toutefois, cequi n’était aprèstoutqu’un désagrément pourlebanquier, devintpour
Mme Toronthal unecause incessante dedouleur etde remords.
Secrètement, àplusieurs
reprises, elleessaya defaire parvenir dessecours àcette veuve, quin’avait d’autres ressources
que sontravail ; maiscessecours furenttoujours refusés,commetantd’autres quedesamis
inconnus essayèrent deluifaire accepter.
L’énergique femmenedemandait rien,ellenevoulait.
»
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