Abelard, Tome I substance.
Publié le 11/04/2014
Extrait du document
«
eidos; to ti aen einai].
(Met., VII, 4.) On pourrait multiplier les citations.]
Nous comprenons tous ces mots.
Mais à mesure que nous descendons les degrés métaphysiques, nous voyons
l'être se transformer par l'addition de nouveaux modes.
A chaque degré supérieur est une essence plus ou
moins commune qui se particularise au degré inférieur.
Au premier degré est quelque chose d'universel qu'une
addition divise et rend différent de soi-même.
Aussi cette essence susceptible d'être ainsi différenciée,
est-elle dite quelquefois non différente, indifférente.
Ce qui vient la modifier, ce qui, par exemple, vient, dans
un genre en général introduire un genre plus particulier, différent du premier et qu'on appelle espèce, se
nomme la différence spécifique (qui engendre l'espèce), ou simplement la différence.
La différence est une propriété qui engendre l'espèce; elle n'est pas la simple propriété, qui n'est que l'accident
particulier à une espèce.
Ainsi la raison et le rire sont particuliers à l'espèce humaine.
Mais la raison est la
différence de l'homme à l'animal: elle constitue et définit l'espèce.
L'homme est un animal qui rit ne serait que
l'énonciation d'un attribut propre à l'espèce humaine et qui ne la constitue pas.
Un attribut de cette nature est
un propre ou une propriété.
Pour ce que rire est le propre de l'homme,
dit Rabelais, qui savait la logique.
Enfin, les simples modes qui n'ont rien de caractéristique, rien d'essentiel, qui peuvent être ou ne pas être, sans
que l'essence à laquelle ils appartiennent ou manquent, change de substance, d'espèce ou de degré sont les
accidents.
Socrate est camus, Achille est blond; voilà l'accident.
Ainsi, dans ce que le langage commun appellerait assez indifféremment modes, accidents, qualités, attributs,
la scolastique introduit des distinctions fondamentales, et attache un sens technique à cinq mots, le genre,
l'espèce, la différence, le propre et l'accident.
On ne peut, sans les prononcer à chaque instant, traiter des
catégories ni de la logique, et cependant Aristote avait écrit la sienne sans les définir préalablement[420].
C'est pour y suppléer que Porphyre a composé son Introduction aux Catégories ou le Traité des cinq
voix[421], et cet ouvrage a joué un rôle capital dans la scolastique.
Ceci nous amène enfin à la grande
difficulté ontologique tant annoncée.
[Note 420: Car il les définit selon l'occasion, et notamment au chapitre V du livre des Topiques on trouve
presque le fond de l'ouvrage de Porphyre.]
[Note 421: «Porphyrii Isagoga ([Grec: Eisagogae]) seu de quinque vocibus.
Tractatus II.» Les cinq voix sont
en grec genos, diaphora, eidos, idiov, sumbibaechos.
(In Arist.
Op., édit, de Duval, 1654, t.
I, p.
1.)]
Nous avons vu comment les degrés métaphysiques étaient placés au-dessous des catégories.
L'existence,
Aristote aidant, a été distribuée et mesurée à celles-ci d'une manière que nous voudrions avoir rendue
suffisamment claire.
Cependant on aura remarqué deux points:la substance est le nom de l'être premier; les
neuf autres prédicaments sont de l'être en second.Les dix pris ensemble sont, à des titres inégaux, des
choses, et en un sens, des universaux.
Maintenant nous avons vu que la substance est éminemment l'être en soi et qu'elle communique l'être aux
catégories collatérales.
Si vous descendez de ce premier degré au dernier, de ces maxima de généralité aux
minima, ou de la substance en général à l'individu en particulier, vous trouvez apparemment que l'individu
existe et qu'il est être, essence, substance.
L'être n'a donc pas dépéri en descendant du sommet au bas de
l'échelle, il a persisté en passant par tous les degrés.
Ainsi, existence à tous les degrés; essence, corps, animal,
homme, Socrate, tout cela existe.
Mais quoi! à chaque degré une forme nouvelle est venue constituer une
nouvelle essence; ainsi donc autant d'essences que de degrés, sans compter qu'au-dessous de chaque genre il Abelard, Tome I
CHAPITRE II.
DE LA SCOLASTIQUE AU XIIe SIÈCLE ET DE LA QUESTION DES UNIVERSAUX.
146.
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