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Cantique à Elsa

Publié le 20/06/2012

Extrait du document

 

Marcel, le Narrateur de A la recherche du temps perdu, contemplait

Albertine endormie, «réfugiée, enclose, résumée dans son corps«,

pour tenter de saisir dans sa permanence la réalité de cette « Fugitive

«.

Elsa n'est point la prisonnière de l'homme qui l'aime, et pourtant

elle s'évade, et de la profonde intimité d'un amour partagé peut

sourdre l'angoisse de la solitude. Car « il n'y a de fusion complète

avec personne, ce sont des histoires qu'on raconte dans les romans

- chacun sait que l'intimité la plus grande est traversée à tout instant

par ces éclairs silencieux de froide lucidité, d'isolement «.

« CANTIQUE À ELSA 87 Elle dort Longuement je l'écoute se taire C'est elle dans mes bras présente et cependant Plus absente d'y être et moi plus solitaire D'être plus près de son mystère Comme un joueur qui lit aux dés le point perdant Le jour qui semblera l'arracher à l'absence Me la rend plus touchante et plus belle que lui De l'ombre elle a gardé les parfums et l'essence Elle est comme un songe des sens Le jour qui la ramène est encore une nuit Buissons quotidiens à quoi nous nous griffâmes La vie aura passé comme un air entêtant Jamais rassasié de ces yeux qui m'affament Mon ciel mon désespoir ma femme Treize ans j'aurai guetté ton silence chantant Comme le coquillage enregistre la mer Grisant mon cœur treize ans treize hivers treize étés J'aurai tremblé treize ans sur le seuil des chimères Treize ans d'une peur douce-amère 15 20 25 Et treize ans conjuré des périls inventés 30 ô mon enfant le temps n'est pas à notre taille Que mille et une nuits sont peu pour des amants Treize ans c'est comme un jour et c'est un feu de paille Qui brûle à nos pieds maille à maille Le magique tapis de notre isolement 3 5 Tiré de : ARAGON, Les yeux d'Elsa.. »

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