- Ah !
Publié le 15/12/2013
Extrait du document
«
L’homme
violetrépondit affirmativement.
« Comment sefait-il doncquevous n’étiez pasavec nous hiersoir ? demanda Sam,ense
frottant laface avec unessuie-mains.
Vousmefaites l’effet d’unbonvivant, l’airaussi gaillard
qu’une truitedansunpanier pleindechaux, ajouta-t-il d’untonunpeu plus bas.
– J’étais sortiavec mon maître, répondit l’étranger.
– Comment s’appelle-t-il ? demandavivementSamWeller, dontlevisage devint toutrouge par
l’effet combiné delasurprise etdu frottement deson essuie-mains.
– Fitz-Marshall, répliqual’homme violet.
– Donnez-moi lapatte, ditSam ens’avançant verslui.J’ai envie devous connaître, votre
philosomie meva,mon fiston.
– Eh bien ! voilàquiesttrès-extraordinaire, rétorqual’homme violet,avecunegrande
simplicité demanières.
Lavôtre m’aplus sifort, quej’aieuenvie devous parler, dèslepremier
moment oùjevous aivu sous lapompe.
– C’est-il vrai.
– Sur mon honneur ! Celan’est-il pascurieux, hein ?
– Très-curieux, réponduSam,ensecongratulant intérieurement surlabonhomie del’étranger.
Comment nousappelons-nous, monpatriarche ?
– Job.
– Et c’est unfameux nom.Leseul nom, àma connaissance, quin’apas reçu uneabréviation.
Et
l’autre nom ?
– Trotter, ditl’étranger.
Etlevôtre ? »
Sam serappela lesordres deson maître etrépondit : « MonnomestWalker, lenom demon
maître estWilkins.
Voulez-vous prendreunegoutte dequelque chosecematin, M. Trotter ? »
M. Trotter donnasoncomplet assentiment àcette agréable proposition, etayant déposé son
livre dans lapoche deson habit, ilaccompagna M. Walkeràla buvette.
Là,ilss’occupèrent à
discuter lemérite d’unagréable mélange, contenudansunvase d’étain etcomposé de
l’essence parfumée duclou degirofle etd’une certaine quantité degenièvre deHollande,
fabriqué enAngleterre.
« Et c’est-il unebonne placequevous avez ? demanda Sam,enremplissant pourlaseconde fois
le verre deson compagnon.
– Mauvaise, réponditJob,enseléchant leslèvres, très-mauvaise.
– Vrai ?
– Oui, sûr ; etpire quecela ; monmaître vasemarier.
– Pas possible !
– Si, etpire quecela.
Ilva enlever unegrosse héritière dansunepension.
– Quel dragon ! ditSam, enremplissant encoreleverre deson camarade.
C’estquelque
pension decette ville,jesuppose ? »
Cette question futfaite duton leplus indifférent qu’onpuisse imaginer.
Cependant M. Job
Trotter montra clairement, parsesmanières, qu’ilremarquait avecquelle anxiété sonnouvel
ami attendait saréponse.
Ilvida sonverre, regarda mystérieusement SamWeller, clignal’un
après l’autre chacun deses petits yeux,etfinalement fitavec samain legeste demanier une
pompe imaginaire, donnantàentendre parlàqu’il considérait soncompagnon commetrop
désireux depomper sessecrets.
« Non, non,observa-t-il, enconclusion.
Celanesedit pas àtout lemonde.
C’estunsecret ; un
grand secret, M. Walker. »
En prononçant cesparoles, l’homme violetretourna sonverre sensdessus dessous, afinde
faire remarquer ingénieusement àson compagnon qu’iln’yrestait plusrienpour assouvir sa
soif.
Sam comprit l’apologue ; ilen apprécia ladélicatesse, etordonna deremplir, surnouveaux
frais, levase d’étain.
Cetordre fitbriller deplaisir lespetits yeuxdel’homme violet..
»
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