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- C'est une terrible chose, monsieur Weller, que d'être traînée comme cela devant le public ; mais je vois maintenant que c'est la seule ressource qui me reste, et mon avoué, M.

Publié le 15/12/2013

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- C'est une terrible chose, monsieur Weller, que d'être traînée comme cela devant le public ; mais je vois maintenant que c'est la seule ressource qui me reste, et mon avoué, M. Dodson et Fogg, me dit que nous devons réussir, avec les témoins que nous appellerons. Si je ne réussissais pas, je ne sais pas ce que je ferais ! » La seule idée de voir mistress Bardell perdre son procès affecta si profondément mistress Sanders qu'elle fut obligée de remplir et de vider son verre immédiatement, sentant, comme elle le dit ensuite, que si elle n'avait pas eu la présence d'esprit d'agir ainsi, elle se serait infailliblement trouvée mal. « Quand pensez-vous que ça viendra ? demanda Sam. - Au mois de février ou de mai, répliqua mistress Bardell. - Quelle quantité de témoins il y aura ! dit mistress Cluppins. - Ah ! oui ! fit mistress Sanders. - Et si la plaignante ne gagne pas, MM. Dodson et Fogg seront-ils furieux, eux qui font tout cela par spéculation, à leurs risques ! continua mistress Cluppins. - Ah ! oui. - Mais la plaignante doit gagner, ajouta mistress Cluppins. - Je l'espère, dit mistress Bardell. - Il n'y a pas le moindre doute, répliqua mistress Sanders. - Eh bien ! dit Sam en se levant et en posant son verre sur la table, tout ce que je peux dire c'est que je vous le souhaite. - Merci, monsieur Weller ! s'écria mistress Bardell avec ferveur. - Et tant qu'à ce Dodson et Fogg, qui fait ces sortes de choses par spéculation, poursuivit Sam, et tant qu'aux bons et généreux individus de la même profession qui mettent les gens par les oreilles gratis, pour rien, et qui occupent leurs clercs à trouver des petites disputes chez leurs voisins et connaissances pour les accorder avec des procès, tout ce que je peux dire d'eux, c'est que je leur souhaite la récompense que je leur donnerais. - Ah ! s'écria mistress Bardell, attendrie, je leur souhaite la récompense que tous les coeurs généreux et compatissants seraient disposés à leur accorder. - Amen ! répondit Sam. Et ils gagneraient joliment de quoi mener joyeuse vie et s'engraisser, s'ils avaient ce que je leur souhaite ! - Je vous offre le bonsoir, mesdames. » Au grand soulagement de mistress Sanders, leur hôtesse permit à Sam de partir, sans faire aucune allusion aux pommes de terre ni au fromage rôti, et peu après, avec l'assistance juvénile qu'on pouvait attendre de master Bardell, les trois dames rendirent la plus ample justice à ces mets délicieux, qui s'évanouirent complètement sous leurs courageux efforts. Sam, arrivé à l'auberge le George et Vautour, rapporta fidèlement à son maître les indices qu'il avait recueillis des manoeuvres de Dodson et Fogg ; et son récit fut complètement confirmé le lendemain par M. Perker, avec qui notre philosophe eut une entrevue. Il fut donc obligé de se préparer pour sa visite de Noël à Dingley-Dell, avec l'agréable perspective d'être actionné publiquement, deux ou trois mois plus tard, par la cour des Common Pleas, pour violation d'une promesse de mariage ; la plaignante ayant tout l'avantage inhérent à ce genre d'action, et résultant de l'excessive habileté de Dodson et Fogg. Chapitre 27 Samuel Weller fait un pèlerinage à Dorking, et voit sa belle- mère. Comme il restait un intervalle de deux jours avant l'époque fixée pour le départ des Pickwickiens pour Dingley-Dell, Sam, après avoir dîné de bonne heure, s'assit dans l'arrière-salle de l'auberge le George et Vautour, pour réfléchir au meilleur emploi possible de cet espace de temps. Il faisait un temps superbe, et Samuel n'avait pas ruminé pendant dix minutes, lorsqu'il sentit tout à coup naître en lui un sentiment filial et affectueux. Le besoin d'aller voir son père et de rendre ses devoirs à sa belle-mère se présenta alors si fortement à son esprit, qu'il fut frappé d'étonnement de n'avoir pas songé plus tôt à cette obligation morale. Impatient de réparer ses torts passés, dans le plus bref délai possible, il gravit les marches de l'escalier, se présenta directement devant M. Pickwick, et lui demanda un congé afin d'exécuter ce louable dessein. « Certainement, Sam, certainement, » répondit le philosophe, dont les yeux se remplirent de larmes de joie à cette manifestation des bons sentiments de son domestique. Sam fit une inclination de tête reconnaissante. « Je suis charmé de voir que vous comprenez si bien vos devoirs de fils. - Je les ai toujours compris, monsieur. - C'est une réflexion fort consolante, dit M. Pickwick d'un air approbateur. - Tout à fait, monsieur. Quand je voulais quelque chose de mon père, je le lui demandais d'une manière très-respectueuse et obligeante ; s'il ne me le donnait pas, je le prenais, dans la crainte d'être enduit à mal faire, si je n'avais pas ce que je voulais. Je lui ai évité comme ça une foule d'embarras, monsieur. - Ce n'est pas précisément ce que j'entendais, Sam, dit M. Pickwick en secouant la tête avec un léger sourire. - J'ai agi dans un bon sentiment, monsieur, avec les meilleures intentions du monde, comme disait le gentleman qui avait planté là sa femme, parce qu'elle était malheureuse avec lui... - Vous pouvez aller, Sam. - Merci, monsieur. » Et ayant fait son plus beau salut et revêtu ses plus beaux habits, Sam se percha sur l'impériale de l'Hirondelle et se rendit à Dorking. Le marquis de Granby, du temps de Mme Weller, pouvait servir de modèle aux meilleures auberges ; assez grande pour qu'on y eût ses coudées franches, assez petite et assez commode pour qu'on s'y crût chez soi. Du côté opposé de la route, un poteau élevé supportait une vaste enseigne, où l'on voyait représentées la tête et les épaules d'un gentleman doué d'un teint apoplectique. Son habit rouge avait des revers bleus, et quelques taches de cette dernière couleur étaient placées au-dessus de son tricorne pour figurer le ciel. Plus haut encore, il y avait une paire de drapeaux, et au-dessous du dernier bouton de l'habit rouge du gentleman, une couple de canons. Le tout offrait incontestablement un portrait frappant du marquis de Granby, de glorieuse mémoire. Les fenêtres du comptoir laissaient voir une collection de géraniums et une rangée bien époussetée de bouteilles de liqueur. Les volets verts étalaient en lettres d'or force panégyriques des bons lits et des bons vins de la maison ; enfin le groupe choisi de paysans et de valets qui flânaient autour des écuries, autour des auges, disait beaucoup en faveur de la bonne qualité de la bière et de l'eau-de-vie qui se vendaient à l'intérieur. En descendant de voiture, Sam s'arrêta pour noter, avec l'oeil d'un voyageur expérimenté, toutes ces petites indications d'un commerce prospère, et, quand il entra, il était grandement satisfait du résultat de ses observations. « Eh bien ? dit une voix aigrelette lorsque la tête de Sam se montra à la porte du comptoir. Qu'est-ce que vous voulez, jeune homme ? » Sam regarda dans la direction de la voix. Elle provenait d'une dame d'une encolure assez

« Chapitre 27 Samuel Wellerfaitunpèlerinage àDorking, etvoit sabelle- mère.

Comme ilrestait unintervalle dedeux jours avant l’époque fixéepourledépart des Pickwickiens pourDingley-Dell, Sam,après avoirdînédebonne heure, s’assitdansl’arrière-salle de l’auberge le George etVautour , pour réfléchir aumeilleur emploipossible decet espace de temps.

Ilfaisait untemps superbe, etSamuel n’avaitpasruminé pendant dixminutes, lorsqu’il sentit toutàcoup naître enluiun sentiment filialetaffectueux.

Lebesoin d’allervoirsonpère et de rendre sesdevoirs àsa belle-mère seprésenta alorssifortement àson esprit, qu’ilfut frappé d’étonnement den’avoir passongé plustôtàcette obligation morale.Impatient de réparer sestorts passés, dansleplus bref délai possible, ilgravit lesmarches del’escalier, se présenta directement devantM. Pickwick, etlui demanda uncongé afind’exécuter celouable dessein.

« Certainement, Sam,certainement, » réponditlephilosophe, dontlesyeux seremplirent de larmes dejoie àcette manifestation desbons sentiments deson domestique. Sam fitune inclination detête reconnaissante. « Je suischarmé devoir quevous comprenez sibien vosdevoirs defils. – Je les aitoujours compris, monsieur. – C’est uneréflexion fortconsolante, ditM. Pickwick d’unairapprobateur. – Tout àfait, monsieur.

Quandjevoulais quelque chosedemon père, jelelui demandais d’une manière très-respectueuse etobligeante ; s’ilneme ledonnait pas,jeleprenais, danslacrainte d’être enduit àmal faire, sije n’avais pasceque jevoulais.

Jelui aiévité comme çaune foule d’embarras, monsieur. – Ce n’est pasprécisément ceque j’entendais, Sam,ditM. Pickwick ensecouant latête avec un léger sourire. – J’ai agidans unbon sentiment, monsieur,aveclesmeilleures intentionsdumonde, comme disait legentleman quiavait planté làsa femme, parcequ’elle étaitmalheureuse aveclui… – Vous pouvez aller,Sam. – Merci, monsieur. » Etayant faitson plus beau salutetrevêtu sesplus beaux habits, Samse percha surl’impériale del’Hirondelle etse rendit àDorking.

Le marquis deGranby , du temps deMme Weller, pouvaitservirdemodèle auxmeilleures auberges ; assezgrande pourqu’on yeût sescoudées franches, assezpetite etassez commode pour qu’on s’ycrût chez soi.Ducôté opposé delaroute, unpoteau élevésupportait unevaste enseigne, oùl’on voyait représentées latête etles épaules d’ungentleman douéd’unteint apoplectique.

Sonhabit rouge avaitdesrevers bleus,etquelques tachesdecette dernière couleur étaientplacées au-dessus deson tricorne pourfigurer leciel.

Plus haut encore, ilyavait une paire dedrapeaux, etau-dessous dudernier boutondel’habit rougedugentleman, une couple decanons.

Letout offrait incontestablement unportrait frappant dumarquis deGranby, de glorieuse mémoire.

Lesfenêtres ducomptoir laissaient voirunecollection degéraniums et une rangée bienépoussetée debouteilles deliqueur.

Lesvolets vertsétalaient enlettres d’or force panégyriques desbons litsetdes bons vinsdelamaison ; enfinlegroupe choiside paysans etde valets quiflânaient autourdesécuries, autourdesauges, disaitbeaucoup en faveur delabonne qualité delabière etde l’eau-de-vie quisevendaient àl’intérieur.

En descendant devoiture, Sams’arrêta pournoter, avecl’œild’un voyageur expérimenté, toutes ces petites indications d’uncommerce prospère,et,quand ilentra, ilétait grandement satisfait du résultat deses observations. « Eh bien ? ditune voix aigrelette lorsquelatête deSam semontra àla porte ducomptoir. Qu’est-ce quevous voulez, jeunehomme ? » Sam regarda dansladirection delavoix.

Elleprovenait d’unedamed’une encolure assez. »

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