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assez grande pour assurer notre sécurité, chacun voudra et pourra licitement recourir à ses propres forces et à tout stratagème, afin de se protéger des autres.

Publié le 01/10/2013

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assez grande pour assurer notre sécurité, chacun voudra et pourra licitement recourir à ses propres forces et à tout stratagème, afin de se protéger des autres. Dans toutes les contrées où les hommes vivaient en petites familles, le vol et la rapine étaient un métier si peu contraire à la loi de nature que ceux qui accumulaient le plus gros butin recevaient les plus grands honneurs. En cette affaire, les hommes n'observaient pas d'autres lois que le code de l'honneur, c'est-à-dire s'abstenir de toute cruauté envers les hommes, leur laisser la vie sauve et les outils pour l'agriculture. Ce qui fut fait, alors, par ces petites familles, l'est maintenant par les villes et les royaumes, qui ne sont que de plus grandes familles, afin d'assurer leur propre sécurité : agrandissement des territoires sous leur contrôle (Dominions) sous le prétexte d'éloigner tout danger et par crainte des invasions ou de l'aide qui peut être accordée aux envahisseurs, tentative pour assujettir ou affaiblir leurs voisins par l'emploi de la force, au grand jour, ou par le recours à des ' opérations secrètes -- et cela, en toute justice. A travers les époques, le souvenir de ces faits est commémoré dans l'honneur. Elle ne vient pas du regroupement de quelques hommes ou de quelques familles. Ce n'est pas non plus l'association d'un petit nombre d'hommes qui procure à ceux-ci la sécurité ; parce que, dans les petites quantités, les faibles ajouts, d'un côté ou de l'autre, font un si grand apport de force que c'est là un avantage suffisant pour emporter la victoire et, du coup, encourager une invasion. Le nombre d'hommes suffisant, que compte une multitude à laquelle nous confions notre sécurité, n'est pas déterminé par un chiffre quelconque, mais par comparaison avec l'ennemi que nous craignons ; son nombre est suffisant s'il est manifeste qu'il n'y a pas de chances que l'ennemi, à ce moment, soit visiblement déterminé à ouvrir les hostilités ou poussé à faire une tentative. Elle ne vient pas d'une grande multitude, sauf si celle-ci se conforme à un jugement unique. Si nombreuse que soit une multitude d'hommes, si cependant les actions de ceux-ci sont orientées par leurs jugements et leurs besoins individuels, donc que quelqu'un désire ssavoir pourquoi le genre humain ne peut faire la même chose. A cela je réponds : Premièrement, que les hommes sont continuellement en compétition pour les honneurs et les dignités, ce qui n'est pas le cas de ces créatures ; par conséquent, l'envie et la haine surgissent sur cette base parmi les hommes, mais ce n'est pas la même chose parmi ces créatures. Deuxièmement, que parmi elles, il n'y a pas de différence entre le bien commun et le bien privé et, étant portées par nature vers leur bien privé, elles contribuent, de la sorte, à l'intérêt commun. Mais l'homme, qui prend plaisir à se comparer aux autres, n'a de goût que pour ce qui le distingue d'eux. Troisièmement, que ces créatures qui n'ont pas (contrairement aux hommes) l'usage de la raison, ne voient pas, et n'ont pas l'idée de voir une erreur dans la gestion des affaires communes ; alors que parmi les hommes, il y en a de très nombreux qui pensent qu'ils sont plus avisés et plus capables que les autres de diriger les affaires publiques '°. Ceux-là se battent pour réformer et innover, l'un dans cette voie-ci, l'autre dans cette voielà. Et cela conduit à des dissensions dans les affaires publiques et à la guerre civile. Quatrièmement, que ces créatures, bien qu'elles aient quelque usage de la voix pour faire connaître les unes aux autres leurs désirs et leurs autres affections, sont pourtant privées de l'art des mots grâce auquel certains hommes peuvent expliquer aux autres ce qu'est le bien sous l'aspect du mal et le mal sous l'aspect du bien ; et grâce auquel ils augmentent ou diminuent la grandeur apparente du bien et du mal, mécontentant les hommes et troublant leur paix à leur guise. Cinquièmement, les créatures privées de raison ne peuvent distinguer entre préjudice et dommage, en sorte que, aussi longtemps qu'elles sont à leur aise, elles ne sont pas menacées par leurs pareilles ; alors que là où l'homme cause le plus d'ennuis, c'est quand, jouissant tout à fait de ses aises, il aime montrer sa sagesse et contrôler les actions de ceux qui gouvernent l'État. Enfin, l'assentiment de ces créatures est naturel, celui de

« donc que quelqu'un désire s savoir pourquoi le genre humain ne peut faire la même chose.

A cela je réponds : Premièrement, que les hommes sont continuellement en compétition pour les honneurs et les dignités, ce qui n'est pas le cas de ces créatures ; par conséquent, l'envie et la haine surgis- sent sur cette base parmi les hommes, mais ce n'est pas la même chose parmi ces créatures.

Deuxièmement, que parmi elles, il n'y a pas de différence entre le bien commun et le bien privé et, étant portées par nature vers leur bien privé, elles contribuent, de la sorte, à l'inté- rêt commun.

Mais l'homme, qui prend plaisir à se comparer aux autres, n'a de goût que pour ce qui le distingue d'eux.

Troisièmement, que ces créatures qui n'ont pas (contraire- ment aux hommes) l'usage de la raison, ne voient pas, et n'ont pas l'idée de voir une erreur dans la gestion des affaires commu- nes ; alors que parmi les hommes, il y en a de très nombreux qui pensent qu'ils sont plus avisés et plus capables que les autres de diriger les affaires publiques '°.

Ceux-là se battent pour réfor- mer et innover, l'un dans cette voie-ci, l'autre dans cette voie- là.

Et cela conduit à des dissensions dans les affaires publiques et à la guerre civile.

Quatrièmement, que ces créatures, bien qu'elles aient quelque usage de la voix pour faire connaître les unes aux autres leurs désirs et leurs autres affections, sont pourtant privées de l'art des mots grâce auquel certains hommes peuvent expliquer aux autres ce qu'est le bien sous l'aspect du mal et le mal sous l'aspect du bien ; et grâce auquel ils augmentent ou diminuent la grandeur apparente du bien et du mal, mécontentant les hommes et troublant leur paix à leur guise.

Cinquièmement, les créatures privées de raison ne peuvent distinguer entre préjudice et dommage, en sorte que, aussi long- temps qu'elles sont à leur aise, elles ne sont pas menacées par leurs pareilles ; alors que là où l'homme cause le plus d'ennuis, c'est quand, jouissant tout à fait de ses aises, il aime montrer sa sagesse et contrôler les actions de ceux qui gouvernent l'État.

Enfin, l'assentiment de ces créatures est naturel, celui de. »

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