- Ah !
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
«
ses
gentilshommes.
– Vous voyez bien,deMouy, répétaHenri, qu’onsaittout.
– C’est vrai,ditdeMouy.
– J’en étais sûr,ditHenri, queM. d’Alençon s’étaitemparé devous.
– C’est votre faute, Sire.Pourquoi avez-vous refusésiobstinément ceque jevenais vousoffrir ?
– Vous avezrefusé ! s’écriaMarguerite.
Cerefus quejepressentais étaitdonc réel ?
– Madame, ditHenri secouant latête, ettoi, mon brave deMouy, envérité vousmefaites rireavec vos
exclamations.
Quoi !unhomme entrechezmoi, meparle detrône, derévolte, debouleversement, àmoi, àmoi
Henri, princetolérépourvu quejeporte lefront humble, huguenot épargnéàla condition quejejouerai le
catholique, etj’irais accepter quandcespropositions mesont faites dansunechambre nonmatelassée etsans
double lambris ! Ventre-saint-gris ! vousêtesdesenfants oudes fous !
– Mais, Sire,Votre Majesté nepouvait-elle melaisser quelque espérance, sinonparsesparoles, dumoins par
un geste, parunsigne ?
– Que vous adit mon beau-frère, deMouy ? demanda Henri.
– Oh ! Sire, cecin’est point monsecret.
– Eh ! mon Dieu, reprit Henri avecunecertaine impatience d’avoiraffaireàun homme quicomprenait simal
ses paroles, jene vous demande pasquelles sontlespropositions qu’ilvous afaites, jevous demande seulement
s’il écoutait, s’ilaentendu.
– Il écoutait, Sire,etilaentendu.
– Il écoutait, etilaentendu ! Vousledites vous-même, deMouy.
Pauvre conspirateur quevous êtes ! si
j’avais ditunmot, vous étiez perdu.
Carjene savais point,jeme doutais, dumoins, qu’ilétait là,et, sinon lui,
quelque autre,leduc d’Anjou, CharlesIX,lareine mère ; vousneconnaissez paslesmurs duLouvre, deMouy ;
c’est pour euxqu’a étéfait leproverbe quelesmurs ontdes oreilles ; etconnaissant cesmurs-là j’eusseparlé !
Allons, allons,deMouy, vousfaites peud’honneur aubon sens duroi deNavarre, etjem’étonne que,nele
mettant pasplus haut dans votre esprit, voussoyez venuluioffrir unecouronne.
– Mais, Sire,reprit encore deMouy, nepouviez-vous, toutenrefusant cettecouronne, mefaire unsigne ? Je
n’aurais pascrutout désespéré, toutperdu.
– Eh ventre-saint-gris ! s’écriaHenri, s’ilécoutait, nepouvait-il pasaussi bienvoir, etn’est-on pasperdu par
un signe comme parune parole ? Tenez,deMouy, continua leroi enregardant autourdelui, àcette heure, si
près devous quemes paroles nefranchissent paslecercle denos trois chaises, jecrains encore d’êtreentendu
quand jedis : deMouy, répète-moi tespropositions.
– Mais, Sire,s’écria deMouy audésespoir, maintenant jesuis engagé avecM. d’Alençon.
Marguerite frappal’unecontre l’autre etavec dépit sesdeux belles mains.
– Alors, ilest donc troptard ? dit-elle.
– Au contraire, murmuraHenri,comprenez doncqu’en celamême laprotection deDieu estvisible.
Reste
engagé, deMouy, carceduc François c’estnotre salutàtous.
Crois-tu doncqueleroi deNavarre garantirait vos
têtes ? Aucontraire, malheureux ! Jevous faistuer tous jusqu’au dernier,etcela surlemoindre soupçon.
Mais
un fils deFrance, c’estautre chose ; aiedes preuves, deMouy, demande desgaranties ; mais,niaisquetues, tu
te seras engagé decœur, etune parole t’aurasuffi.
– Oh ! Sire ! c’estledésespoir devotre abandon, croyez-lebien,quim’a jetédans lesbras duduc ; c’estaussi
la crainte d’êtretrahi,cariltenait notresecret.
– Tiens donclesien àton tour, deMouy, celadépend detoi.
Que désire-t-il ? ÊtreroideNavarre ? promets-
lui lacouronne.
Queveut-il ? Quitterlacour ? fournis-lui lesmoyens defuir, travaille pourlui,deMouy, comme
si tu travaillais pourmoi,dirige lebouclier pourqu’ilpare touslescoups qu’onnousportera.
Quandilfaudra
fuir, nous fuirons àdeux ; quand ilfaudra combattre etrégner, jerégnerai seul.
– Défiez-vous duduc, ditMarguerite, c’estunesprit sombre etpénétrant, sanshaine comme sansamitié,
toujours prêtàtraiter sesamis enennemis etses ennemis enamis.
– Et, ditHenri, ilvous attend, deMouy ?
– Oui, Sire.
– Où cela ?
– Dans lachambre deses deux gentilshommes.
– À quelle heure ?
– Jusqu’à minuit.
– Pas encore onzeheures, ditHenri ; iln’y apoint detemps perdu, allez,deMouy.
– Nous avons votreparole, monsieur ? ditMarguerite.
– Allons donc !madame, ditHenri aveccette confiance qu’ilsavait sibien montrer aveccertaines personnes
et dans certaines occasions, avecM. de Mouy ceschoses-là nesedemandent mêmepoint.
– Vous avezraison, Sire,répondit lejeune homme ; maismoij’aibesoin delavôtre, carilfaut quejedise aux
chefs quejel’ai reçue.
Vousn’êtes pointcatholique, n’est-cepas ?
Henri haussa lesépaules.
– Vous nerenoncez pasàla royauté deNavarre ?.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓