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André Maurois (1885-1967), Ce que je crois.

Publié le 26/04/2011

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 La science s'est révélée capable d'atténuer, et même de supprimer, beaucoup de maux naturels; elle porte remède aux souffrances physiques de la maladie ; elle sait régler les naissances ; elle accroît la production agricole et industrielle de telle manière que les besoins essentiels des hommes devraient demain, avec moins de travail, être satisfaits sur toute la terre. Un observateur bien informé aurait eu, au début du siècle, le droit de penser qu'un nouvel Âge d'Or allait commencer; il ne s'agissait que de lutter contre les inégalités et les injustices; on pouvait entrevoir le temps où le problème ne serait plus la production, mais la distribution. En fait, cet Âge d'Or a été un Âge de Flammes et de Honte. Plus savants, plus puissants, les hommes sont aujourd'hui plus malheureux que jamais.    « Comment en un plomb vil l'or pur s'est-il changé ? « Tandis que médecine et chirurgie prolongeaient et adoucissaient la vie humaine, la guerre, devenue infiniment plus cruelle, accroissait, au-delà de tout ce que l'on pouvait prévoir, la somme des souffrances. L'empire de l'homme sur la nature a été utilisé non pour construire, mais pour détruire. La politique et l'économie n'ont pas suivi les progrès de la physique et de la biologie. Les formes neuves ont été mises aux mains d'hommes qui n'ont su ni les dominer ni les employer. Malheureux, angoissés, ces hommes ont, comme leurs ancêtres les plus lointains, projeté leurs terreurs et leurs espérances sur l'écran de l'Univers indifférent, qui les a réfléchies sous forme de divinités et de monstres. Deux blocs, que la science a rendus maîtres de forces géantes, se sont massés autour de leurs dieux, chacun haïssant les dieux de l'autre. Faut-il donc désespérer de l'avenir et cette malheureuse espèce vat-elle s'anéantir elle-même, avec la planète qui la porte ?    Je crois que cette catastrophe n'est point fatale. Encore une fois, le monde ne veut rien, n'impose rien. Nul Destin jaloux, caché derrière ces noirs nuages, ne prépare notre perte. Le salut de l'humanité ne peut être l'œuvre que de l'humanité elle-même. Souvent, dans l'histoire, des hommes sans foi ont pu penser que tout était perdu. Après l'invasion des Barbares et la destruction de la civilisation romaine, plus d'un pessimiste, contemplant en Gaule ou en Bretagne les ruines des villes et la misère des peuples, a dû se dire : « Il ne sera jamais possible de refaire un monde humain, riche et heureux. « Pourtant, des monastères se sont installés au cœur des forêts et ont entrepris de défricher à la fois les terres et les esprits; de grands hommes ont tenté de relever la puissance de l'État. Ils ont réussi. Notre tâche est plus facile puisqu'il s'agit seulement pour nous de sauver une civilisation encore vivante et, dans une large mesure, prospère. Nous n'avons pas la certitude de réussir parce que le mouvement de folie qui mettrait le feu aux charges explosives peut se produire dans des groupes sur lesquels nous n'avons pas d'influence directe. Mais nous conservons même sur ces groupes, une influence indirecte. La fermeté de notre attitude, la rapidité de nos décisions détermineront les réactions de ceux qui pourraient menacer l'avenir des hommes.    André Maurois (1885-1967), Ce que je crois.    Vous ferez d'abord de ce texte, à votre gré, un résumé (en suivant le fil du texte) ou une analyse (en reconstituant la structure logique de la pensée, c'est-à-dire en mettant en relief l'idée principale et les rapports qu'entretiennent avec elle les idées secondaires).    Dans une seconde partie, que vous intitulerez discussion, vous dégagerez du texte un problème qui offre une réelle consistance et qui vous aura intéressé. Vous en préciserez les éléments et vous exposerez vos vues personnelles sous la forme d'une argumentation ordonnée, étayée sur des faits et menant à une conclusion.

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