Anie --Barnabé m'a dit qu'il ne restait rien.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
A toi, bien sûr.
A moi ta fille, non; à moi l'héritière de mon oncle, oui; sur une parole de maman, mal entendue ou mal
comprise, on s'est imaginé que la fortune de mon oncle allait nous revenir, et chacun a voulu prendre rang.
Et si ce qu'on s'est imaginé se réalisait?
As-tu des raisons pour le croire?
Le croire, non; l'espérer, oui: car je ne peux pas admettre que Gaston, malgré notre rupture, ne t'ait rien
laissé par son testament, toi, sa nièce, contre qui il n'avait aucun grief.
Mais s'il n'a pas fait de testament?
Alors ce ne serait pas une part quelconque de sa fortune qui te reviendrait, ce serait de cette fortune entière
que nous hériterions.
Que cela soit, je te promets que je n'épouserai aucun de mes prétendants de cette nuit: les vilains
bonshommes, hypocrites et plats.
VI
En entrant dans la gare d'Orléans, après une course d'une heure et demie faite à pied, sa petite valise à la main,
il vit le rapide de Bordeaux partir devant lui.
Autrefois, quand de Paris il retournait au pays natal, c'était ce train qu'il prenait toujours; une voiture
l'attendait à la gare de Puyoo, et de là le portait rapidement à Ourteau où il arrivait assez à temps encore pour
passer une bonne nuit dans son lit.
Maintenant au lieu du rapide, l'omnibus; au lieu d'un confortable compartiment de première, les planches d'un
wagon de troisième; au lieu d'une voiture en descendant du train, les jambes.
Son temps heureux avait été celui de la jeunesse, le dur était celui de la vieillesse; la ruine avait fait ce
changement.
Il eût pu lui aussi mener la vie tranquille du gentilhomme campagnard, sans souci dans son château, honoré de
ses voisins, cultivant ses terres, élevant ses bêtes, soignant son vin, car il aimait comme son frère les travaux
des champs, et même plus que lui, en ce sens au moins qu'à cette disposition se mêlait un besoin
d'améliorations qui n'avait jamais tourmenté son aîné, plus homme de tradition que de science et de progrès.
Avec une origine autre que la sienne, il en eût été probablement ainsi, et comme ils n'étaient que deux enfants,
ils se fussent trouvés assez riches, la fortune paternelle également partagée entre eux, pour mener cette
existence chacun de son côté: l'aîné sur la terre patrimoniale, le jeune dans quelque château voisin.
Mais, bien
que sa famille fut fixée en Béarn depuis assez longtemps déjà, elle était originaire du pays Basque, et comme
telle fidèle aux usages de ce pays où le droit d'aînesse est toujours assez puissant pour qu'on voie
communément les puînés ne pas se marier afin que la branche aînée s'enrichisse par l'extinction des autres.
Élevés dans ces principes ils s'étaient habitués à l'idée que l'aîné continuerait le père, avec la fortune du père,
dans le château du père, et que le cadet ferait son chemin dans le monde comme il pourrait cela était si naturel
pour eux, si légitime, que ni l'un ni l'autre, le dépouillé pas plus que l'avantagé, n'avait pensé à s'en étonner.
A Anie
VI 30.
»
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