Devoir de Philosophie

- Ah !

Publié le 15/12/2013

Extrait du document

- Ah ! c'est vrai, répliqua le philosophe en regardant sa montre. Vous avez raison, Sam. - Et si c'était moi, monsieur, je voudrais prendre juste une bonne nuit de repos avant de demander des renseignements sur ce finaud. Il n'y a rien pour rafraîchir l'esprit comme un bon somme, monsieur, comme dit la servante avant d'avaler son petit verre de l'eau d'ânon. - Je crois que vous avez raison, Sam ; mais je veux d'abord m'assurer qu'il est dans cet hôtel et qu'il ne m'échappera point. - Laissez-moi c'te affaire-là, monsieur. Je vas vous ordonner un joli petit dîner et faire une enquête en bas, pendant qu'on l'apprêtera. Je tirerai tous les secrets du décrotteur, en cinq minutes. - À la bonne heure, » dit M. Pickwick, et Sam se retira. Au bout d'une demi-heure M. Pickwick était assis devant un dîner très-satisfaisant, et un quart d'heure plus tard, Sam lui rapportait l'assurance que M. Charles Fitz-Marshall avait retenu, jusqu'à nouvel ordre, sa chambre particulière ; il était allé passer la soirée dans une maison du voisinage, avait ordonné au garçon de l'attendre et avait emmené son domestique avec lui. « Maintenant, monsieur, continua Sam, après avoir fait son rapport, si je puis causer un brin avec ce domestique ici, il me contera toutes les affaires de son maître. - Comment savez-vous cela ? demanda M. Pickwick. - Que vous êtes donc jeune monsieur ! Tous les domestiques en font autant. - Oh ! oh ! fit le philosophe, j'avais oublié cela : c'est bon. - Alors, vous verrez ce qu'il y a de mieux à faire, monsieur, nous agirons en conséquence. » Comme cet arrangement paraissait le meilleur possible, il fut finalement adopté. Sam se retira, avec la permission de son maître, pour passer la soirée comme il l'entendrait. Il dirigea ses pas vers la buvette de la maison, et peu de temps après, fut élevé au fauteuil par la voix unanime de l'assemblée. Une fois parvenu à ce poste honorable, il fit éclater tant de mérite, que les éclats de rire des gentlemen habitués, et les marques bruyantes de leur satisfaction, parvinrent jusqu'à la chambre à coucher de M. Pickwick, et raccourcirent, de plus de trois heures, la durée naturelle de son sommeil. Le lendemain, dès le matin, Sam Weller s'occupa de calmer l'agitation fiévreuse qui lui restait de la veille, par l'application d'une douche d'un penny ; c'est-à-dire que, moyennant cette pièce de monnaie, il engagea un jeune gentleman du département de l'écurie à faire jouer la pompe sur sa tête et sur sa face, jusqu'à l'entière restauration de ses facultés intellectuelles. Tandis qu'il subissait ce traitement médical, son attention fut attirée par un jeune homme, assis sur un banc, dans la cour. Il était vêtu d'une livrée violette, et lisait dans un livre d'hymnes, avec un air d'abstraction profonde, qui ne l'empêchait cependant pas de jeter de temps en temps un coup d'oeil vers Sam, comme s'il avait pris grand intérêt à l'opération qu'il se faisait faire. « Voilà un drôle de corps, pensa celui-ci, la première fois que ses yeux rencontrèrent ceux de l'étranger en livrée violette. Et, en effet, avec son pâle visage, large et plat, avec ses yeux enfoncés et sa tête énorme, d'où pendaient plusieurs mèches de cheveux noirs et lisses, l'étranger pouvait passer pour un drôle de corps. « Voilà un drôle de corps, » pensa donc Sam Weller, et après avoir pensé cela, il continua de se laver, et n'y pensa pas davantage. Cependant l'homme en livrée violette continuait à regarder Sam et son livre d'hymnes, son livre d'hymnes et Sam, comme s'il avait eu envie d'entamer la conversation. À la fin, pour lui en fournir l'occasion, Sam lui dit, avec un signe de tête familier : « Comment ça va-t-il, mon bonhomme ? - Je suis heureux de pouvoir dire que je vais assez bien, monsieur, répondit l'homme violet d'une voix mesurée et en fermant son livre avec précaution. J'espère que vous allez de même, monsieur ? - Eh ! eh ! je serais plus solide sur mes jambes si je ne me sentais pas comme une bouteille d'eau-de-vie ambulante ; mais vous, mon vieux, restez-vous dans cette maison ici ? » L'homme violet répondit affirmativement. « Comment se fait-il donc que vous n'étiez pas avec nous hier soir ? demanda Sam, en se frottant la face avec un essuie-mains. Vous me faites l'effet d'un bon vivant, l'air aussi gaillard qu'une truite dans un panier plein de chaux, ajouta-t-il d'un ton un peu plus bas. - J'étais sorti avec mon maître, répondit l'étranger. - Comment s'appelle-t-il ? demanda vivement Sam Weller, dont le visage devint tout rouge par l'effet combiné de la surprise et du frottement de son essuie-mains. - Fitz-Marshall, répliqua l'homme violet. - Donnez-moi la patte, dit Sam en s'avançant vers lui. J'ai envie de vous connaître, votre philosomie me va, mon fiston. - Eh bien ! voilà qui est très-extraordinaire, rétorqua l'homme violet, avec une grande simplicité de manières. La vôtre m'a plus si fort, que j'ai eu envie de vous parler, dès le premier moment où je vous ai vu sous la pompe. - C'est-il vrai. - Sur mon honneur ! Cela n'est-il pas curieux, hein ? - Très-curieux, répondu Sam, en se congratulant intérieurement sur la bonhomie de l'étranger. Comment nous appelons-nous, mon patriarche ? - Job. - Et c'est un fameux nom. Le seul nom, à ma connaissance, qui n'a pas reçu une abréviation. Et l'autre nom ? - Trotter, dit l'étranger. Et le vôtre ? » Sam se rappela les ordres de son maître et répondit : « Mon nom est Walker, le nom de mon maître est Wilkins. Voulez-vous prendre une goutte de quelque chose ce matin, M. Trotter ? » M. Trotter donna son complet assentiment à cette agréable proposition, et ayant déposé son livre dans la poche de son habit, il accompagna M. Walker à la buvette. Là, ils s'occupèrent à discuter le mérite d'un agréable mélange, contenu dans un vase d'étain et composé de l'essence parfumée du clou de girofle et d'une certaine quantité de genièvre de Hollande, fabriqué en Angleterre. « Et c'est-il une bonne place que vous avez ? demanda Sam, en remplissant pour la seconde fois le verre de son compagnon. - Mauvaise, répondit Job, en se léchant les lèvres, très-mauvaise. - Vrai ? - Oui, sûr ; et pire que cela ; mon maître va se marier. - Pas possible ! - Si, et pire que cela. Il va enlever une grosse héritière dans une pension. - Quel dragon ! dit Sam, en remplissant encore le verre de son camarade. C'est quelque pension de cette ville, je suppose ? » Cette question fut faite du ton le plus indifférent qu'on puisse imaginer. Cependant M. Job Trotter montra clairement, par ses manières, qu'il remarquait avec quelle anxiété son nouvel ami attendait sa réponse. Il vida son verre, regarda mystérieusement Sam Weller, cligna l'un après l'autre chacun de ses petits yeux, et finalement fit avec sa main le geste de manier une pompe imaginaire, donnant à entendre par là qu'il considérait son compagnon comme trop désireux de pomper ses secrets. « Non, non, observa-t-il, en conclusion. Cela ne se dit pas à tout le monde. C'est un secret ; un grand secret, M. Walker. » En prononçant ces paroles, l'homme violet retourna son verre sens dessus dessous, afin de faire remarquer ingénieusement à son compagnon qu'il n'y restait plus rien pour assouvir sa soif. Sam comprit l'apologue ; il en apprécia la délicatesse, et ordonna de remplir, sur nouveaux frais, le vase d'étain. Cet ordre fit briller de plaisir les petits yeux de l'homme violet.

« L’homme violetrépondit affirmativement. « Comment sefait-il doncquevous n’étiez pasavec nous hiersoir ? demanda Sam,ense frottant laface avec unessuie-mains.

Vousmefaites l’effet d’unbonvivant, l’airaussi gaillard qu’une truitedansunpanier pleindechaux, ajouta-t-il d’untonunpeu plus bas. – J’étais sortiavec mon maître, répondit l’étranger. – Comment s’appelle-t-il ? demandavivementSamWeller, dontlevisage devint toutrouge par l’effet combiné delasurprise etdu frottement deson essuie-mains. – Fitz-Marshall, répliqual’homme violet. – Donnez-moi lapatte, ditSam ens’avançant verslui.J’ai envie devous connaître, votre philosomie meva,mon fiston. – Eh bien ! voilàquiesttrès-extraordinaire, rétorqual’homme violet,avecunegrande simplicité demanières.

Lavôtre m’aplus sifort, quej’aieuenvie devous parler, dèslepremier moment oùjevous aivu sous lapompe. – C’est-il vrai. – Sur mon honneur ! Celan’est-il pascurieux, hein ? – Très-curieux, réponduSam,ensecongratulant intérieurement surlabonhomie del’étranger. Comment nousappelons-nous, monpatriarche ? – Job. – Et c’est unfameux nom.Leseul nom, àma connaissance, quin’apas reçu uneabréviation.

Et l’autre nom ? – Trotter, ditl’étranger.

Etlevôtre ? » Sam serappela lesordres deson maître etrépondit : « MonnomestWalker, lenom demon maître estWilkins.

Voulez-vous prendreunegoutte dequelque chosecematin, M. Trotter ? » M. Trotter donnasoncomplet assentiment àcette agréable proposition, etayant déposé son livre dans lapoche deson habit, ilaccompagna M. Walkeràla buvette.

Là,ilss’occupèrent à discuter lemérite d’unagréable mélange, contenudansunvase d’étain etcomposé de l’essence parfumée duclou degirofle etd’une certaine quantité degenièvre deHollande, fabriqué enAngleterre. « Et c’est-il unebonne placequevous avez ? demanda Sam,enremplissant pourlaseconde fois le verre deson compagnon. – Mauvaise, réponditJob,enseléchant leslèvres, très-mauvaise. – Vrai ? – Oui, sûr ; etpire quecela ; monmaître vasemarier. – Pas possible ! – Si, etpire quecela.

Ilva enlever unegrosse héritière dansunepension. – Quel dragon ! ditSam, enremplissant encoreleverre deson camarade.

C’estquelque pension decette ville,jesuppose ? » Cette question futfaite duton leplus indifférent qu’onpuisse imaginer.

Cependant M. Job Trotter montra clairement, parsesmanières, qu’ilremarquait avecquelle anxiété sonnouvel ami attendait saréponse.

Ilvida sonverre, regarda mystérieusement SamWeller, clignal’un après l’autre chacun deses petits yeux,etfinalement fitavec samain legeste demanier une pompe imaginaire, donnantàentendre parlàqu’il considérait soncompagnon commetrop désireux depomper sessecrets. « Non, non,observa-t-il, enconclusion.

Celanesedit pas àtout lemonde.

C’estunsecret ; un grand secret, M. Walker. » En prononçant cesparoles, l’homme violetretourna sonverre sensdessus dessous, afinde faire remarquer ingénieusement àson compagnon qu’iln’yrestait plusrienpour assouvir sa soif.

Sam comprit l’apologue ; ilen apprécia ladélicatesse, etordonna deremplir, surnouveaux frais, levase d’étain.

Cetordre fitbriller deplaisir lespetits yeuxdel’homme violet.. »

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