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Andromaque PYRRHUS.

Publié le 12/04/2014

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andromaque
Andromaque PYRRHUS. Hé bien, Phoenix, l'amour est-il le maître ? Tes yeux refusent-ils encor de me connaître ? PHOENIX. Ah ! Je vous reconnais ; et ce juste courroux, Ainsi qu'à tous les Grecs, Seigneur, vous rend à vous. Ce n'est plus le jouet d'une flamme servile : C'est Pyrrhus, c'est le fils et le rival d'Achille Que la gloire à la fin ramène sous ses lois, Qui triomphe de Troie une seconde fois. PYRRHUS. Dis plutôt qu'aujourd'hui commence ma victoire. D'aujourd'hui seulement je jouis de ma gloire ; Et mon coeur, aussi fier que tu l'as vu soumis, Croit avoir en l'amour vaincu mille ennemis. Considère, Phoenix, les troubles que j'évite, Quelle foule de maux l'amour traîne à sa suite, Que d'amis, de devoirs, j'allais sacrifier, Quels périls... Un regard m'eût tout fait oublier. Tous les Grecs conjurés fondaient sur un rebelle. Je trouvais du plaisir à me perdre pour elle. PHOENIX. Oui, je bénis, Seigneur, l'heureuse cruauté Qui vous rend... PYRRHUS. Tu l'as vu comme elle m'a traité. Je pensais, en voyant sa tendresse alarmée, Que son fils me la dût renvoyer désarmée. J'allais voir le succès de ses embrassements : Je n'ai trouvé que pleurs mêlés d'emportements. Sa misère l'aigrit ; et, toujours plus farouche, Cent fois le nom d'Hector est sorti de sa bouche. Vainement à son fils j'assurais mon secours : «C'est Hector, disait-elle en l'embrassant toujours ; Voilà ses yeux, sa bouche, et déjà son audace ; C'est lui-même, c'est toi, cher époux, que j'embrasse.» SCENE IV.PYRRHUS, ORESTE, PHOENIX. 23 Andromaque Et quelle est sa pensée ? Attend-elle en ce jour Que je lui laisse un fils pour nourrir son amour ? PHOENIX. Sans doute, c'est le prix que vous gardait l'ingrate. Mais laissez-la, Seigneur. PYRRHUS. Je vois ce qui la flatte. Sa beauté la rassure ; et, malgré mon courroux, L'orgueilleuse m'attend encore à ses genoux. Je la verrais aux miens, Phoenix, d'un oeil tranquille. Elle est veuve d'Hector, et je suis fils d'Achille : Trop de haine sépare Andromaque et Pyrrhus. PHOENIX. Commencez donc, Seigneur, à ne m'en parler plus. Allez voir Hermione ; et, content de lui plaire, Oubliez à ses pieds jusqu'à votre colère. Vous-même à cet hymen venez la disposer. Est-ce sur un rival qu'il s'en faut reposer ? Il ne l'aime que trop. PYRRHUS. Crois-tu, si je l'épouse, Qu'Andromaque en son coeur n'en sera pas jalouse ? PHOENIX. Quoi ! Toujours Andromaque occupe votre esprit ? Que vous importe, ô Dieux ! Sa joie ou son dépit ? Quel charme, malgré vous, vers elle vous attire ? PYRRHUS. Non, je n'ai pas bien dit tout ce qu'il lui faut dire : Ma colère à ses yeux n'a paru qu'à demi ; Elle ignore à quel point je suis son ennemi. Retournons-y. Je veux la braver à sa vue, Et donner à ma haine une libre étendue. Viens voir tous ses attraits, Phoenix, humiliés. SCENE IV.PYRRHUS, ORESTE, PHOENIX. 24
andromaque

« Et quelle est sa pensée ? Attend-elle en ce jour Que je lui laisse un fils pour nourrir son amour ? PHOENIX.

Sans doute, c'est le prix que vous gardait l'ingrate.

Mais laissez-la, Seigneur.

PYRRHUS.

Je vois ce qui la flatte.

Sa beauté la rassure ; et, malgré mon courroux, L'orgueilleuse m'attend encore à ses genoux.

Je la verrais aux miens, Phoenix, d'un oeil tranquille.

Elle est veuve d'Hector, et je suis fils d'Achille : Trop de haine sépare Andromaque et Pyrrhus.

PHOENIX.

Commencez donc, Seigneur, à ne m'en parler plus.

Allez voir Hermione ; et, content de lui plaire, Oubliez à ses pieds jusqu'à votre colère.

Vous-même à cet hymen venez la disposer.

Est-ce sur un rival qu'il s'en faut reposer ? Il ne l'aime que trop.

PYRRHUS.

Crois-tu, si je l'épouse, Qu'Andromaque en son coeur n'en sera pas jalouse ? PHOENIX.

Quoi ! Toujours Andromaque occupe votre esprit ? Que vous importe, ô Dieux ! Sa joie ou son dépit ? Quel charme, malgré vous, vers elle vous attire ? PYRRHUS.

Non, je n'ai pas bien dit tout ce qu'il lui faut dire : Ma colère à ses yeux n'a paru qu'à demi ; Elle ignore à quel point je suis son ennemi.

Retournons-y.

Je veux la braver à sa vue, Et donner à ma haine une libre étendue.

Viens voir tous ses attraits, Phoenix, humiliés.

Andromaque SCENE IV.\24PYRRHUS, ORESTE, PHOENIX.

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