bien riche, par ma foi, pour gaspiller ton argent de cette façon !
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
Miss
Sarah Pocket, etnon Estelle, vintm’ouvrir.
« Comment ! c’estencore toi ?ditmiss Pocket.
Queveux-tu ? »
Quand jelui eus ditque j’étais seulement venupoursavoir comment seportait missHavisham, Sarahdélibéra si
elle merenverrait ounon àmon ouvrage.
Maisnevoulant pasprendre surelle une pareille responsabilité, elleme
laissa entrer, etrevint bientôt medire sèchement quejepouvais monter.
Rien n’était changé, etmiss Havisham étaitseule.
« Eh bien ! dit-elle enfixant sesyeux surmoi, j’espère quetun’as besoin derien, cartun’auras rien.
– Non, missHavisham ; jevoulais seulement vousapprendre quej’étais trèscontent demon état, etque jevous
suis onnepeut plusreconnaissant.
– Là !...
là !...fit-elle enagitant avecrapidité sesvieux doigts.
Viensdetemps entemps, lejour detanaissance.
Ah !
s’écria-t-elle toutàcoup ensetournant versmoiavec sachaise, tucherches Estelle,n’est-ce pas ? »
J’avais eneffet cherché sij’apercevais Estelle,etjebalbutiai quej’espérais qu’elleallaitbien.
« Elle estloin, ditmiss Havisham, bienloin.Elleapprend àdevenir unedame.
Elleestplus jolie quejamais, etelle
est fort admirée detous ceux quilavoient.
Sens-tu quetul’as perdue ? »
Il yavait danslamanière dontelleprononça cesderniers motstantdemalin plaisir, etelle partit d’unéclat derire
si désagréable quej’enperdis lefil de mon discours.
MissHavisham m’évitalapeine delereprendre enme renvoyant.
Quand Sarah,lafemme àla tête encoquille denoix, eutrefermé laporte surmoi, jeme sentis plusmécontent que
jamais denotre intérieur, demon étatetde toutes choses.
Cefut tout cequi résulta decevoyage.
Comme jeflânais lelong delaGrande-Rue, regardantd’unairdésolé lesétalages desboutiques enme demandant
ce que j’achèterais sij’étais unmonsieur, quipouvait sortirdechez lelibraire, sinonM. Wopsle ? M. Wopsleavaitentre
les mains latragédie de George
Barnwell
1 ,
pour laquelle ilvenait dedébourser sixpence, afindepouvoir lalire d’un bout àl’autre sansenpasser unmot en
présence dePumblechook, chezquiilallait prendre lethé.
Aussitôt qu’ilmevit,ilparut persuadé qu’unhasard
providentiel avaitplacé toutexprès surson chemin unapprenti pourl’écouter, sinonpourlecomprendre.
Ilmit lamain
sur moi etinsista pourquejel’accompagnasse chezM. Pumblechook.
Sachantquel’onneserait pastrès gaichez nous,
que lessoirées étaient trèsnoires etles chemins mauvais ; deplus, qu’un compagnon deroute, quelqu’ilfût,valait
mieux queden’avoir pasdecompagnon dutout, jene fispas grande résistance.
Enconséquence, nousentrions chez
M. Pumblechook aumoment oùles boutiques etles rues s’allumaient.
N’ayant jamaisassisté àaucune autrereprésentation de George
Barnwell, je
ne sais pascombien detemps cela
dure ordinairement, maisjesais bien quecesoir-là nousn’enfûmes pasquittes avantneufheures etdemie, etque,
quand M. Wopsle entraàNewgate, jepensais qu’iln’en sortirait jamaispouralleràla potence, etqu’il était devenu
beaucoup pluslentquedans unautre moment desadéplorable carrière.Jepensai aussiqu’ilseplaignait unpeu trop,
après tout,d’être coupé danssafleur, comme s’iln’avait pasperdu toutes sesfeuilles lesunes après lesautres en
s’agitant depuislecommencement desavie.
Cequi me frappait surtoutc’étaient lesrapports quiexistaient danstoute
cette affaire avecmon innocente personne.
QuandBarnwell commença àmal tourner, jedéclare quejeme sentis
positivement identifiéaveclui.Pumblechook s’enaperçut, etilme foudroya deson regard indigné, etWopsle aussiprit
la peine deme présenter sonhéros sousleplus mauvais jour.Touràtour féroce etinsensé, onme fait assassiner mon
oncle sansaucune circonstance atténuante ;Millwoodavaittoujours étérempli debontés pourmoi,etc’était pure
monomanie chezlafille demon maître d’avoir l’œilàce qu’il neme manquât pasunbouton.
Toutceque jepuis dire
pour expliquer maconduite danscette fatale journée, c’estqu’elle étaitlerésultat inévitable dema faiblesse de
caractère.
Mêmeaprèsqu’on m’eut pendu etque Wopsle eutfermé lelivre, Pumblechook continuaàme fixer en
secouant latête etdisant :
« Profite del’exemple, mongarçon, profitedel’exemple. »
Comme sic’eût étéunfait bien avéré quejen’attendais, aufond demon cœur, quel’occasion detrouver unde
mes parents quivoulût bienavoir lafaiblesse d’êtremonbienfaiteur pourpréméditer del’assassiner.
Il faisait nuitnoire quand jeme mis enroute avecM. Wopsle.
Unefoishors delaville, nous noustrouvâmes
enveloppés dansunbrouillard épais,et,jelesentis enmême temps, d’unehumidité pénétrante.
Lalampe dela
barrière depéage nousparut unegrosse tache,ellenesemblait pasêtre àsa place habituelle, etses rayons avaient l’air
d’une substance solidedanslabrume.
Nousenfaisions laremarque, ennous étonnant quecebrouillard sefût élevé
avec lechangement devent quis’était opéré, quandnousnoustrouvâmes enface d’un homme quisedandinait du.
»
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