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18 Revigoré par un énorme plat de lentilles qui ne le ferait pas grossir d'un gramme, Améni avait passé la nuit à son bureau, afin de gagner quelques heures sur son travail du lendemain et de pouvoir prendre du temps pour 'occuper du dossier Serramanna.

Publié le 30/10/2013

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travail
18 Revigoré par un énorme plat de lentilles qui ne le ferait pas grossir d'un gramme, Améni avait passé la nuit à son bureau, afin de gagner quelques heures sur son travail du lendemain et de pouvoir prendre du temps pour 'occuper du dossier Serramanna. Lorsque son dos le faisait souffrir, il touchait le porte-pinceaux en bois doré, en forme de colonne surmonté d'un lys, que lui avait offert Ramsès en l'engageant comme secrétaire. Aussitôt, son énergie renaissait. Depuis l'adolescence, Améni bénéficiait de liens invisibles avec Ramsès et savait d'instinct si le fils de Séthi était ou non en danger. A plusieurs reprises, il avait senti que la mort effleurait l'épaule du roi et que seule sa agie personnelle lui avait permis de dévier le malheur ; si cette barrière protectrice, édifiée par les divinités utour de Pharaon, se disloquait, l'intrépidité de Ramsès ne le conduirait-elle pas à l'échec ? Et si Serramanna était l'une des pierres de cette muraille magique, Améni avait commis une faute grave en l'empêchant de remplir sa fonction. Mais ce remords était-il justifié ? L'accusation reposait en grande partie sur le témoignage de Nénofar, la maîtresse de Serramanna ; aussi Améni avait-il demandé à la police de la lui amener afin de l'interroger de manière plus approfondie. Si cette fille vait menti, il la contraindrait à dire la vérité. À sept heures, le policier responsable de l'enquête, un quinquagénaire pondéré, se présenta au bureau du secrétaire particulier du roi. -- Nénofar ne viendra pas, déclara-t-il. -- Aurait-elle refusé de vous suivre ? -- Personne chez elle. -- Habitait-elle bien à l'endroit indiqué ? -- D'après le voisinage, oui, mais elle a quitté sa maison depuis plusieurs jours. -- Sans dire où elle allait ? -- Personne ne sait rien. -- Avez-vous fouillé le logement ? -- Aucun résultat. Même les coffres à linge étaient vides, comme si cette femme avait voulu supprimer toute trace de son existence. -- Qu'avez-vous appris sur son compte ? -- Une jeune personne très légère, semble-t-il. Les mauvaises langues prétendent même qu'elle aurait vécu de ses charmes. -- Elle devait donc travailler dans une maison de bière. -- Ce n'est pas le cas. J'ai mené les investigations nécessaires. -- Des hommes lui rendaient-ils visite ? -- Le voisinage prétend que non ; mais elle était souvent absente, surtout la nuit. -- Il faut la retrouver et identifier ses éventuels employeurs. -- Nous y parviendrons. -- Hâtez-vous. Le policier parti, Améni relut les tablettes de bois sur lesquelles Serramanna avait écrit à son complice hittite le texte prouvant sa culpabilité. Dans le calme de son bureau, à cette heure matinale où l'esprit était en alerte, une hypothèse se fit jour. Pour en vérifier le bien-fondé, il devait attendre le retour d'Acha. Dressée sur un éperon rocheux, la forteresse de Megiddo impressionna l'armée égyptienne qui s'était déployée dans la plaine. En raison de la hauteur des tours, il avait fallu fabriquer de grandes échelles qu'il ne serait pas facile de plaquer contre les murailles ; flèches et pierres risquaient de décimer les groupes d'assaut. Acha à ses côtés, Ramsès fit le tour de la place forte en menant son char à grande vitesse, de manière à ne pas offrir une cible facile aux archers. Aucune flèche ne fut tirée contre lui, aucun archer n'apparut aux créneaux. -- Ils se cacheront jusqu'au dernier moment, estima Acha. Ainsi, ils ne gâcheront aucun projectile. La meilleure solution consisterait à les affamer. -- Les réserves de Megiddo leur permettraient de tenir plusieurs mois. Quoi de plus désespérant qu'un siège interminable ? -- Lors des assauts successifs, nous perdrons beaucoup d'hommes. -- Me crois-tu assez sec de coeur pour ne songer qu'à une nouvelle victoire ? -- La gloire de l'Egypte ne passe-t-elle pas avant le sort des hommes ? -- Chaque existence m'est précieuse, Acha. -- Que préconises-tu ? -- Nous disposerons nos chars autour de la forteresse, à distance de tir, et nos archers élimineront les Syriens qui se présenteront aux créneaux. Trois équipes de volontaires dresseront les échelles en se protégeant avec leurs boucliers. -- Et si Megiddo est imprenable ? -- Tentons d'abord de la prendre ; réfléchir avec l'échec en tête, c'est déjà échouer. L'énergie qui émanait de Ramsès donna un nouveau dynamisme aux soldats. Les volontaires se présentèrent en foule, les archers se bousculèrent pour s'installer sur les chars qui encerclèrent la place forte, bête silencieuse et inquiétante. Portant sur l'épaule les longues échelles, des colonnes de fantassins avancèrent d'un pas nerveux en direction des murs. Alors qu'ils les dressaient, des archers syriens apparurent sur la plus haute tour et bandèrent leurs arcs. Aucun n'eut le temps d'ajuster son tir. Ramsès et les archers égyptiens les abattirent. Une seconde vague de défenseurs aux cheveux épais, retenus par un bandeau, et à la barbe en pointe, les remplacèrent ; les Syriens réussirent à décocher quelques flèches, mais ne touchèrent aucun Égyptien. Le roi et ses tireurs d'élite les éliminèrent. -- Médiocre résistance, confia le vieux général à Sétaou. On jurerait que ces gens-là n'ont jamais combattu. -- Tant mieux, j'aurai moins de travail et pourrai peut-être consacrer une nuit à Lotus. Ces batailles m'épuisent. Les fantassins commençaient à grimper lorsque surgirent une cinquantaine de femmes. L'armée égyptienne n'avait pas coutume de massacrer femmes et enfants. Elles seraient emmenées en Égypte, avec leur progéniture, comme prisonnières de guerre, et deviendraient servantes dans de grands domaines agricoles. Après avoir changé de nom, elles s'intégreraient dans la société égyptienne. Le vieux général fut consterné. -- Je croyais avoir tout vu... Ces malheureuses sont folles ! Deux Syriennes, hissant un brasero sur le faîte de la muraille, le renversèrent à l'aplomb des fantassins en train de grimper. Les charbons brûlants frôlèrent les assaillants, plaqués contre les barreaux des échelles. Les flèches des archers se fichèrent dans les yeux des femmes, elles basculèrent dans le vide. Celles qui les relayèrent, avec un nouveau brasero, subirent le même sort. Surexcitée, une jeune fille mit des braises dans sa fronde, la fit tournoyer et les lança au loin. L'un des projectiles toucha le vieux général à la cuisse. Il s'effondra, la main crispée sur sa brûlure. -- N'y touchez pas, recommanda Sétaou ; ne bougez pas et laissez-moi faire. Soulevant son pagne, le charmeur de serpents urina sur la brûlure. Comme lui, le général savait que l'urine, à la différence de l'eau de puits et de rivière, était un milieu stérile et nettoyait une plaie sans risque d'infection. Des brancardiers transportèrent le blessé à la tente-hôpital. Les fantassins atteignirent les remparts, vides de défenseurs. Quelques minutes plus tard, la grande porte de la forteresse de Megiddo fut ouverte. A l'intérieur, il ne restait que quelques femmes et des enfants terrorisés. -- Les Syriens ont tenté de nous repousser en jetant toutes les forces dans une bataille à l'extérieur de la forteresse, constata Acha. -- La manoeuvre pouvait réussir, estima Ramsès. -- Ils ne te connaissaient pas. -- Qui peut se vanter de me connaître, mon ami ? Une dizaine de soldats commençaient à piller le trésor de la forteresse, rempli de pièces de vaisselle en albâtre et de statuettes en argent. Un grognement du lion les dispersa. -- Que ces hommes soient mis aux arrêts, décréta Ramsès. Que les locaux d'habitation soient purifiés et umigés. Le roi nomma un gouverneur, chargé de choisir officiers et hommes de troupe qui résideraient à Megiddo. ans les entrepôts, il restait assez de nourriture pour plusieurs semaines. Déjà, une escouade partait à la echerche de gibier et de troupeaux. Ramsès, Acha et le nouveau gouverneur réorganisèrent l'économie de la région ; les paysans, ne sachant lus qui était leur maître, avaient interrompu les travaux des champs. En moins d'une semaine, la présence gyptienne fut de nouveau ressentie comme un gage de sécurité et de paix. Le roi fit construire de petits fortins, occupés par quatre guetteurs et des chevaux, à quelque distance au nord de Megiddo. En cas d'attaque hittite, la garnison aurait le temps de se mettre à l'abri. Du haut de la tour principale, Ramsès observa un paysage qu'il n'appréciait guère. Vivre loin du Nil, des palmeraies, des campagnes verdoyantes et du désert, était une souffrance. En cette heure apaisée, Néfertari célébrait les rites du soir. Comme elle lui manquait ! Acha interrompit la méditation du roi. -- Comme tu me l'avais demandé, j'ai discuté avec les officiers et les soldats. -- Quels sont leurs sentiments ? -- Ils éprouvent une totale confiance en toi, mais ne songent qu'à rentrer au pays. -- Aimes-tu la Syrie, Acha ? -- C'est un pays dangereux, rempli de pièges. Bien le connaître exige de longs séjours. -- La terre des Hittites lui ressemble-t-elle ? -- Elle est plus sauvage et plus rude. L'hiver, sur les hauts plateaux d'Anatolie, le vent est glacial. -- Crois-tu qu'elle me séduirait ? -- Tu es l'Egypte, Ramsès. Aucune autre terre ne trouvera place en ton coeur. -- La province d'Amourrou est proche. -- L'ennemi aussi. -- Penses-tu que l'armée hittite ait envahi l'Amourrou ? -- Nous ne disposons pas d'informations fiables. -- Ta conviction ? -- C'est sans doute là qu'ils nous attendent.
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« pas offrir unecible facile auxarchers. Aucune flèchenefut tirée contre lui,aucun archer n’apparut auxcréneaux. — Ils secacheront jusqu’auderniermoment, estimaAcha.Ainsi, ilsne gâcheront aucunprojectile.

La meilleure solutionconsisterait àles affamer. — Les réserves deMegiddo leurpermettraient detenir plusieurs mois.Quoideplus désespérant qu’un siège interminable ? — Lors desassauts successifs, nousperdrons beaucoup d’hommes. — Me crois-tu assezsecdecœur pournesonger qu’àunenouvelle victoire ? — La gloire del’Egypte nepasse-t-elle pasavant lesort deshommes ? — Chaque existencem’estprécieuse, Acha. — Que préconises-tu ? — Nous disposerons noschars autour delaforteresse, àdistance detir, etnos archers élimineront les Syriens quiseprésenteront auxcréneaux.

Troiséquipes devolontaires dresserontleséchelles enseprotégeant avec leurs boucliers. — Et siMegiddo estimprenable ? — Tentons d’aborddelaprendre ; réfléchiravecl’échec entête, c’est déjàéchouer. L’énergie quiémanait deRamsès donnaunnouveau dynamisme auxsoldats.

Lesvolontaires se présentèrent enfoule, lesarchers sebousculèrent pours’installer surleschars quiencerclèrent laplace forte, bête silencieuse etinquiétante. Portant surl’épaule leslongues échelles, descolonnes defantassins avancèrent d’unpasnerveux en direction desmurs.

Alorsqu’ils lesdressaient, desarchers syriensapparurent surlaplus haute touretbandèrent leurs arcs.Aucun n’eutletemps d’ajuster sontir.Ramsès etles archers égyptiens lesabattirent.

Uneseconde vague dedéfenseurs auxcheveux épais,retenus parunbandeau, etàla barbe enpointe, lesremplacèrent ; les Syriens réussirent àdécocher quelquesflèches,maisnetouchèrent aucunÉgyptien.

Leroi etses tireurs d’élite les éliminèrent. — Médiocre résistance,confialevieux général àSétaou.

Onjurerait quecesgens-là n’ontjamais combattu. — Tant mieux,j’auraimoinsdetravail etpourrai peut-être consacrer unenuit àLotus.

Cesbatailles m’épuisent. Lesfantassins commençaient àgrimper lorsquesurgirent unecinquantaine defemmes. L’armée égyptienne n’avaitpascoutume demassacrer femmesetenfants.

Ellesseraient emmenées en Égypte, avecleurprogéniture, commeprisonnières deguerre, etdeviendraient servantesdansdegrands domaines agricoles.Aprèsavoirchangé denom, elless’intégreraient danslasociété égyptienne. Le vieux général futconsterné. — Je croyais avoirtoutvu… Cesmalheureuses sontfolles ! Deux Syriennes, hissantunbrasero surlefaîte delamuraille, lerenversèrent àl’aplomb desfantassins en train degrimper.

Lescharbons brûlantsfrôlèrent lesassaillants, plaquéscontrelesbarreaux deséchelles.

Les flèches desarchers sefichèrent danslesyeux desfemmes, ellesbasculèrent danslevide.

Celles quiles relayèrent, avecunnouveau brasero,subirent lemême sort.Surexcitée, unejeune fillemitdesbraises danssa fronde, lafit tournoyer etles lança auloin. L’un desprojectiles touchalevieux général àla cuisse.

Ils’effondra, lamain crispée sursabrûlure. — N’y touchez pas,recommanda Sétaou ;nebougez pasetlaissez-moi faire. Soulevant sonpagne, lecharmeur deserpents urinasurlabrûlure.

Commelui,legénéral savaitquel’urine, à la différence del’eau depuits etde rivière, étaitunmilieu stérileetnettoyait uneplaie sansrisque d’infection. Des brancardiers transportèrent leblessé àla tente-hôpital. Les fantassins atteignirent lesremparts, videsdedéfenseurs. Quelques minutesplustard, lagrande portedelaforteresse deMegiddo futouverte. A l’intérieur, ilne restait quequelques femmesetdes enfants terrorisés. — Les Syriens onttenté denous repousser enjetant toutes lesforces dansunebataille àl’extérieur dela forteresse, constataAcha.. »

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