20 25 Les p lus rares f leurs Mêlant l eurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches p lafonds, Les miroirs profonds, La s plendeur orientale, Tout y p arlerait A l 'âme en secret Sa d ouce l angue natale.

20 25 Les p lus rares f leurs Mêlant l eurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches p lafonds, Les miroirs profonds, La s plendeur orientale, Tout y p arlerait A l 'âme en secret Sa d ouce l angue natale. Là, t out n'est qu'ordre et beauté, Luxe, c alme et volupté. 30 35 40 Vois sur ces canaux D ormir ces vaisseaux Dont l 'humeur e st v agabonde; C'est pour assouvir Ton m oindre désir Q u'ils v iennent du bout du monde. Les s oleils c ouchants Revêtent l es c hamps, Les canaux, l a ville entière, D'hyacinthe et d 'or; Le m onde s'endort Dans une chaude lumière. Là, t out n'est qu'ordre et beauté, Luxe, c alme e t volupté. C harles B audelaire Les Fleurs du Mal, S ection Spleen e t Idéal, 1857. 1. D es s uggestions Le conseil théorique n° 4 vous invitait à é tablir des rapprochements avec l a m usique, l a p einture, et les autres arts. Voici u n p oème i déal à cet égard. Q uand l'on c onnaît l 'amour de Baudelaire p our l a p einture (cf. « Les Salons » )et son militantisme p our Wagner, il ne f aut p as s 'étonner si le poète a su « assouvir » « le moindre désir » de l'oreille et des yeux d u lecteur. Donc musique et peinture peuvent constituer deux centres d'intérêt. 2 . D e l'aide N ous ne vous proposons p as de p lan détaillé, mais des questions p our vous a ider à o rdonner et commenter vos d eux centres d'intérêt. 1) D e l a m usique a ) Voici le schéma métrique d 'une s trophe : A~5 BJP A __J 5 c c B 5 5 7 D~5 n __J s EJF~~ E 7 Q ue remarquez-vous à p ropos d u r ythme m usical? h ) Q uel effet p roduisent les r efrains? É tudiez le rythme d u r efrain. c) Les sonorités - Cherchez des allitérations e n [l], e n [ v]; quels s ontles effets p roduits ? c herchez également les harmonies e n écho. - Faites une étude serrée des sons en : en/an/eu/a d ans l a seconde strophe. - Ce poème fut-il mis e n m usique ? 2 ) D es c omparaisons p icturales a ) U n poème à trois s trophes; commentez cette forme de triptyque. o S trophe 1. C omparez avec des t ableaux d e Ruysdaël : Coup de soleil, Paysage de dunes, Haarlem v u des dunes, q ui é voquent comme le d it René Huygues d ans Dialogue avec l'invisible, « la f uite d u t emps p ar les n uages q ui s'en vont d ans l'espace, l a l umière q ui glisse, l 'eau q ui c ourt». o S trophe II. Pensez a ux i ntérieurs de Veermer, regardez des t ableaux c omme EAstronaute, Le Géographe, La Peseuse de perles, La Femme au collier ; c omparez mobilier et décoration. Cherchez aussi le l uisant, le poli, le luxe et l a b eauté d ans les cuivres, les étains, les argents des t ableaux d e C hardin. E nfin découvrez « les riches plafonds, les miroirs profonds » d ans le t ableau d e J an Van Eyck, celui des époux A molfini. o S trophe I II. Montrez q ue l a t onalité p icturale a changé. E n q uoi sommes-nous p lus p roches de l a p einture impressionniste ? Regardez des « m arines » d u p eintre h ollandais J ongkind. Intéressezvous a u c ontraste p ictural e ntre l'atmosphère diluée, embuée, brouillée de l a s trophe 1 et l a l umière lourde, totale, éblouissante d u s econd sizain de l a s trophe 3 . Regardez les t ableaux s urchargés d e G ustave M oreau. h) S i ce p oème s'est i nspiré d e p eintres, i l i nspira à s on t our les peintres, p uisque M atisse i ntitula u ne d e ses oe uvres Luxe, c alme et volupté. A ppréciez-en les c ouleurs e t l 'atmosphère. S ommes-nous p roches d e B audelaire? 3 . D es e xercices a) F aites u n p lan d étaillé ( divisions e t s ubdivisions) s ur l a m usique d ans ce poème. b) R édigez e ntièrement l a p artie c oncernant l 'aspect p ictural. c) Trouvez u n t roisième centre d 'intérêt, d étaillez-le sous forme de d ivisions e t d e s ubdivisions. d) C omparez a u p oème e n p rose p ortant le m ême titre, é crit d eux a ns p lus t ard. Texte 6 s La courbe de tes yeux fait le t our de mon coeur, Un rond de danse et de douceur, Auréole du temps, berceau nocturne et sûr, Et si je ne sais p lus t out ce que j'ai vécu C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu. 10 Feuilles de jour et mousse de rosée, Roseaux du vent, sourires parfumés, A iles couvrant le monde de lumière, Bateaux chargés du ciel et de la mer, Chasseurs des bruits et sources des couleurs, Parfums é clos d 'une couvée d'aurores Qui gît toujours sur la paille des astres, Comme le j our dépend de l 'innocence Le monde entier dépend de tes yeux purs 1s Et t out mon sang c oule d ans leurs regards. Paul Éluard, C apitale de la douleur, 1926, Gallimard. 1 . D es s uggestions Le c onseil t héorique n ° 6 , d p récisait q ue l a d écouverte des c aractéristiques d 'un m ouvement l ittéraire p ouvait c onstituer u n c entre d 'intérêt : l e r omantisme, l e symbolisme, le réalisme, le surréalisme. A insi l 'on p ourrait é tudier d ans ce poème l es procédés q ui f ont d e ce texte u ne p age s urréaliste.