avait une rampe de velours rouge, s'ouvrait en deux branches, légèrement tordues, et entre lesquelles se trouvait, au fond, la porte du grand salon.
Publié le 29/10/2013
Extrait du document
«
adorables,
au-dessusdeces jupes d’une ampleur royaleetd’une richesse unpeu chargée.
Décolletée jusqu’àlapointe des
seins, lesbras découverts avecdestouffes deviolettes surlesépaules, lajeune femme semblait sortirtoute nuedesagaine
de tulle etde satin, pareille àune deces nymphes dontlebuste sedégage deschênes sacrés ; etsa gorge blanche, soncorps
souple, étaitdéjàsiheureux desademi-liberté, queleregard s’attendait toujoursàvoir peuàpeu lecorsage etles jupes
glisser, comme levêtement d’unebaigneuse, folledesachair.
Sacoiffure haute,sesfins cheveux jaunesretroussés enforme
de casque, etdans lesquels couraitunebranche delierre, retenue parunnœud deviolettes, augmentaient encoresanudité,
en découvrant sanuque quedespoils follets, semblables àdes filsd’or, ombraient légèrement.
Elleavait, aucou, unerivière
à pendeloques, d’uneeauadmirable, et,sur lefront, uneaigrette faitedebrins d’argent, constellés dediamants.
Etelle resta
ainsi quelques secondes surleseuil, debout danssatoilette magnifique, lesépaules moirées parlesclartés chaudes.
Comme
elle avait descendu vite,ellesoufflait unpeu.
Sesyeux, quelenoir duparc Monceau avaitemplis d’ombre, clignaient devant
ce flot brusque delumière, luidonnaient cetairhésitant desmyopes, quiétait chezelleune grâce.
En l’apercevant, lapetite marquise seleva vivement, courutàelle, luiprit lesdeux mains ; et,tout enl’examinant despieds à
la tête, ellemurmurait d’unevoixflûtée :
– Ah ! chèrebelle,chère belle…
Cependant, ilyeut ungrand mouvement, touslesconvives vinrentsaluerlabelle Mme
Saccard, commeonnommait Renée
dans lemonde.
Elletoucha lamain presque àtous leshommes.
Puiselleembrassa Christine,enluidemandant desnouvelles
de son père, quinevenait jamais àl’hôtel duparc Monceau.
Etelle restait debout, souriante, saluantencoredelatête, les
bras mollement arrondis,devantlecercle desdames quiregardaient curieusement larivière etl’aigrette.
La blonde Mme
Haffner neput résister àla tentation ; elles’approcha, regardalonguement lesbijoux, etdit d’une voix
jalouse :
– C’est larivière etl’aigrette, n’est-cepas ?…
Renée fitun signe affirmatif.
Alorstoutes lesfemmes serépandirent enéloges ; lesbijoux étaient ravissants, divins ;puis
elles envinrent àparler, avecuneadmiration pleined’envie, delavente deLaure d’Aurigny, danslaquelle Saccardlesavait
achetés poursafemme ; ellesseplaignirent deceque cesfilles enlevaient lesplus belles choses, bientôtiln’y aurait plusde
diamants pourleshonnêtes femmes.Et,dans leurs plaintes, perçaitledésir desentir surleur peau nueundeces bijoux que
tout Paris avait vusaux épaules d’uneimpure illustre, etqui leur conteraient peut-êtreàl’oreille lesscandales desalcôves où
s’arrêtaient sicomplaisamment leursrêves degrandes dames.Ellesconnaissaient lesgros prix, elles citèrent unsuperbe
cachemire, desdentelles magnifiques.
L’aigretteavaitcoûté quinze millefrancs, larivière cinquante millefrancs.
M me
d’Espanet étaitenthousiasmée parceschiffres.
Elleappela Saccard, elleluicria :
– Venez doncqu’on vousfélicite ! Voilàunbon mari !
Aristide Saccard s’approcha, s’inclina,fitde lamodestie.
Maissonvisage grimaçant trahissaitunesatisfaction vive.Etil
regardait ducoin del’il lesdeux entrepreneurs, lesdeux maçons enrichis, plantésàquelques pas,écoutant sonnerles
chiffres dequinze milleetde cinquante millefrancs, avecunrespect visible.
À ce moment, Maxime,quivenait d’entrer, adorablement pincédanssonhabit noir,s’appuya avecfamiliarité surl’épaule de
son père, etlui parla bas,comme àun camarade, enluidésignant lesmaçons d’unregard.
Saccard eutlesourire discretd’un
acteur applaudi.
Quelques convivesarrivèrent encore.Ilyavait aumoins unetrentaine depersonnes danslesalon.
Lesconversations
reprirent ; pendantlesmoments desilence, onentendait, derrièrelesmurs, desbruits légers devaisselle etd’argenterie.
Enfin, Baptiste ouvrituneporte àdeux battants, et,majestueusement, ildit laphrase sacramentelle :
– Madame estservie.
Alors, lentement, ledéfilé commença.
Saccarddonnalebras àla petite marquise ; Renéepritcelui d’unvieux monsieur, un
sénateur, lebaron Gouraud, devantlequeltoutlemonde s’aplatissait avecunehumilité grande ;quantàMaxime, ilfut
obligé d’offrir sonbras àLouise deMareuil ; puisvenait lereste desconvives, enprocession, et,tout aubout, lesdeux
entrepreneurs, lesmains ballantes.
La salle àmanger étaitunevaste pièce carrée, dontlesboiseries depoirier noircietverni montaient àhauteur d’homme,
ornées deminces filetsd’or.Lesquatre grands panneaux avaientdûêtre ménagés defaçon àrecevoir despeintures de
nature morte ; maisilsétaient restésvides,lepropriétaire del’hôtel ayantsansdoute reculé devant unedépense purement
artistique.
Onlesavait simplement tendusdevelours grosvert.
Lesmeubles, lesrideaux etles portières demême étoffe,
donnaient àla pièce uncaractère sobreetgrave, calculé pourconcentrer surlatable toutes lessplendeurs delalumière.
Et, àcette heure, eneffet, aumilieu dularge tapispersan, deteinte sombre, quiétouffait lebruit despas, sous laclarté crue
du lustre, latable, entourée dechaises dontlesdossiers noirs,àfilets d’or,l’encadraient d’unelignesombre, étaitcomme un
autel, comme unechapelle ardente, où,surlablancheur éclatantedelanappe, brûlaient lesflammes clairesdescristaux et NON-ACTIVATED VERSION
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