Andromaque O Dieux !
Publié le 12/04/2014
Extrait du document


«
Donnez-moi tous les noms destinés aux parjures :
Je crains votre silence, et non pas vos injures
Et mon coeur, soulevant mille secrets témoins,
M'en dira d'autant plus que vous m'en direz moins.
HERMIONE.
Seigneur, dans cet aveu dépouillé d'artifice,
J'aime à voir que du moins vous vous rendiez justice,
Et que, voulant bien rompre un noeud si solennel,
Vous vous abandonniez au crime en criminel.
Est-il juste, après tout, qu'un conquérant s'abaisse
Sous la servile loi de garder sa promesse ?
Non, non, la perfidie a de quoi vous tenter,
Et vous ne me cherchez que pour vous en vanter.
Quoi ! Sans que ni serment ni devoir vous retienne,
Rechercher une Grecque, amant d'une Troyenne ?
Me quitter, me reprendre, et retourner encor
De la fille d'Hélène à la veuve d'Hector ?
Couronner tout à tour l'esclave et la princesse ;
Immoler Troie aux Grecs, au fils d'Hector la Grèce ?
Tout cela part d'un coeur toujours maître de soi,
D'un héros qui n'est point esclave de sa foi.
Pour plaire à votre épouse, il vous faudrait peut-être
Prodiguer les doux noms de parjure et de traître.
Vous veniez de mon front observer la pâleur,
Pour aller dans ses bras rire de ma douleur.
Pleurante après son char vous voulez qu'on me voie ;
Mais, Seigneur, en un jour ce serait trop de joie ;
Et sans chercher ailleurs des titres empruntés
Ne vous suffit-il pas de ceux que vous portez ?
Du vieux père d'Hector la valeur abattue
Aux pieds de sa famille expirante à sa vue,
Tandis que dans son sein votre bras enfoncé
Cherche un reste de sang que l'âge avait glacé ;
Dans des ruisseaux de sang Troie ardente plongée ;
De votre propre main Polyxène égorgée
Aux yeux de tous les Grecs indignés contre vous :
Que peut-on refuser à ces généreux coups ?
PYRRHUS.
Madame, je sais trop à quel excès de rage
La vengeance d'Hélène emporta mon courage.
Je puis me plaindre à vous du sang que j'ai versé ;
Mais enfin je consens d'oublier le passé.
Je rends grâces au Ciel que votre indifférence
De mes heureux soupirs m'apprenne l'innocence.
Mon coeur, je le vois bien, trop prompt à se gêner, Andromaque
SCENE V\24PYRRHUS, HERMIONE, PHOENIX.
50.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Andromaque, acte V, scène 1
- En quoi Andromaque apparait-elle comme une héroïne tragique aux vers 1009 à 1036
- Quand soi-même on s’empresse, les dieux s’en mêlent
- Andromaque de Racine, III, 7
- Questionnaire lecture Andromaque