apportait aussi quelque défi, car c'était peu après l'intervention de Suzanne.
Publié le 05/11/2013
Extrait du document
«
des
amis, lesaccréditaient danslafonction ducouple quiestderayonner.
Parfois,lasuite dégénérait, maisil
avait euletemps desedire : « Ilya plus malheureux quenous. »
— Certes, repritQuentin, lesfemmes sontbien capables detrouver dusentiment dansunragoût demouton
pour peuqu’elles aimentunhomme.
— Quand ellescessent d’entrouver, oud’en mettre, est-cequecela indique qu’ellesnel’aiment plus ?
demanda Fouquetensetournant versSuzanne.
— Cela veutsurtout direqu’elles attendent autrechose.
— C’est biencela, déclara Fouquet.
Lesfemmes sontcapables detout, àune exception près ;sinous disons :
« Il ya plus malheureux quenous, quetoi,que moi… », c’estunephrase queleshommes comprennent souvent,
elles, nepeuvent pasl’entendre.
Ellesvisent toujours verslehaut.
Jevous avouerais qu’ilm’est arrivé dansdes
moments dedépression d’évoquerladéchéance d’unpoliticien, lesangoisses d’unfugitif, lesinquiétudes du
financier leplus méprisable, ledésespoir dusalarié leplus déshérité, brefdelire lesjournaux àseule findeme
persuader quemon sortdemeurait enviable.Maislesfemmes, quilisent d’ailleurs cesmêmes journaux, ne
cherchent leursréférences qu’àtravers unsystème deprincesses, demannequins, d’actrices,dedivorcées àdix
millions parmois, brefdécouvrent chaquejourdans l’existence unenouvelle vitrineàlécher.
Jene considère pas
que cela soitunmal, aucontraire, ilya là un levain deprogrès, sansquoi nous aurions tendance ànous
satisfaire delamédiocrité denotre état.Mais enfin, sil’on saitd’où vient lenerf delaguerre, onsait aussi quien
sont lesnerveuses.
— Là, jeunehomme, ditplacidement Quentin,ilme semble quevous faites fausse route,dumoins encequi
concerne notrefoyer, oùMme
Quentin n’aspireàrien d’autre qu’àassurer aulendemain lescouleurs delaveille.
Et pour cequi estdesecontenter desacondition, vousmedécevez : jecroyais quevous auriez aiméêtre
matador.
— Mais jesuis matador, moi,répondit Fouquet, àmes moments… disons :perdus…
Suzanne necherchait pastrop àcomprendre lespropos quis’échangeaient.
Toutcequ’elle retenait, c’était
que sonmari venait delui rendre hommage devantunétranger etelle luieneut delareconnaissance.
Ilétait
bien vraiqu’elle n’attendait plusdeces changements àvue quidonnent auxêtres l’illusion d’étendre leur
conquête surlemonde.
Elleétait deceux quipréservent.
Demême qu’elle s’étaitmontrée résignéedans
l’aventure, ellemettait toutesonespérance dansl’immobilité desjours.
Unefoispeut-être, quandAlbertavait
cessé deboire, avait-elle envisagédes’engager avecluisur cesvoies inconnues dontleréseau deslignes dansla
paume desamain luisuggérait l’itinéraire.
Maisc’était dansl’euphorie desavictoire.
Suzanne avaitderrière elle
un triomphe telqu’il suffisait àune vie.Sesefforts netendaient plusqu’à luidonner davantage deprix encore,
en faisant deson vaincu unvainqueur, deson esclave unmaître, etiln’était pasd’occasion quinelui fût bonne
d’ajouter àla statue deQuentin poursonpropre orgueil.
N’ayant pumener àterme lesenfants qu’elleavaitportés, ellesetenait pourresponsable delastérilité deleur
ménage et,sans métaphysique aucune,révéraitchezsonmari demystérieux pouvoirsdélibérément tenusen
jachère.
Quandellepensait desurcroît àcette grande voixquis’était tue,cesexplosions brutales,cesfugues
irréductibles, tantdeforces apprivoisées soudainautourd’ellel’émerveillaient.
Seul,échappait aucontrôle
domestique leterritoire religieuxoùSuzanne s’étaitaventurée unefoisd’un pasindifférent, lorsqueQuentin
avait exigé desemarier àl’église, cequi était biend’un homme aufront casqué denuages, maisrienneprouvait
qu’il s’évadât encoreverscedomaine nébuleux.
— Nuit etjour trois cents avions américains, porteursdebombes atomiques, tiennentl’airenpermanence à
moins dedeux heures deleurs objectifs etn’attendent qu’unsignal rouge, disaitàce moment Quentin.
L’éventualité d’unemortinstantanée estlaseule question résolument poséeàtous lesinstants etdans tousles
esprits deshabitants decette planète, dumoins chezlescivilisés.
Ehbien moi, jeréponds quejen’ai paspeur.
Il
faut savoir mourir avecsontemps, comme disentlesbraves gens.
— Sacrilège, disaitFouquet.
Sivous croyez quecette complaisance enverslamort estchrétienne, vousvous
trompez.
C’estbeaucoup deprésomption quedeseprécipiter ainsiverslejury enacceptant qu’ilabrège le
concours.
C’estpréjuger delaqualité devotre copie.
Êtes-vous sûrd’abord d’avoirtraitélesujet ? Moipas.
Avant derendre lavie –je dis bien rendre –je veux conserver leplus tardpossible lafaculté del’améliorer, jene
parle pasdans lesens d’un infléchissement moral,maisd’unépanouissement.
J’aifait, l’autre jour,la
connaissance d’unetrèsvieille damequisemble s’êtredécidée àmettre lesbouchées doublesaubord dela
tombe.
Elleestdans levrai.
Quisaitsinous neserons pascomptables detoutes lesjoies quenous nousserons
refusées, detous leschemins quenous n’aurons passuivis, detous lesverres quenous n’aurons pasbus… Ilne
faut pascracher surlescadeaux delacréation, Dieudéteste cela.
— Sers àboire, ditQuentin.
Vousallezvoirmaintenant ceque donne lemême vinen1945, sansdoute la
meilleure deces quarante dernières années…Et,comme dejuste, celleoùj’ai cessé d’enboire..
»
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