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    CALIGULA   Mais il faut savoir où la poser.

Publié le 15/12/2013

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    CALIGULA   Mais il faut savoir où la poser. Et que me fait une main ferme, de quoi me sert ce pouvoir si étonnant si je ne puis changer l'ordre des choses, si je ne puis faire que le soleil se couche à l'est, que la souffrance décroisse et que les êtres ne meurent plus ? Non, Caesonia, il est indifférent de dormir ou de rester éveillé, si je n'ai pas d'action sur l'ordre de ce monde.   CAESONIA   Mais c'est vouloir s'égaler aux dieux. Je ne connais pas de pire folie.   CALIGULA   Toi aussi, tu me crois fou. Et pourtant, qu'est-ce qu'un dieu pour que je désire m'égaler à lui ? Ce que je désire de toutes mes forces, aujourd'hui, est au-dessus des dieux. Je prends en charge un royaume où l'impossible est roi.   CAESONIA   Tu ne pourras pas faire que le ciel ne soit pas le ciel, qu'un beau visage devienne laid, un coeur d'homme insensible.   CALIGULA, avec une exaltation croissante.   Je veux mêler le ciel à la mer, confondre laideur et beauté, faire jaillir le rire de la souffrance.   CSESONIA, dressée devant lui et suppliante.   Il y a le bon et le mauvais, ce qui est grand et ce qui est bas, le juste et l'injuste. Je te jure que tout cela ne changera pas.     CALIGULA, de même.   Ma volonté est de le changer. Je ferai à ce siècle le don de l'égalité. Et lorsque tout sera aplani, 'impossible enfin sur terre, la lune dans mes mains, alors, peut-être, moi-même je serai transformé et le monde avec moi, alors enfin les hommes ne mourront pas et ils seront heureux.   CAESONIA, dans un cri.   Tu ne pourras pas nier l'amour.   CALIGULA, éclatant et avec une voix pleine de rage.   L'amour, Caesonia ! (Il l'a prise aux épaules et la secoue.) J'ai appris que ce n'était rien. C'est l'autre qui a raison : le Trésor publie ! Tu l'as bien entendu, n'est-ce pas ? Tout commence avec cela. Ah, c'est maintenant que je vais vivre enfin ! Vivre, Caesonia, vivre, c'est le contraire d'aimer. C'est moi qui te le dis et c'est moi qui t'invite à une fête sans mesure, à un procès général, au plus beau des spectacles. Et il me faut du monde, des spectateurs, des victimes et des coupables.   Il saute sur le gong et commence à frapper, sans arrêt, à coups redoublés. Toujours frappant.   Faites entrer les coupables. Il me faut des coupables. Et ils le sont tous. (Frappant toujours.) Je veux qu'on fasse entrer les condamnés à mort. Du publie, je veux avoir mon publie Juges, témoins, accusés, tous ondamnés d'avance Ah ! Caesonia, je leur montrerai ce qu'ils n'ont jamais vu, le seul homme libre de cet empire !   Au son dit gong, le palais peu à peu s'est rempli de rumeurs qui grossissent et approchent. Des voix, des bruits d'armes, des pas et des piétinements. Caligula rit et frappe toujours. Des gardes entrent, puis sortent. Frappant.   Et toi, Caesonia, tu m'obéiras. Tu m'aideras toujours. Ce sera merveilleux. Jure de m'aider, Caesonia.   CSESONIA, égarée, entre deux coups de gong.   Je n'ai pas besoin de jurer, puisque je t'aime.   CALIGULA, même jeu.   Tu feras tout ce que je te dirai.   CAESONIA, même jeu.   Tout, Caligula, mais arrête.   CALIGULA, toujours frappant.   Tu seras cruelle.   CAESONIA, pleurant.   Cruelle.   CALIGULA, Même jeu.   Froide et implacable.   CAESONIA   Implacable.   CALIGULA, Même jeu.   Tu souffriras aussi.     CAESONIA   Oui, Caligula, mais je deviens folle.   Des patriciens sont entrés, ahuris, et avec eux les gens du palais. Caligula frappe un dernier coup, lève son maillet, se retourne vers eux et les appelle.   CALIGULA, insensé.   Venez tous. Approchez, Je vous ordonne d'approcher. (Il trépigne.) C'est un empereur qui exige que vous approchiez. (Tous avancent, pleins d'effroi.) Venez vite. Et maintenant, approche, Caesonia.   Il la prend par la main, la mène près du miroir et, du maillet, efface frénétiquement une image sur la surface polie. Il rit.   Plus rien, tu vois. Plus de souvenirs, tous les visages enfuis ! Rien, plus rien. Et sais-tu ce qui reste ? pproche encore. Regarde. Approchez. Regardez.   Il se campe devant la glace dans une attitude démente.   CAESONIA, regardant le miroir, avec effroi.   Caligula !   Caligula change de ton, pose son doigt sur la glace et, le regard soudain fixe, dit d'une voix triomphante :   CALIGULA   Caligula.  

«   CSESONIA,dressée devant luietsuppliante .   Il yale bon etlemauvais, cequi est grand etce qui est bas, lejuste etl'injuste.

Jetejure quetout cela nechangera pas.     CALIGULA,de même .   Ma volonté estdelechanger.

Jeferai àce siècle ledon del'égalité.

Etlorsque toutsera aplani, l'impossible enfinsurterre, lalune dans mesmains, alors,peut-être, moi-mêmejeserai transformé etle monde avecmoi,alors enfin leshommes nemourront pasetils seront heureux.   CAESONIA,dans uncri .   Tu nepourras pasnier l'amour.   CALIGULA,éclatant et avec unevoix pleine derage .   L'amour, Caesonia ! (Il l'a prise auxépaules etlasecoue .) J'ai appris quecen'était rien.C'est l'autre qui araison : leTrésor publie ! Tul'as bien entendu, n'est-cepas ?Toutcommence aveccela.

Ah,c'est maintenant quejevais vivre enfin ! Vivre,Caesonia, vivre,c'estlecontraire d'aimer.C'estmoiquiteledis et c'est moiquit'invite àune fête sansmesure, àun procès général, auplus beau desspectacles.

Etilme faut dumonde, desspectateurs, desvictimes etdes coupables.   Ilsaute surlegong etcommence àfrapper, sansarrêt, àcoups redoublés.Toujours frappant .   Faites entrer lescoupables.

Ilme faut descoupables.

Etilslesont tous.

( Frappant toujours .) Je veux qu'on fasse entrer lescondamnés àmort.

Dupublie, jeveux avoir monpublie Juges, témoins, accusés,tous condamnés d'avanceAh !Caesonia, jeleur montrerai cequ'ils n'ontjamais vu,leseul homme libredecet empire !   Auson ditgong, lepalais peuàpeu s'est rempli derumeurs quigrossissent etapprochent. Des voix, desbruits d'armes, despasetdes piétinements.

Caligularitetfrappe toujours. Des gardes entrent, puissortent.

Frappant. . »

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