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3 La grande salle d'audience de Pi-Ramsès était l'une des merveilles de l'Egypte.

Publié le 30/10/2013

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egypte
3 La grande salle d'audience de Pi-Ramsès était l'une des merveilles de l'Egypte. On y accédait par un escalier monumental, orné de figures d'ennemis terrassés. Ils incarnaient les forces du mal, sans cesse renaissantes, que seul Pharaon pouvait soumettre à Maât, la loi d'harmonie, dont la reine était le visage vivant. Autour de la porte d'accès, les noms de couronnement du monarque, peints en bleu sur fond blanc, et placés dans des cartouches, formes ovales évoquant le cosmos, le royaume de Pharaon, fils du créateur et son représentant sur terre. Quiconque franchissait le seuil du domaine de Ramsès en découvrait, émerveillé, la sereine beauté. Le sol se composait de tuiles de terre cuite vernissées et colorées, sur lesquelles se déployaient des figurations de bassins et de jardins fleuris. On y voyait un canard posé sur un étang vert-bleu et un poisson boulti se faufilant entre des lotus blancs. Sur les murs, la féerie de vert pâle, de rouge profond, de bleu clair, de jaune or et de blanc cassé animait des oiseaux s'ébattant dans les marais. Et le regard se laissait captiver par les rises florales représentant des lotus, des pavots, des coquelicots, des marguerites et des bleuets. Pour beaucoup, le chef-d'oeuvre de cette salle, qui chantait la perfection d'une nature maîtrisée, était le isage d'une jeune femme en méditation devant un massif de roses trémières. La ressemblance avec Néfertari tait si frappante que nul ne doutait de l'hommage ainsi rendu par le souverain à son épouse. Quand il grimpa l'escalier menant à son trône d'or, dont la dernière marche était décorée d'un lion efermant sa gueule sur l'ennemi venu des ténèbres, Ramsès accorda un bref regard à ces roses, importées de yrie du Sud, le protectorat égyptien dont les épines lui perçaient le coeur. La cour, au grand complet, fit silence. Étaient présents les ministres et leurs adjoints, les ritualistes, les scribes royaux, les magiciens et leurs xperts en sciences sacrées, les responsables des offrandes quotidiennes, les gardiens des secrets, les grandes ames occupant des fonctions officielles, et ceux et celles qu'avait laissés entrer Romé, l'intendant du palais, jovial mais scrupuleux. Il était rare que Ramsès convoquât une assistance aussi nombreuse qui se ferait aussitôt l'écho de son discours, dont la teneur serait vite connue dans le pays entier. Chacun retint son souffle, redoutant l'annonce 'un désastre. Le roi portait la double couronne, union du rouge et du blanc, de la Basse et de la Haute-Égypte, et ymbole de l'indispensable unité du pays. Sur sa poitrine, le sceptre-puissance, le sekhem, qui manifestait la maîtrise de Pharaon sur les éléments et les forces vitales. -- Un commando hittite a détruit la Demeure du Lion, un village créé par mon père. Les barbares ont massacré tous les habitants, y compris les femmes, les enfants et les nourrissons. Un murmure d'indignation s'éleva. Aucun soldat d'aucune armée n'avait le droit d'agir ainsi. -- C'est un facteur qui a découvert cette ignominie, poursuivit le roi. Devenu fou de terreur, il a été ramené ar l'une de nos patrouilles qui m'a communiqué l'information. A cette tuerie les Hittites ont ajouté la estruction du sanctuaire de la bourgade et la profanation de la stèle de Séthi. Bouleversé, un beau vieillard, chargé de veiller sur les archives du palais et portant le titre de « chef des ecrets «, sortit de la masse des courtisans et s'inclina devant Pharaon. -- Majesté, possède-t-on la preuve que les Hittites sont bien les auteurs du crime ? -- Voici leur signature : « Victoire de l'armée du puissant souverain du Hatti, Mouwattali. Ainsi périront ous ses ennemis. « Je vous informe également que les princes d'Amourrou et de Palestine viennent de faire llégeance aux Hittites. Des résidents égyptiens ont été abattus, les survivants se sont réfugiés dans nos orteresses. -- Mais alors, Majesté, c'est... -- La guerre.   Le bureau de Ramsès était vaste et lumineux. Des fenêtres, dont l'encadrement était recouvert de carreaux ernissés bleu et blanc, permettaient au roi de goûter la perfection de chaque saison et de s'enivrer du parfum de ille et une fleurs. Sur des guéridons dorés, des bouquets de lys. Une longue table en acacia servait de support aux papyrus déroulés. Dans un angle de la pièce, une statue en diorite représentait Séthi, assis sur son trône, les eux levés vers l'au-delà. Ramsès avait réuni un conseil restreint, qui se limitait à Améni, son ami et fidèle secrétaire particulier, à on frère aîné Chénar et à Acha. Le teint pâle, les mains longues et fines, petit, fluet, maigre et presque chauve à vingt-quatre ans, Améni vait voué son existence à servir Ramsès. Inapte à toute pratique sportive, le dos fragile, Améni était un ravailleur infatigable. Jour et nuit à son bureau, il dormait peu et assimilait davantage de dossiers en une heure ue son équipe de scribes, pourtant qualifiée, en une semaine. Porte-sandales de Ramsès, Améni aurait pu prétendre à n'importe quel poste ministériel, mais il préférait rester dans l'ombre de Pharaon. -- Les magiciens ont fait le nécessaire, indiqua-t-il. Ils ont fabriqué des statuettes de cire, à l'image des Asiatiques et des Hittites, et les ont jetées dans le feu. De plus, ils ont inscrit leurs noms sur des vases et des coupes en terre cuite, et les ont brisées. J'ai recommandé de pratiquer chaque jour le même rite jusqu'au départ de notre armée. Chénar haussa les épaules. Le frère aîné de Ramsès, trapu et enveloppé, avait un visage rond, lunaire, et des joues rebondies. Les lèvres épaisses et gourmandes, de petits yeux marron, la voix onctueuse et flottante, il avait rasé un collier de barbe qu'il avait laissé pousser pour porter le deuil de son père Séthi. -- Ne comptons pas sur la magie, recommanda-t-il. Moi, ministre des Affaires étrangères, je propose de révoquer nos ambassadeurs en Syrie, en Amourrou et en Palestine. Ce sont des cloportes qui ont été incapables de voir la toile d'araignée que les Hittites ont tissée dans nos protectorats. -- C'est déjà fait, révéla Améni. -- On aurait pu m'en parler, rétorqua Chénar, vexé. -- C'est fait, voilà l'essentiel. Indifférent à cette joute oratoire, Ramsès posa l'index sur un point précis de la grande carte déroulée sur la table en acacia. -- Les garnisons de la frontière du Nord-Ouest sont-elles en état d'alerte ? -- Oui, Majesté, répondit Acha. Nul Libyen ne la traversera. Fils unique d'une famille noble et riche, Acha était l'aristocrate par excellence. Élégant, raffiné, arbitre des modes, le visage allongé et fin, les yeux pétillants, le regard quelque peu dédaigneux, il parlait plusieurs langues étrangères et se passionnait pour les relations internationales. -- Nos patrouilles contrôlent la bande côtière libyenne et la zone désertique à l'ouest du Delta. Nos forteresses sont en état d'alerte et contiendraient sans peine une attaque qui semble improbable. Aucun guerrier n'est capable, à l'heure actuelle, de fédérer les tribus libyennes. -- Hypothèse ou certitude ? -- Certitude. -- Enfin une information rassurante ! -- C'est la seule, Majesté. Mes agents viennent de me faire parvenir les appels au secours des maires de Megiddo, point d'arrivée des caravanes, de Damas et des ports phéniciens, destination de nombreux navires marchands. Les raids hittites et la déstabilisation de la région perturbent déjà les transactions commerciales. Si nous n'intervenons pas très vite, les Hittites nous isoleront de nos partenaires avant de les anéantir. Le monde que Séthi et ses ancêtres avaient édifié sera détruit. -- Penses-tu, Acha, que je n'en sois pas conscient ? -- Prend-on jamais assez conscience d'un danger de mort, Majesté ? -- A-t-on vraiment utilisé toutes les ressources de la diplomatie ? demanda Améni. -- La population d'une bourgade a été massacrée, rappela Ramsès ; après une telle horreur, de quelle diplomatie pourrait-on user ? -- La guerre fera des milliers de morts. -- Améni proposerait-il une capitulation ? interrogea Chénar, l'air narquois. Le secrétaire particulier du roi serra les poings. -- Retirez votre question, Chénar. -- Seriez-vous enfin prêt à vous battre, Améni ? -- Cela suffit, trancha Ramsès. Gardez votre énergie pour défendre l'Egypte. Chénar, es-tu partisan d'une intervention militaire immédiate et directe ? -- J'hésite... Ne vaudrait-il pas mieux attendre et renforcer nos défenses ? -- L'intendance n'est pas prête, précisa Améni. Partir en campagne de manière improvisée nous conduirait à la catastrophe. -- Plus nous temporisons, estima Acha, plus la révolte s'étendra en Canaan. Il faut la mater très vite afin de rétablir une zone tampon entre nous et les Hittites. Sinon, ils disposeront d'une base avancée pour préparer une invasion. -- Pharaon ne doit pas risquer sa vie de manière inconsidérée, affirma Améni, irrité. -- M'accuserais-tu de légèreté ? demanda Acha, glacial. -- Tu ne connais pas l'état réel de nos troupes ! Leur équipement est encore insuffisant, même si la anufacture d'armes fonctionne à plein régime. -- Quelles que soient nos difficultés, il faut, sans délai, rétablir l'ordre dans nos protectorats. Il y va de la urvie de l'Égypte. Chénar se garda d'intervenir dans le débat entre les deux amis. Ramsès, qui accordait une égale confiance à méni et à Acha, les avait écoutés avec grande attention. -- Sortez, ordonna-t-il. Seul, le roi regarda le soleil, ce créateur de lumière dont il était issu. Fils de la lumière, il avait la capacité de contempler l'astre du jour en face, sans se brûler les yeux. « Privilégie en tout être son rayonnement et son génie, avait recommandé Séthi, cherche en chacun ce qui st irremplaçable. Mais tu seras seul pour décider. Aime l'Égypte plus que toi-même, et le chemin se dévoilera. « Ramsès songea à l'intervention des trois hommes. Chénar, indécis, ne voulait surtout pas déplaire ; Améni désirait préserver le pays comme un sanctuaire et refusait la réalité extérieure ; Âcha avait une vue globale de la situation et ne cherchait pas à en masquer la gravité. D'autres soucis troublèrent le roi : Moïse avait-il été pris dans la tourmente ? Chargé de le retrouver, Acha n'avait découvert aucune piste. Ses informateurs demeuraient muets. Si l'Hébreu était parvenu à sortir d'Égypte, il s'était dirigé soit vers la Libye, soit vers les principautés d'Édom et de Moab, soit vers Canaan ou la Syrie. Dans ne période calme, un indicateur aurait fini par le repérer. A présent, si Moïse était encore vivant, il ne fallait lus compter que sur la chance pour savoir où il se cachait. Ramsès quitta le palais et se rendit à la résidence de ses généraux. Son unique souci devait être d'accélérer a préparation de son armée.
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« aux papyrus déroulés.

Dansunangle delapièce, unestatue endiorite représentait Séthi,assissurson trône, les yeux levés versl’au-delà. Ramsès avaitréuni unconseil restreint, quiselimitait àAméni, sonami etfidèle secrétaire particulier, à son frère aînéChénar etàAcha. Le teint pâle, lesmains longues etfines, petit,fluet,maigre etpresque chauveàvingt-quatre ans,Améni avait vouésonexistence àservir Ramsès.

Inapteàtoute pratique sportive, ledos fragile, Améniétaitun travailleur infatigable.

Jouretnuit àson bureau, ildormait peuetassimilait davantage dedossiers enune heure que sonéquipe describes, pourtant qualifiée, enune semaine.

Porte-sandales deRamsès, Améniauraitpu prétendre àn’importe quelposte ministériel, maisilpréférait resterdansl’ombre dePharaon. — Les magiciens ontfaitlenécessaire, indiqua-t-il.

Ilsont fabriqué desstatuettes decire, àl’image des Asiatiques etdes Hittites, etles ont jetées danslefeu.

Deplus, ilsont inscrit leursnoms surdes vases etdes coupes enterre cuite, etles ont brisées.

J’airecommandé depratiquer chaquejourlemême ritejusqu’au départ de notre armée. Chénar haussalesépaules.

Lefrère aînédeRamsès, trapuetenveloppé, avaitunvisage rond,lunaire, et des joues rebondies.

Leslèvres épaisses etgourmandes, depetits yeuxmarron, lavoix onctueuse etflottante, il avait raséuncollier debarbe qu’ilavait laissé pousser pourporter ledeuil deson père Séthi. — Ne comptons passurlamagie, recommanda-t-il.

Moi,ministre desAffaires étrangères, jepropose de révoquer nosambassadeurs enSyrie, enAmourrou eten Palestine.

Cesont descloportes quiont étéincapables de voir latoile d’araignée quelesHittites onttissée dansnosprotectorats. — C’est déjàfait,révéla Améni. — On aurait pum’en parler, rétorqua Chénar,vexé. — C’est fait,voilà l’essentiel. Indifférent àcette joute oratoire, Ramsèsposal’index surunpoint précis delagrande cartedéroulée surla table enacacia. — Les garnisons delafrontière duNord-Ouest sont-ellesenétat d’alerte ? — Oui, Majesté, répondit Acha.NulLibyen nelatraversera. Fils unique d’unefamille nobleetriche, Achaétaitl’aristocrate parexcellence.

Élégant,raffiné,arbitredes modes, levisage allongé etfin, lesyeux pétillants, leregard quelque peudédaigneux, ilparlait plusieurs langues étrangères etse passionnait pourlesrelations internationales. — Nos patrouilles contrôlentlabande côtière libyenne etlazone désertique àl’ouest duDelta.

Nos forteresses sontenétat d’alerte etcontiendraient sanspeine uneattaque quisemble improbable.

Aucunguerrier n’est capable, àl’heure actuelle, defédérer lestribus libyennes. — Hypothèse oucertitude ? — Certitude. — Enfin uneinformation rassurante ! — C’est laseule, Majesté.

Mesagents viennent deme faire parvenir lesappels ausecours desmaires de Megiddo, pointd’arrivée descaravanes, deDamas etdes ports phéniciens, destinationdenombreux navires marchands.

Lesraids hittites etladéstabilisation delarégion perturbent déjàlestransactions commerciales.

Si nous n’intervenons pastrès vite, lesHittites nousisoleront denos partenaires avantdeles anéantir.

Lemonde que Séthi etses ancêtres avaientédifiéseradétruit. — Penses-tu, Acha,quejen’en soispasconscient ? — Prend-on jamaisassezconscience d’undanger demort, Majesté ? — A-t-on vraiment utilisétoutes lesressources deladiplomatie ? demandaAméni. — La population d’unebourgade aété massacrée, rappelaRamsès ; aprèsunetelle horreur, dequelle diplomatie pourrait-on user ? — La guerre feradesmilliers demorts. — Améni proposerait-il unecapitulation ? interrogeaChénar,l’airnarquois. Le secrétaire particulier duroi serra lespoings. — Retirez votrequestion, Chénar. — Seriez-vous enfinprêtàvous battre, Améni ?. »

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